Janvier 1998, pour mémoire...
Pétition électronique
contre le projet de rocade nord dans l'agglomération grenobloise
Avertissement : L'ADES n'est pas
à l'origine de cette pétition, mais nous nous en faisons le
relai car nous partageons les analyses exprimées par ses auteurs,
citoyens de l'agglomération
Ceci est une pétition s'opposant au projet
de rocade nord (tunnel sous la Bastille) dans l'agglomération grenobloise.
Cette pétition électronique s'adresse
aux élus de la Métro (Communauté de
communes Grenoble-Alpes-Métropole). Elle est à l'initiative
de citoyens habitant l'agglomération. Elle n'émane d'aucun
parti politique ni d'aucune association.
- Lettre adressée aux
élus de la Métro
- Développement des dix
arguments contre la rocade nord
1. Lettre aux élus
de la Métro (Grenoble-Alpes-Métropole)
Monsieur le Président de Grenoble-Alpes-Métropole,
Mesdames et Messieurs les maires des communes de la Métro,
La Métro réalise actuellement auprès
du public une campagne d'information sur le Projet des déplacements
urbains (PDU) de l'agglomération grenobloise. Ce projet peut ou non
déboucher sur la réalisation d'une nouvelle rocade située
en partie sous la Bastille et l'Isère.
Mesdames et Messieurs les élus de la Métro,
afin de vous convaincre de ne pas voter la réalisation de la rocade
nord, je vous demande de bien vouloir prendre connaissance des dix arguments
énumérés ci-dessous. Le développement de ceux-ci
se trouve en troisième partie de ce courrier électronique.
- La rocade nord ne permettra pas de désengorger
durablement les grands axes routiers de l'agglomération grenobloise,
dans la mesure ou toute nouvelle infrastructure routière encourage
une utilisation plus systématique de la voiture.
- La rocade nord provoquera une augmentation rapide
du trafic à caractère national et international dans l'ensemble
de la Région urbaine grenobloise.
- La rocade nord renforcera le phénomène
de peri-urbanisation à l'origine de l'augmentation actuelle de la
circulation automobile dans l'agglomération (plus 30% en deux ans).
- La rocade nord aura des effets néfastes
sur l'économie du centre-ville au profit des zones commerciales
et industrielles de la périphérie.
- La rocade nord coûtera plus cher que les
deux milliards de francs annoncés, en raison des aménagements
annexes non chiffrés et des incertitudes techniques du projet.
- La rocade nord amputera d'autant le budget prévu
pour les transports en commun et affaiblira toute initiative en leur faveur.
- La rocade nord sera entièrement financée
par les contribuables et provoquera une hausse significative des impôts
locaux.
- La rocade nord accentuera les nuisances sonores
et la pollution atmosphérique dans la cuvette grenobloise du fait
du trafic induit.
- La rocade nord n'est pas indispensable à
court terme, puisque des aménagements légers permettraient
d'augmenter la capacité des infrastructures actuelles et qu'il existe
des modes de déplacement plus innovants.
- La rocade nord est en contradiction avec les
objectifs de la loi sur l'air qui vise à stabiliser voire à diminuer
le trafic automobile dans les grandes villes.
Je vous remercie de votre attention et vous prie
d'agréer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les
Maires, l'assurance de ma parfaite considération.
Un-e citoyen-ne de la Métro.
PS : mon identité est déclinée
en fin de document.
2. Développement
des dix arguments contre la rocade nord
- 1 - La rocade nord ne permettra pas de désengorger
durablement les grands axes routiers de l'agglomération grenobloise,
dans la mesure ou toute nouvelle infrastructure routière encourage
une utilisation plus systématique de la voiture.
- La construction de nouvelles voiries agit comme
une incitation supplémentaire à l'usage de la voiture. Ainsi,
l'objectif initial de la rocade nord de désaturation des infrastructures
existantes se trouvera très vite contrecarré par le nouveau
trafic induit. Les embouteillages seront amenés à s'intensifier,
comme chacun à pu le constater quelques temps après la réalisation
de la rocade sud. Avant l'ouverture de celle-ci, 45 000 véhicules
circulaient chaque jour sur les grands boulevards. Ils sont aujourd'hui
65 000 : un flux comparable à celui d'une autoroute. La logique
du tout automobile n'est donc pas une solution d'avenir. Construire de
nouvelles routes indéfiniment n'est pas possible dans l'Y grenoblois,
à l'étroit dans son écrin de montagne.
-
- 2 - La rocade nord provoquera une augmentation
rapide du trafic à caractère national et international dans
l'ensemble de la Région urbaine grenobloise.
- La rocade nord va favoriser le trafic de transit,
c'est-à-dire l'ensemble des déplacements qui n'ont pas un
caractère local. Elle s'inscrit dans la logique du projet d'axe
autoroutier constitue par l'A39, l'A48 et l'A51. Or le trafic de transit
génère bien plus de nuisances qu'il ne dope l'économie
locale. Il contribuera essentiellement à l'accroissement des encombrements
dans toute l'agglomération.
