Stationnement, il est temps de réfléchir un peu plus

Publié le 17 février 2012

Une frénésie de suppression de places de stationnement dans la ville se fait jour. Dès qu’un projet d’aménagement se met en place, il y a suppression des places de stationnement sur voirie et diminution du nombre de places de garages obligatoires dans les immeubles neufs.

Tout le monde sait bien que la restriction du stationnement en centre ville des « pendulaires » (les habitants des autres communes qui viennent travailler à Grenoble) est un des moyens efficaces pour limiter l’utilisation de la voiture en ville. La bonne politique suivie à Grenoble a porté ses fruits, mais elle n’a pas été appliquée avec autant d’ardeur dans les autres communes de la Métro.

Il faut poursuivre sans relâche cette politique rendant plus difficile le stationnement sur les lieux de travail et en offrant des facilités pour les alternatives à la voiture (par exemple le pass mobilité proposé sur la presqu’île qui est une bonne politique). Mais il ne faut pas confondre restriction du trafic automobile et restriction du stationnement des résidents.

Le Schéma directeur (qui va être remplacé par le SCOT) a clairement indiqué que la politique de stationnement dans la Métro devait donner la priorité aux résidents et dissuader les pendulaires d’utiliser leur voiture. Une voiture stationnée en pied d’immeuble est une voiture qui ne pollue pas et qui incite les pendulaires, par absence de place, à emprunter les transports en commun.

Or, la politique menée actuellement par la majorité municipale ne respecte pas cette priorité en supprimant, dès qu’elle le peut, le stationnement pour les résidents. Le meilleur exemple est la suppression de 257 places cours Jean-Jaurès à l’occasion de l’implantation de la ligne de tram E.

Des habitants regroupés dans le collectif « Ligne E », soutenus par Vivre à Grenoble, ont proposé une solution pour conserver une grande partie de ces 257 places, en organisant un stationnement en épis entre les platanes, que la mairie a refusé pour des motifs fantaisistes. Le collectif rappelle à juste titre que les documents de l’enquête publique sur le projet de ligne E ne mentionnaient pas ces suppressions de places (elles étaient au contraire maintenues), ce qui rend cette suppression illégitime. Questionné lors d’une réunion publique sur cette tromperie manifeste, l’adjoint en charge de ces questions a justifié la “manœuvre” arguant que l’enquête publique était du ressort du SMTC (Syndicat Mixte des Transports en Commun) et la recomposition du cours Jean-Jaurès de celui de Ville… alors qu’à l’époque de l’enquête, il était lui-même responsable du SMTC ! L’ubiquité politique de la majorité municipale a encore de l’avenir…

La majorité municipale supprime, au-delà du raisonnable, des places de stationnement sur la voirie pour obliger les résidents à garer leurs véhicules dans les parkings en ouvrage gérés par des sociétés privées avides de rentabilité mais qui peinent à les remplir.

Il faut revenir aux priorités et rendre le stationnement des résidents plus facile et moins cher (actuellement 144 € par an) et poursuivre la politique de restriction pour les pendulaires. Le stationnement payant sur voirie rapporte 8 M€ par an, il est donc possible de diminuer le tarif résident sans mettre en péril les finances de la ville.

Un autre exemple concerne la diminution systématique du nombre de places obligatoires dans toutes les nouvelles opérations d’aménagement (Esplanade, Presqu’île,…). Habillée de « vert », cette mesure vise, en fait, à contenter les promoteurs immobiliers pour lesquels la création de stationnement est un frein à la construction de logement. En effet, l’obligation de créer 1 place par logement restreint considérablement le nombre de m2 constructibles d’une opération tant pour des raisons de surfaces que pour des raisons techniques (structure de l’immeuble compatible avec la circulation d’un parking en RDC,…) et de coût (obligation de cuveler les parkings en sous-sol,…). A parcelle égale, la diminution du nombre de places de stationnement peut permettre, dans certains cas, de construire 2 fois plus de m2 : à la maison Joya, dont nous parlions en décembre, le classement en « logement étudiant » (1 place de parking pour 4 logements) a permis de construire 2 fois de plus de logements (75 au lieu de 35) qu’un simple classement en « logement standard » (1 place de parking pour 1 logement). On imagine alors facilement la multiplication de marge bénéficiaire que peut représenter pour la promotion immobilière privée une obligation de création de place ramenée à 1 place pour 10 logements…

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