Les bancs publics sont-ils solubles dans le wifi ?

Publié le 29 octobre 2007

Vous ne pouvez pas ne pas le savoir : « la Ville de Grenoble installe des spots wifi sur l’espace public ». On nous l’annonce à grand renfort de panneaux et autres encarts publicitaires.

Vous l’avez donc découvert « par voie de presse » comme on dit, mais en aviez-vous déjà entendu parler avant ? Vous a-t-on annoncé ce projet ? Avez-vous été consulté-e ? Les élu-e-s ont-il été amené-e-s à ce prononcer sur ce dossier ?

Ne cherchez pas : la réponse est non. On est tenté de dire : comme d’habitude.

Et pourtant il en pose, des questions ce dossier ! En vrac et dans le désordre :

  • Pourquoi tous les « hotspots » (point d’accès) sont-ils dans les quartiers nord ? Les « 38 sans » vont-ils être également exclus des technologies de l’information et de la communication dont il est de bon ton de se gargariser pour un « pôle de compétitivité » ?
  • Quel est le public visé par ce service ? Les grenoblois, les visiteurs extérieurs ? Dans ce 2e cas, est-ce à la Ville de payer ? D’autres organismes (chambre de commerce, laboratoires de recherche, grandes entreprises…) ne pourraient-ils pas au moins participer au financement ?
  • A quel(s) besoin(s) ce projet répond-il ? Qui (en dehors des stratèges du marketing) à demandé à avoir du wifi sur les places et dans les parcs grenoblois ?
  • Et du coup : comment et pourquoi ont été choisis les emplacements ? Selon toute vraisemblance, pour mieux frimer mon enfant ! Mais les lieux choisis sont-ils les plus appropriés, ça…
  • Quelle est la charge de travail que ce projet a demandé au service informatique de la Ville ? Est-ce d’ailleurs lui qui s’en est chargé ou est-ce sous-traité ? Si oui à qui et dans quelles conditions, à quel coût ? Qui a en charge la maintenance ? (le service communication lui est au courant, merci !)
  • A l’heure où l’on s’interroge sur la possible nocivité des ondes électromagnétiques pour la santé, s’est-on intéressé à cet aspect de la question ? A-t-on réfléchi à l’emplacement et à la la puissance des bornes pour limiter les expositions pour les passants, les utilisateurs, les riverains ? Les riverains ont-il eu leur mot à dire, sont-il seulement au courant (sans mauvais jeu de mots…) ?

Autant de questions auxquelles les grenoblois n’ont pas les réponses (sans parler de pouvoir donner leur point de vue…). Mais la Ville les a-t-elle plus, ou bien notre maire se contente-t-il de se payer une image de ville tendance et à la pointe des services numériques, un coup de pub marketing vide de sens ?

Car au fond toutes ces questions se résument à une seule : dans quelle ville voulons-nous vivre ? Voulons-nous traverser des places où les amoureux se bécotent sur les bancs publics en se disant des « je t’aime » pathétiques, ou bien où ils tchatent par MSN ?

Une question que l’actuelle majorité de la majorité évite de toute évidence soigneusement de se poser… Ce n’est hélas pas la seule !

Laurence Comparat

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6 commentaires sur “Les bancs publics sont-ils solubles dans le wifi ?”

  1. Bonsoir,

    j’ai traité un peu le sujet sur GreBlog dans plusieurs billets (conférence de presse, lancement des bornes, budget, test de connectivité et autres…)

    🙂

  2. Danielle Maurel dit :

    Bonjour,
    Je trouve la charge un peu rude et un peu tous azimuts. Je ne retiendrais de votre argumentaire que la coupure nord / sud. Vous semblez méconnaître les usages de nombreux utilisateurs de l’ordinateur nomade qui travaillent effectivement dans l’espace public, j’en suis et je ne suis pas une statège du marketing ! je vais dans les bistrots du centre et l’idée d’aller faire ça dans un parc n’est pas pour me déplaire. En tout cas l’annonce ne m’a pas plus choquée que cela. Et puis pour ce qui est de se dire je t’aime pas MSN il faudra peut-être s’y faire, et ce n’est pas contradictoire avec les bancs publics : là je vous trouve carrément rétrograde. Regardons le monde tel qu’il est sans tout jeter aux orties.

  3. L.C. dit :

    Ne confondons pas la méthode et le résultat :

    – le résultat (avoir des points wifi dans Grenoble, y compris en plein air) n’est pas forcément une mauvaise chose ;

    – la méthode (absence de débat, de transparence dans la décision, de motivation des choix…) n’est pas acceptable. Et ce n’est malheureusement pas le seul dossier où nous la subissons…

    Il est d’ailleurs possible qu’avec une bonne méthode on soit arrivé au même résultat (en tout cas en partie : le déséquilibre Nord/Sud n’est pas acceptable) : on peut tout à fait toucher sa cible en tirant au hasard 😉

  4. Baalbaki dit :

    Je suis pour une distribution equitable de spot wifi sur grenoble.
    Quant aux radiations on est bombardé par milliers de radiations chaque jours(mobile, tv, radio, satelitte …) une de plus ne va pas changer grande chose.

  5. L.C. dit :

    Sur les radiations, espérons que vous avez raison…

    Il existe cependant un risque d’effet cumulatif (plus je suis exposé-e, plus j’ai de risques), très mal connu à ce jour… Un cas typique d’application du principe de précaution.

  6. Alice 38 dit :

    Une initiative intéressante

    Paris se voit recommander un usage limité du Wi-Fi
    Une conférence citoyenne organisée par la Ville a rendu une dizaine de recommandations. La limitation du nombre d’antennes-relais et de l’usage des mobiles dans les transports en fait partie.
    http://www.01net.com/editorial/503629/paris-se-voit-recommander-un-usage-limite-du-wi-fi/