-
- 3 - La rocade nord renforcera le phénomène
de peri-urbanisation à l'origine de l'augmentation actuelle de la
circulation automobile dans l'agglomération (plus 30% en deux ans).
- Ce sont actuellement les axes autoroutiers qui
encouragent et rendent possible l'urbanisation de la périphérie.
Or, ce phénomène s'accompagne d'une hausse sensible du trafic
automobile entre le centre et la périphérie. Fuir les nuisances
du centre-ville pour habiter les marges vertes revient donc à accentuer
et à étendre ces nuisances. Ce renforcement prévisible
de la peri-urbanisation générera rapidement une circulation
supérieure à la capacité prévue. En conclusion,
la rocade nord favorisera l'urbanisation de la périphérie
mais ne permettra pas pour autant aux habitants des communes lointaines
d'éviter les encombrements à long terme.
-
- 4 - La rocade nord aura des effets néfastes
sur l'économie du centre-ville au profit des zones commerciales
et industrielles de la périphérie.
- La desserte attractive des zones d'activités
peri-urbaines favorisera la délocalisation des industries et des
commerces. Elle accélérera alors la poursuite du ralentissement
économique que connaît actuellement la ville de Grenoble.
Ces quinze dernières années, la capitale des Alpes a subi
une baisse de 9% de ses emplois. L'anneau autoroutier complet constituera
le meilleur moyen de rejoindre au plus vite les hypermarchés situés
tout autour de Grenoble, au détriment des commerces de proximité.
-
- 5 - La rocade nord coûtera plus cher que
les deux milliards de francs annoncés, en raison des aménagements
annexes non chiffrés et des incertitudes techniques du projet.
- La rocade nord rendra nécessaire l'aménagement
d'échangeurs supplémentaires ainsi que la traversée
d'une presqu'île en souterrain. En outre, la réalisation du
tunnel sous la Bastille n'a fait l'objet d'aucune étude approfondie.
Les particularités géologiques et hydrologiques demeurent
à ce jour méconnues. Or, les travaux souterrains urbains
réalisés dernièrement en France (TEO à Lyon,
tunnel de Toulon, Meteor et EOLE à Paris, parking de la place de
Verdun à Grenoble) ont tous coûtés plus chers que prévu.
De plus, aucune contre-expertise n'a été menée jusqu'à
maintenant. Les incertitudes technologiques de ce projet sont bien réelles.
-
- 6 - La rocade nord amputera d'autant le budget
prévu pour les transports en commun et affaiblira toute initiative
en leur faveur.
- Deux milliards de francs permettrait de réaliser
15 kilomètres de ligne de tramway supplémentaires. En 1997,
selon la Métro, 88% des grenoblois étaient favorables à
la construction de la ligne C. Si le coût de la rocade nord explose
suite à des imprévus, cela se fera au détriment des
crédits accordés aux modes de déplacement doux (transports
en commun et bicyclette).
-
- 7 - La rocade nord sera entièrement financée
par les contribuables et provoquera une hausse significative des impôts
locaux.
- Aux dernières nouvelles, le financement
de la rocade nord pourrait être équitablement reparti entre
la Métro, le département, la région et l'Etat. Quelle
que soit cette répartition, ce sera donc au contribuable de supporter
le coût de cet ouvrage à hauts risques.
-
- 8 - La rocade nord accentuera les nuisances sonores
et la pollution atmosphérique dans la cuvette grenobloise du fait
du trafic induit.
- L'accroissement de la circulation automobile
aura pour conséquence directe une augmentation inéluctable
du bruit et des émissions de gaz d'échappement. Les avancées
technologiques des véhicules en matière de rejets polluants
n'y feront rien. L'expérience prouve qu'elles demeurent trop limitées
pour être suffisamment efficaces.
-
- 9 - La rocade nord n'est pas indispensable à
court terme, puisque des aménagements légers permettraient
d'augmenter la capacité des infrastructures actuelles et qu'il existe
des modes de déplacement plus innovants.
- A l'aide d'aménagements ponctuels, on
peut accroître de façon significative la capacité des
infrastructures routières et autoroutières existantes. Par
exemple, la capacité de circulation d'une 2x2 voies peut être
augmentée significativement en transformant les feux tricolores
en ronds-points. Enfin et surtout, des solutions innovantes telles que
le
train-tramway permettraient de réduire
efficacement la circulation automobile peri-urbaine. Le concept de train-tramway,
déjà appliqué en Allemagne, consiste en des tramways
qui empruntent à la fois les voies ferrées du réseau
SNCF et de la SEMITAG. L'ensemble du trajet s'effectue sans correspondance.
L'impact environnemental de cette solution reste minime et son coût
demeure bien inférieur à celui d'une autoroute :
- Train-tramway : 14 à 35 millions de francs
le kilomètre.
- Autoroute : 30 à 400 millions de francs
le kilomètre.
-
- 10 - La rocade nord est en contradiction avec
les objectifs de la loi sur
l'air qui vise à stabiliser voire à
diminuer le trafic automobile dans les grandes villes.
- La rocade nord encourage l'usage de la voiture
contrairement aux objectifs de la loi sur l'air. Elle apparaît incompatible
avec une véritable politique de déplacements durables.