Un recteur sans modération

Publié le 28 janvier 2012

L’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen garantit « la libre communication des pensées et de opinions » et en fait un des droits de l’Homme les plus précieux. Cela vaut pour tout citoyen, fonctionnaire compris, mais ce dernier est soumis à une obligation de réserve qui s’impose à tout agent public. Ce petit rappel et mise en perspective pour O. Audéoud, que le recteur d’Académie de Grenoble qu’il est a sûrement oublié. Car c’est bien le haut fonctionnaire, représentant d’une administration d’Etat et non le citoyen qui au cours d’une conférence de presse le 20 janvier dernier, a balayé d’un revers de manche le jugement du Tribunal administratif qui a annulé deux de ses décisions sur le lycée Mounier. C’est l’ancien professeur de droit qui s’est engouffré sans retenue dans le champ politique, avançant l’idée d’un complot, comme souvent quand on est peu sûr de son fait. Ainsi donc, selon lui « l’affaire Mounier, c’est une atteinte fondamentale au service public, ce n’est que l’affaire d’un groupe politique qui veut prendre la mairie de Grenoble aux prochaines élections et emm… la municipalité ». Au-delà de la délicatesse du langage, on appréciera l’argumentaire. Un vrai complot en effet que ces parents, élèves, enseignants et personnels du lycée qui se sont fortement mobilisés et ont tenu courageusement et solidairement dans la durée, non pas pour défendre leurs intérêts et le droit des élèves à rester au lycée Mounier, mais pour se constituer en « groupe politique » afin de « prendre la mairie. » Voilà une réflexion de haute volée qui honore son auteur.

Plus sérieusement, il serait légitime de se demander si l’attitude du recteur est conforme aux intérêts du service public ? Conforme à la dignité des fonctions occupées par l’intéressé ? Et s’il s’est appliqué à lui-même l’obligation de réserve exigée qui est particulièrement forte pour les haut fonctionnaires directement concernés par l’exécution des politiques publiques ? A ces questions, la réponse est évidemment non.

Question subsidiaire : fera-t-il l’objet d’une sanction disciplinaire ? A l’instar de ces fonctionnaires de base de la même administration qui ont eu le tort de s’exprimer en tant que citoyen (ex : base élève) et n’ont pas échappé, eux, à des sanctions.

Le Recteur poursuit son travail de sape. Il a déclaré à propos des annulations de ses décisions par le tribunal administratif : « Il faut arrêter de dire n’importe quoi, la première décision concerne la sectorisation du territoire sur Grenoble. C’est une annulation partielle qui n’a rien à voir avec Mounier. La seconde annule la sectorisation de seulement deux collèges Mounier. Le collège Munch par exemple restera dans le secteur du lycée Argouges…Ce n’est pas la Région, le Tribunal administratif ou les groupes politiques qui assurent l’affectation des élèves ».

Au moins cela a le mérite de la clarté à défaut d’exactitude. Les décisions du Tribunal administratif sont directement la conséquence de l’annulation de la réduction de la capacité d’accueil du lycée Mounier décidée en toute illégalité par le Président de la Région. Le Recteur avait appliqué à la lettre les décisions du Président de la Région, il s’est fait avoir et entend se venger.

Ce n’est pas l’attitude d’un serviteur de l’Etat mais quelqu’un qui règle ses problèmes d’égo sur le dos du service public.

Nous attendons la prise de position du Conseil Régional, qui devrait réaffirmer l’ancienne capacité d’accueil du lycée Mounier, à moins que le Président ne ressorte de nouvelles expertises sur la sécurité des bâtiments. Restera à ceux qui ont joué avec le feu, le maire de Grenoble (qui avait promis que le collège Münch serait dans le secteur de Mounier) et le Président de la Région a intervenir auprès du Recteur pour réparer le mieux possible les dégâts qu’ils ont créés. Ils devraient y arriver sans peine puisque des indiscrétions indiquent qu’ils sont tous du même parti !

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