Conseil Municipal du 21/5/2001

Demandeurs d'asile sans logis

Compte-rendu de la rencontre des Présidents de Groupes avec une délégation de demandeurs d'asile ce jour même

Intervention de Gilles Kuntz, conseiller Municipal délégué aux Droits des Étrangers

Chers Collègues,

Mesdames, Messieurs du public,

Chers ami-e-s demandeurs d'asile,

La situation des demandeurs d'asile, en particulier territorial, est particulièrement dramatique sur notre ville. Notre tradition de ville ouverte, riche de nombreux habitants et étudiants étrangers, mais aussi d'associations de soutien et d'entraide font de Grenoble un des lieux privilégiés de destination des demandeurs d'asile. Par exemple en dix mois de mai 2000 à mars 2001, 560 d'entre eux sont passés à l'ODA (Orientation des Demandeurs d'Asile). Parmi ceux-ci 265 ont été réorientés vers d'autres villes  les quelques 300 autres ont pu trop peu souvent bénéficier d'un hébergement provisoire.

De plus en plus de réfugiés menacés dans leur propre pays (Algériens, Kurdes..) doivent déposer une demande d'asile territorial instruite par la Préfecture qui ne prévoit aucun dispositif d'aide ou d'hébergement tout en leur interdisant de travailler.

Aujourd'hui, de nombreux demandeurs d'asile, en particulier seuls, sont contraints de passer leurs nuits dehors. Au déchirement d'être loin de leur pays s'ajoute alors des conditions matérielles indignes qui font craindre pour leur équilibre psychologique.

Depuis le début de notre mandat, des associations d'aide accompagnées de réfugiés sont venues à plusieurs reprises nous rencontrer à la mairie : le 30 mars en manifestation dont la presse s'est fait l'écho, le 4 avril pour une réunion avec les services de la DDASS, du CCAS et des élus. D'autres réunions ont eu lieu entre services avec les différents partenaires institutionnels concernés : outre la ville et le département, ce sont aussi la Préfecture et la Métro à laquelle a été dévolue récemment la compétence hébergement sur notre agglomération. La Communauté d'Agglomération prévoit de mettre en place en trois ans un chantier hébergement devant déboucher sur un Centre d'Accueil Intercommunal. En attendant, il est urgent d'une part de faire pression sur le Préfet dont beaucoup de situations dépendent : le maire a eu l'occasion de l'alerter à ce sujet. S'il le souhaite, il pourra rendre compte au conseil municipal des réponses obtenues. Néanmoins, la lenteur de l'administration étant telle et le flux de réfugiés ne se tarissant pas, il convient de mettre tout en oeuvre pour accueillir dignement les personnes qui ont choisi notre ville comme terre d'asile. La population est sensible à cette détresse et ne peut accepter de les voir ainsi réduits à la condition de SDF. Je souhaite donc au titre de ma délégation la mise en place rapide de solutions d'accueils provisoires à l'initiative de tous les partenaires concernés afin au moins d'offir un lieu abrité la nuit. Des possibilités de lieux ou de terrains existent, dépassons simplement les blocages de toutes sortes afin que la V ille joue un rôle moteur dans la construction d'une solution durable.