logo listeElections municipales 2001

Propositions des Écologistes et de la gauche citoyenne

19 février 2001

Annexe 4 Politique de déplacements

Le développement urbain durable appelle une cohérence plus grande entre le développement économique, le développement social, le cadre de vie et l'environnement pour construire une société plus juste et plus solidaire.

Les déplacements (la mobilité urbaine ) sont à l'interface de l'habitat, du travail (ou de la formation) et des loisirs. La politique des déplacements doit être examinée en relation avec l'ensemble des phénomènes sociaux liés aux modes de vie, de production, d'échanges qui affectent l'occupation et les ségrégations de l'espace. Elle doit accompagner et orienter le développement économique et social et l'inscrire dans le respect des générations futures.

La maîtrise du développement urbain par la collectivité publique est d'autant plus nécessaire que les logiques de marché qui visent le court terme prévalent trop souvent. Ces logiques ont donné lieu à une situation où la "ville" est éclatée autour des voies de communication et où s'est développé un débordement de la ville sur la périphérie de l'agglomération.

1. L'état des lieux

Si le nombre de déplacements diminue depuis 30 ans, en revanche, la distance parcourue augmente et on se déplace de plus en plus loin. La marche à pied recule fortement au profit de l'automobile (déplacement court remplacé par déplacement long).

Depuis 15 ans, les TC et le vélo progressent à nouveau mais plus lentement que l'automobile. La déconnexion des lieux de travail et d'habitation rend la ville moins sûre et moins conviviale. La création d'immenses zones d'activités, le développement des grandes surfaces en périphérie des villes et la crise du commerce de proximité accompagnent la ségrégation sociale.

Les écarts de richesse entre quartiers et entre communes n'ont cessé de s'accentuer.

La pollution atmosphérique s'est accrue sous l'effet conjugué d'un transfert de la marche à pied vers l'automobile et de l'allongement des distances parcourues. Le départ des actifs (et notamment des familles) de la cuvette grenobloise vers des zones périurbaines en est à l'origine.

Cependant des tendances plus positives apparaissent :

La dynamique du développement urbain doit être maîtrisée en privilégiant un urbanisme attentif aux espaces collectifs (parcs, places, lieux publics), en veillant à la mixité, la qualité et l'accessibilité de l'habitat, en étant attentif aux modes transports peu consommateurs d'espaces et d'énergies.

2. Les suites à donner au PDU

Cet état des lieux implique une volonté et une vision à long terme.

Aujourd'hui, il importe d'infléchir les politiques publiques pour leur donner plus de cohérence dans une perspective de plus grande transparence et de plus grande démocratie. En particulier, il faut remettre en chantier la réflexion et les décisions concernant les points en suspens du PDU (Plan de Déplacements Urbains).

Cette transparence est d'autant plus nécessaire que le vote du PDU par les élus du SMTC (Syndicat Mixte des Transports en Communs) s'est effectué sur la base inexacte d'un coût du tunnel à 2 milliards, alors que son coût minimum est de 4 milliards (cf. pré-étude de faisabilité de la Direction Départementale de l'Equipement). Il n'est pas normal, par ailleurs, que ce vote du SMTC ait été réalisé sur la base d'un contenu différent de celui voté en communauté de communes (tunnel sous le Vercors).

Pour les mêmes raisons, le débat public n'a pas été tenu sur des bases fondées. La nouvelle équipe de conseillers de communauté, issue des prochaines élections municipales, doit pouvoir disposer d'un temps d'instruction des éléments à remettre en débat. Il en va de même pour tous les grands projets d'infrastructures routières à venir.

Il semble important, en particulier, que les études de faisabilité et les études d'impact du tunnel sous l'Isère et la Bastille soient achevées pour que l'on en connaisse les coûts et les conséquences en terme de nuisances (bruit, rejet des gaz.).

