Sanction des partis traditionnels de gouvernement, forte protestation et réaffirmation du vote d'extrême-droite sur des bases très explicites.
Beaucoup de réflexions ont été faites sur les raisons qui poussent à ces résultats.
Ceci n'est pas nouveau, nous l'entendons depuis des années et cela s'exprimait fortement par la montée très rapide de l'abstention et régulièrement par des sanctions vis à vis de ceux qui tiennent les rènes.
Mais attention, les votes pour l'extrême-droite, pour la grande majorité se font maintenant sur une idéologie précise, celle des exclusions : préférence nationale... et non plus sur ce qu'on appelle le vote protestataire. La Lepénisation des esprits est clairement en marche et il était essentiel que la société dise clairement son opposition à ces idées, et le référendum anti Le Pen a de ce point de vue bien fonctionné.
On peut être quasiment sûr que si c'était Jospin qui était resté seul face à Le Pen, il n'aurait pas atteint le score de Chirac. D'ailleurs Juppé l'a bien admis. L'extrême droite s'alimente maintenant plus par la droite, alors qu'avant 1995 c'était plutôt un basculement de couches populaires qui avait grossi les rangs des électeurs du FN.
Donc faire baisser la droite est un élément pour combattre l'extrême droite.
Depuis des années nous nous interrogeons sur les remèdes à apporter à cette crise politique et les propositions que nous faisons semblent encore plus d'actualité. Il faut les affiner, les améliorer, les compléter.
Face à l'extrême-droite, si Grenoble est moins atteinte c'est grâce à toute une histoire qui est faite de vigilance, ne jamais laisser passer les dérives, ne pas laisser de possibilité d'exploitation, notamment la corruption...
Nos propositions se situent à 3 niveaux :
1) Changer les pratiques politique et les méthodes de décision publique
La politique c'est faire des choix, c'est appliquer un programme et des priorités. Il s'agit de le dire et de le faire clairement, publiquement et contradictoirement. Il ne peut pas y avoir de bonne politique si il n'y a pas de contradictions. La politique molle, la pensée unique est le début de la dépolitisation.
Le débat public contradictoire, la participation des habitants à un processus de décision ouvert, c'est d'abord respecter les citoyens et en appeler à leur intelligence, c'est rapprocher les élus des citoyens... Le débat public c'est le début de la repolitisation.
C'est pourquoi nous en avons fait un point fondamental de notre démarche et que nous l'avons imposé dans notre accord du 2ème des municipales tour et que nous sommes très vigilants sur ce point, et nous nous opposons chaque fois que cette méthode est transgressée.
La durée et le cumul des mandats est une autre maladie qu'il faut traiter d'urgence, mais les réticences des grands élus sont très fortes
2) Clarifier le contenu des décisions politiques et le projet politique
Face aux politiques d'exclusions et au libéralisme : il ne faut pas biaiser et il faut promouvoir une politique clairement contradictoire fondée sur la solidarité, la lutte contre les inégalités et l'insécurité sociale et pour des droits et devoirs identiques pour tous.
Cela passe notamment par le développement des services publics et en priorité les services publics de proximité. C'est devenu la tarte à la crème, mais il faut les faire et cela passe nécessairement par des partenariats avec l'ensemble des collectivités publiques (Maisons des services publics), décentralisation par la territorialisation des services municipaux. A Grenoble nous sommes très en retard. Par exemple, quand on voit la difficulté à faire vivre les centres de santé qui sont pourtant l'avenir, on mesure le chemin à faire.
Développer les services publics passent par des règles qu'il faut défendre tous les jours :
Notre projet de société s'articule autour des trois axes : démocratie, écologie et solidarité.
3) Renforcer les actions collectives
La faiblesse des organisations collectives : partis, syndicats, associations, seuls échappent à cette règle des mouvements type ATTAC qui regroupent sur des thèmes précis et concrets, mais qui ne peuvent couvrir tout le champ du politique.
Il nous faut créer des pratiques de regroupement, conserver autour des élus des mouvements dynamiques, ouverts, en prise avec l'état de l'opinion. C'est l'histoire du mouvement écologiste à Grenoble depuis plus de 20 ans : éviter la dispersion, créer des lieux de travail collectif... l'ADES fait partie de ces moyens.
On nous accuse d'être trop protestataires, mais nous sommes de ce point de vue très représentatifs de nombreux citoyens. Que l'on nous écoute un peu plus ce sera déjà un bon début du changement ?