Presqu’île : l’avenue martyre

Publié le 14 décembre 2012

17,4 M€ rien de moins, c’est la contribution accordée par l’Etat au projet grenoblois Presqu’île qui nous garantit le plus radieux des avenirs pour un investissement global évalué à 1,5 milliards d’euros. A l’endroit que les anciens Grenoblois appellent encore le Polygone, vont se dresser, à proximité du CEA (Commissariat à l’énergie atomique), des laboratoires, de Minatec, de Clinatec… des immeubles où l’on attend quelques 10 000 habitants. Dans cette « écocité » (pour écologique à ne pas confondre avec économique) sont prévus des logements  « pour tous » ou presque : familles, chercheurs, étudiants…Pas de chance pour les autres, ceux qui, employés, ouvriers, chômeurs…, ne se retrouveraient pas dans ces catégories. C’est cela la mixité vue de très haut par le maire et les technopenseurs.

Il y aura un « Pavillon Mobilité » et un « Pass’mobilité » pour les habitants tous évidemment familiarisés aux technologies de pointe qui se serviront d’Internet et de Smart Phone pour accéder en temps réel (que du bonheur !) à tous les services de « nouvelles » -forcément nouvelles- mobilités (tram, bus, auto partage …). Dans ce territoire de rêve on a prévu de réaliser des économies d’énergie sur l’éclairage public et de préserver la biodiversité, tant il est vrai que cette dernière sera omniprésente entre deux blocs de béton et les voiries. Et voilà le meilleur pour la fin, illustré par le contrôle de la consommation d’énergie grâce aux « compteurs communicants », un excellent moyen de contrôler les faits et gestes, non plus de l’abonné, mais du consommateur. Ce sera Smart Girds ou réseau électrique intelligent. Il eut été surprenant dans ce ruissellement d’intelligence que sur ce site on crée un réseau électrique fondé sur la bêtise.

Avec ces 17, 4M€, on imagine ce qu’il aurait été possible de faire par exemple pour isoler les bâtiments publics et plus encore les logements, en soulageant les habitants confrontés à ce que l’on appelle aujourd’hui la précarité énergétique.

Mais l’Etat a donné son aval à un projet qui va s’implanter le long de la bien nommée avenue des Martyrs. De quoi réjouir le maire (mais l’est-il encore ?) de Grenoble, lui qui avait osé comparer Grenoble à New York, reste imperturbable dans ce registre : « Les villes qui gagneront demain » (gagner quoi ?) « Nous avons un coup d’avance…Nous allons devenir une ville extrêmement visible et attractive » (pour qui ? pour quoi ?) « …surtout transformer Grenoble en ville européenne et hisser avec elle la région grenobloise au plus haut rang mondial ». Excusez du peu ! Toutefois cela manque d’ambition, on aurait préféré interplanétaire !

Voici donc la ville que l’on nous prépare, elle n’est sûrement pas pour tous et à ce stade la mégalomanie a encore de beaux jours devant elle. Ceux qui en douteraient encore peuvent en voir la préfiguration quai de la Graille avec le bucolique « Clos des Fleurs » et ses onze tours BNP-Paribas.

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