Parallèlement, les projets de tram-train, et d'autres modes collectifs (minibus, taxi collectif, etc., à peine esquissés dans le PDU) doivent être étudiés précisément et à l'échelle de l'ensemble de la région urbaine pour en connaître les capacités. L'objectif des études est de savoir comment absorber une part conséquente des déplacements périurbain/agglomération afin de diminuer la circulation automobile sur les voies rapides d'accès à la cuvette grenobloise, conformément à la loi sur l'air. Une fois ces études achevées, la Communauté d'agglomération sera en mesure de porter le débat public sur des bases plus réalistes. L'importance du projet de tunnel sous la Bastille en terme d'impact sur l'environnement et d'incidence sur les finances publiques, et la nécessité d'impliquer chaque citoyen dans un choix responsable justifient que soit organisé un vote de la population sur ce projet.

Ce vote devrait être organisé sur tout le territoire de l'agglomération dans le premier tiers du mandat.

En tout état de cause, la décision sur le tunnel sous la Bastille doit être conditionnée au processus ci-dessus.

3. Des politiques de déplacements adaptées aux enjeux du 21 ème siècle

Les politiques de déplacements à Grenoble, dans l'agglomération et dans la région urbaine doivent permettre un développement durable de notre ville et de sa région et respecter le principe de précaution en matière de santé publique.

L'état des lieux appelle une plus grande cohérence des politiques urbaines.

3.1 Une meilleure utilisation de l'espace pour accompagner et orienter le développement économique

La rareté de l'espace dans l'agglomération nécessite qu'il soit mieux utilisé pour augmenter les potentialités foncières. Une part des surfaces affectées au stationnement sur les espaces publics ou privés (exemple du polygone) pourrait progressivement être utilisée au développement de l'activité économique et/ou à la création et l'amélioration des espaces publics plus conviviaux.

Ceci suppose que l'accessibilité par les modes de transports peu consommateurs d'espace soit privilégiée (TC et vélo). L'attractivité des entreprises localisées sur le territoire de l'agglomération en dépend. Le plan de déplacements de l'entreprise ST Microélectronics interpelle la collectivité dans ce sens. Parallèlement, les activités tertiaires (bureau, R et D) doivent être implantées prioritairement sur les axes lourds de transports en commun.

3.2 Le renouvellement de la ville sur elle-même (plutôt que son extension sur les zones rurales)

Les mécanismes de ségrégation sociale et spatiale doivent être enrayés. Les lieux de résidence, de travail, de commerces et de loisirs doivent être rapprochés. Il faut cesser d'encourager la spécialisation de l'espace (culturel, sportif, commercial). Les politiques de construction et de réhabilitation de l'habitat développées ces dernières années doivent se poursuivre, notamment dans un objectif de mixité sociale. La qualité urbaine sera recherchée (accessibilité, propreté, sécurité, architecture, accueil des étrangers...). L'adaptation des espaces publics et collectifs aux personnes à mobilité réduite garantit leur droit à la mobilité et améliore la qualité de la ville pour tous. L'éducation et la culture sont aussi des éléments fondamentaux de cette qualité de vie. (Exemple : la qualité de l'école est un levier qui permet de conserver une mixité sociale dans les quartiers.).

Les politiques de transports doivent être orientées pour rendre plus agréables et sûrs les déplacements courts (à pied et en vélo). L'accessibilité à la ville centre de la région urbaine doit être améliorée en diversifiant les modes (troisième ligne de tram, redynamisation des lignes de bus, tram-train et parc-relais en périphérie).

3.3 L'application du principe de précaution aux politiques de déplacements

Le développement actuel des déplacements entraîne une consommation de carburants pétroliers qui pose des problèmes de santé publique pour les polluants locaux, de changement climatique pour les gaz à effet de serre et d'épuisement de ressources non-renouvelables.

Il faut suivre les dispositions prévues par les textes en vigueur à propos de la pollution, du bruit, de la prévention des accidents de la route pour obtenir une amélioration rapide de notre cadre de vie. Le développement des modes alternatifs à l'automobile et l'amélioration du réseau routier existant (entretien sécurisation et ponctuellement l'augmentation des capacités par la régulation ou la diminution de la vitesse) sont prioritaires sur la réalisation de nouvelles infrastructures routières (qui ne doivent être réalisées qu'en dernier recours).

