Défendre les Centres de santé

A Grenoble il y a 5 centres de santé (Arlequin, Géants, Mistral, Abbaye et Vieux-Temple) gérés par une association, l'AGECSA, présidée depuis mars 2001 par M. Girod de l'Ain, adjointe à la santé, avec un conseil d'administration composé de la Ville de Grenoble, le Conseil général de l'Isère, l'UDMI note 1, le CCAS note 2, le CHU note 3, les Mutuelles de France et la DASS note 4. Les subventions proviennent essentiellement de la Ville (1,6 M.F.) et du conseil général (1,4 M.F.). Annuellement, les centres de santé soignent 20 000 patients, délivrent 90 000 actes et le budget atteint 20 M.F. pour 84 salariés (médecins, infirmières, administratifs) soit 61 équivalents temps plein.

Régulièrement se pose la question du financement des centres de santé de Grenoble. Encore une fois il faut défendre sans hésiter cette pratique des soins qui développe une politique de santé adaptée aux quartiers en difficulté.

A juste titre, les Centres de santé ont toujours refusé de se transformer en machines à dispenser des soins, en rentabilisant leur gestion par une augmentation du nombre d'actes au détriment de l'accompagnement du malade. Depuis très longtemps ils rament à contre-courant en refusant une médecine presse-bouton qui peut convenir à certains mais qui, dans les quartiers en difficulté, ne répondrait pas du tout à la demande. Il s'agit d'accueillir correctement les patients et aller, si possible, au delà de la plainte pour comprendre les difficultés sociales de ces personnes, de les accompagner et faire le lien avec d'autres institutions. Les Centres de santé sont un élément essentiel du lien social dans ces quartiers, à Mistral c'est la seule institution qui ait tenu le coup ces dernières années.

Ce travail de terrain essentiel, qui essaye de faire de la prévention, ne peut pas être rentabilisé comme une médecine classique et les caisses de sécurité sociale devraient reconnaître ce travail spécifique, ce qui devrait enfin arriver en 2003 grâce aux initiatives gouvernementales.

Face aux difficultés financières récurrentes, la Ville, le conseil général et la Métro (via sa compétence politique de la ville) doivent rapidement réaffirmer leur attachement au développement de cette politique de santé, dégager les moyens financiers pour permettre aux Centres de santé de poursuivre leur mission, et agir au niveau national pour qu'ils soient enfin reconnus, aient un statut et un financement clair.

Le problème des Centres de santé n'est pas d'abord économique. Il n'est pas anormal qu'une telle pratique médicale ne puisse être rentabilisée, elle doit être subventionnée car elle est un pilier d'une politique de santé publique, faisant partie intégrante de la politique de la ville, de la mise en place des Maisons de services publics et des partenariats multiples permettant d'appréhender l'ensemble des problèmes des quartiers en difficulté.

Par contre dans leur gestion interne, d'importants progrès doivent être faits. Le conseil d'administration doit fixer clairement les priorités et le plan de travail, organiser l'évaluation et l'exploitation du travail de terrain et le faire connaître largement. La direction doit être redéfinie, la bi-direction que la Ville avait décidée, (administrative et Commission médicale d'établissement) n'a pas fonctionné. La direction administrative doit partager la mission fondamentale des centres, avoir une gestion des ressources humaines correspondante et ne pas avoir une vision uniquement financière de leur action.

Toutes celles et ceux qui sont attachés à la promotion d'une telle politique de santé doivent rester vigilants, car d'ici la fin de l'année des décisions doivent être prises pour permettre la pérennité des Centres de santé de Grenoble.


1 UDMI : Union départementale des mutuelles de l'Isère
2 CCAS : Centre communal d'action sociale
3 CHU : Centre hospitalier et universitaire
4 DASS : Direction des affaires sanitaires et sociales