Au CCAS1, aprs la crise de juin 97, deux nouvelles grves se sont succdes depuis le dbut de lâanne2. Ces crises rvlent un profond malaise chez ces professionnels, des interrogations se font jour sur les objectifs et le rle du CCAS dans une politique sociale mal dfinie. Depuis le dbut du mandat municipal, les lus de lâADES affirment la ncessit de rformer profondment le CCAS et de redonner lâinitiative politique au conseil municipal.
Le cas des domiciles collectifs (DOCO) est cet gard clairant.
Le 9 juin 1999, contre lâavis de lâADES et des associations de personnes ges, lâadministration du CCAS dcide de remettre en cause le statut des DOCO, en cdant aux pressions de lâadministration du conseil gnral. Le CCAS veut transformer trois DOCO en tablissements, ce qui remet en cause le maintien domicile, les rsidents nâtant plus chez
eux.
Ce nâest pas la premire fois que le CCAS est en contradiction avec les lus. En novembre 1997, le maire dclare publiquement :
ăIl y a sur Grenoble des rsidences pour personnes ges de grand taille, ne rpondant plus aux souhaits de la population. Il faut donc davantage de petites structures favorisant le maintien domicile, et il nây aura aucune suppression de domicile
collectifä. Cinq jours plus tard, le CCAS fermait le DOCO Pinal, qui nâa pas t remplac.
La mobilisation des associations, relaye par les propositions politiques de lâADES, portes par P. Payssot, adjointe la politique sociale, oblige le conseil municipal raffirmer le 13 septembre 1999 que la priorit de la politique grontologique est le maintien domicile, et quâil faut examiner dâautres formes de gestion des DOCO.
Conformment la position du conseil municipal, les associations concernes ont travaill une gestion associative. Elles ont cr une association, Vivance, qui sâest donn pour but dâaider lâaccompagnement des personnes ges, et qui a labor un projet novateur pour la gestion des DOCO. La proposition de Vivance est innovante puisque la gestion du maintien domicile revient en premier lieu aux personnes ges elles-mmes, ainsi quâ leur famille. Il nây a pas de rel gestionnaire collectif, mais une mutualisation des services aux personnes. Il y a besoin dâune simple coordination des services qui seront rmunrs individuellement, aprs une ngociation collective. Cette formule est adapte aux DOCO, qui sont des domiciles regroups services partags. Contrairement aux tablissements, la personne est chez-elle, locataire de son appartement. Il faudra redfinir contractuellement les liens avec les propritaires des logements, avec les prestataires de services domicile, et au besoin pour la gestion de lâespace
collectif.
Cette formule trs souple peut tre adapte aux personnes ges qui ont fait le choix de vivre dans leur appartement non regroup. A lâchelle dâun quartier, la mise en place de ce type de formule lgre, autogre, peut permettre de rsoudre de nombreux problmes. Le cot financier est videmment moindre que la solution actuelle, mais demande une implication des familles et une aide bien cible des
administrations.
Grenoble va-t-elle retrouver sa capacit dâinnovation dans un domaine dont lâimportance ne cesse de crotre ? |
Si lâinquitude du personnel, face des transformations importantes, est comprhensible, il est par contre regrettable de voir lâadministration du CCAS ragir par corporatisme, conservatisme et frilosit. Il est pourtant simple de voir que seul le maintien domicile pour le plus grand nombre est humainement souhaitable et conomiquement possible. Il nâest pas envisageable de construire des tablissements, mme petits, pour loger toutes les personnes dpendantes.
Au contraire, la politique grontologique doit aller vers lâadaptation des logements pour le maintien du plus grand nombre domicile, avec des services la carte adapts chaque situation, et capables dâvolution constante. La mise en place de petits tablissements ne doit venir quâen complment.
Le CCAS devrait donc soutenir Vivance. Au lieu de cela il tergiverse, freine et avance des difficults juridiques fictives... Un CCAS dynamique et innovant devrait accompagner et apporter son concours une telle exprience. Il pourrait tre le lieu de formation de professionnels pour rpondre ces nouveaux besoins, apporter une aide dans la coordination, la ngociation des services et lâvaluation des solutions choisies. Il nây a pas de raison que le service public ne puisse pas rivaliser avec le priv dans lâapport des services domiciles pour les personnes ges. Le service public peut -et doit- tre garant de la qualit, il y a l un vrai dfi pour les annes venir, il faut y prparer des comptences et multiplier les expriences.
Souhaitons que cette nouvelle innovation voit le jour rapidement, et que la mairie et le CCAS en deviennent des soutiens forts et dtermins.
V. C.
1 CCAS : Centre communal dâaction sociale
2 En 1997, grve au CCAS aprs le gel de 18 postes en petite enfance. En mars 2000, grve du service de soins domicile aux personnes ges pour protester contre le comportement de la directrice adjointe. En avril, les auxiliaires de puriculture des crches demandent la refonte du rgime indemnitaire.