Les systèmes de tarification doivent être déduits de ces priorités et il est normal que la collectivité publique subventionne plus fortement les alternatives à l'automobile, la route étant déjà subventionnée à 100%.

3.4 Une cohérence des politiques de déplacement à toutes les échelles de la région urbaine

L'atteinte des objectifs suppose que les mesures (proposées dans le chapitre suivant) soient mises en oeuvre de manière cohérente à toutes les échelles de territoire.

Les cheminements piétons et la zone 30 sont élaborés et discutés au niveau du quartier.

La ville : maillage principal 2 roues et maillage principal pour les voitures, bonne insertion des transports en commun qui doivent être prioritaires (sites propres, feux).

L'agglomération : la densité et la qualité du réseau transports en commun (avec des transversales, des parcs relais), tout comme un réseau cyclable complet doivent permettre une réelle alternative à la voiture.

A l'échelle de la région urbaine, une communauté de transports doit être rapidement créée (possibilité offerte par la nouvelle loi sur la Solidarité et le Renouvellement Urbain). Elle aura pour mission de porter les projets de train-tramway, de coordonner les réseaux TAG, SNCF et VFD et d'harmoniser et simplifier les tarifications. Le prélèvement du versement-transport au taux maximum de 0.5% de la masse salariale permettra d'étendre une offre forte de transport en commun à l'ensemble du territoire de la région urbaine. Elle doit aussi être un lieu de discussion entre collectivités pour les autres modes de déplacements (implantation des parcs-relais, régulation des entrées sur le réseau de voies rapides pour éviter les congestions). Par le biais du versement-transport, la communauté de transport doit accroître la solidarité dans le financement des transports publics urbains dont profitent les communes situées en bordure de l'agglomération.

Le département, qui finance le réseau de bus départemental et les principaux axes routiers secondaires de la région urbaine, doit réorienter sa politique pour favoriser l'intermodalité (faciliter le rabattement des déplacements des périurbains sur les principales lignes TC urbain en périphérie de l'agglomération et sur le chemin de fer). La configuration géographique (le Y grenoblois) est très favorable à l'intermodalité.

4. Des propositions d'actions

4.1 Assurer un développement durable de la région urbaine

En accompagnant et orientant le développement économique

  1. Développer des petites zones d'activité à proximité des zones d'habitat ou veiller à ce que les plus grandes soient implantées le long de lignes TC rapides et fréquentes.
  2. Déployer rapidement une politique de soutien public (prestation de conseils et ingénierie en diagnostic transports gratuite ou co-financée selon la taille de l'entreprise) au développement des Plans de Déplacement d'Entreprise volontaristes des employeurs (publics et privés) pour d'une part favoriser les transports alternatifs (transports collectifs, vélo, intermodalité, co-voiturage) et d'autre part accroître l'attractivité et le potentiel d'accueil d'entreprises sur la ville-centre et dans l'agglomération.
  3. Avant tout projet d'aménagement, faire une analyse "énergie-déplacements", afin de privilégier les modes doux. Modifier le POS pour faire baisser le nombre de parkings construits pour des locaux de travail, prévoir systématiquement des garages sécurisés pour 2 roues.
  4. Mettre en place une stratégie de transport des marchandises en ville, ce qui n'a pas été fait dans le PDU.
  5. Privilégier -à capacité équivalente- les projets d'infrastructure de transport plus économiques pour l'ensemble collectivité/habitants/entreprises.

En renouvelant la ville

  1. Concentrer l'habitat autour des arrêts des infrastructures de Transports Collectifs (ou sur les "arrêtes" du poisson-schéma de rabattement en TC).
  2. Développer les zones 30 pour rendre les espaces publics plus agréables et plus fréquentés par les piétons et améliorer ainsi la qualité urbaine.
  3. Favoriser le développement de commerces de proximité (petites et moyennes surfaces). Stopper l'extension des zones commerciales en périphérie.
  4. Assurer le droit au logement par une politique volontariste de construction et de réhabilitation et l'obligation de constructions de logements sociaux dans chaque commune.
  5. Etudier le lancement d'un "chèque mobilité" distribué à tous, permettant d'objectiver les coûts masqués et favorisant l'utilisation des moyens de transport les moins polluants.(par ex chèque de "zéro franc" pour le pendulaire qui vient en voiture seul à Grenoble, paiement partiel stationnement voiture sur parc relais + billet TAG, ou paiement total parc vélo + forfait réparation vélos).

4.2 Diminuer la pollution atmosphérique

  1. Analyser les déplacements en fonction de la pollution générée (km/passagers) et fixer un objectif de maintien des kms parcourus par les voitures particulières sur le territoire de l'agglomération afin que les progrès des constructeurs automobiles se répercutent entièrement sur la qualité de l'air.
  2. Mettre en place un observatoire de suivi des pollutions en continu avec un système d'information géographique accessible en temps réel par le public. Une analyse périodique des flux doit permettre de suivre l'évolution des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre.
  3. Diminuer la pollution des véhicules publics : Continuer la politique d'acquisition de véhicules au gaz ou électrique pour les flottes publiques (bus, voitures, camions,).
  4. Réguler les entrées sur le réseau autoroutier pour éviter qu'il ne sature : les échangeurs en entrée doivent limiter le débit aux heures de pointe (comme l'ont permis les feux en entrée d'agglomération dans les années 70).
  5. Modifier l'utilisation de la voiture par la poursuite et l'amplification de la politique de stationnement engagée (continuer de favoriser le parking résidant longue durée en surface au centre ville (tarif vert et tarif violet). Réduire le stationnement des pendulaires (nombre de places et tarification défavorable) et diminuer progressivement (et en partie seulement) le stationnement courte durée (au fur et à mesure du développement des parcs-relais en périphérie). Faire réellement évacuer les voitures des zones piétonnières pour les rendre plus attractives.
  6. Mettre en route le plus rapidement possible le tram-train et les parkings relais afin d'offrir aux pendulaires des alternatives efficaces.
  7. Développer des moyens de transports collectifs plus souples et moins coûteux que les traditionnels transports en commun qui nécessitent des investissements très lourds. (navettes légères, taxis collectifs, covoiturage...).
  8. Augmenter l'attractivité des TC : Donner la priorité systématique aux TC aux feux. Accroître la vitesse et la fréquence par mise en site propre sur tous les grands axes.
  9. Rendre plus économique l'abonnement mensuel TAG : en fin de semaine et en soirée la carte permettra de transporter la famille ou les amis. La billétique doit favoriser l'intermodalité pour les TC (type carte orange RATP).

Le développement des modes alternatifs à l'automobile vise parallèlement à améliorer l'accessibilité à la ville et à diminuer la pollution atmosphérique.

4.3 Rendre la mobilité plus sûre

Sécuriser les déplacements 2 roues et piétons (victimes plus fréquentes que les voitures) :

  1. Développer une politique forte de zones 30 sur tous les quartiers de Grenoble, ce qui permet de partager l'espace public entre les différents modes de déplacement et rend la ville plus accessible à tous (enfants, handicapés, personnes à mobilité réduite...). Un schéma d'agglomération des zones 30 sera élaboré en relation avec le réseau des pistes cyclables.
  2. Mener à bien la continuité et le maillage complet d'un réseau principal de pistes cyclables sur le territoire de la Métro, équipées, éclairées et entretenues constamment avec le même soin que les chaussées pour voitures. (les zones 30 de quartier constituent de fait le réseau secondaire même si elles ne sont pas spécifiques aux 2 roues).
  3. Concentrer le trafic VP de transit ou inter-quartiers sur les avenues et boulevards (maillage principal automobile) avec régulation à 45 km/h. Certaines artères seront aménagées avec des ronds-points urbains et des chaussées plus étroites permettant de réduire les vitesses de pointes (et le bruit) tout en assurant une circulation automobile plus fluide (exemple de Nantes).
  4. Multiplier très vite les aménagements urbains pour attacher des vélos, en prenant l'espace sur les stationnements voitures, plutôt que piétons.
  5. Arbitrer au profit de la sécurité des modes doux lorsqu'il y a ponctuellement contradiction avec stationnement ou débit automobile.