Chauffage urbain, on peut perdre le NOR !

Publié le 17 janvier 2013

Depuis des années, la CCIAG (Compagnie de Chauffage Intercommunale de l’Agglomération Grenobloise) envisage de construire une nouvelle centrale sur la Presqu’île. Lors de l’établissement des nouveaux tarifs de 2008 les communes délégantes avaient prévu un nouvel investissement dans les moyens de production de la CCIAG à hauteur de 30 M€. Mais profitant du projet d’«Ecocité » (label attribué par l’Etat, issu du « Grenelle de l’Environnement ») sur la Presqu’île, la CCIAG a proposé de construire une nouvelle centrale biomasse, dénommée NOR (Nord Ouest Renouvelable) beaucoup plus chère (au moins 47 M€) avec de la cogénération, une boucle basse température…  Ce projet n’a pas encore été validé par les communes et certaines (notamment Echirolles) sont très réticentes à le voir se réaliser. Mais les pressions vont se faire de plus en plus fortes car le projet d’Ecocité est un projet phare (et pharaonique) du maire de Grenoble. Le rayonnement international de Grenoble serait en jeu, et GIANT (Grenoble Innovation for Advanced New Technologies) le « MIT »(Massachusetts Institute of Technology) à la française de Jean Therme directeur du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), exige des innovations tout azimut. De plus la CCIAG est une vitrine nationale et internationale pour son actionnaire privé Dalkia (filiale de Véolia).

Alors qu’une bonne gestion d’un service public exige de faire les investissements strictement nécessaires au service, ce projet NOR doit être clairement refusé car il ne répond pas aux besoins du service.

Actuellement 6 centrales délivrent de la chaleur dans le réseau interconnecté de la CCIAG. Deux sont sur la Presqu’île : la vieille centrale au fuel du CEA (très peu utilisée) dont la préfecture a demandé la fermeture au plus tard pour fin 2015, et Isergie centrale de cogénération au gaz. Cette dernière a un avenir économique incertain car le contrat de rachat de l’électricité à un prix intéressant est terminé, et pour l’instant on ne sait pas si les prix du marché vont lui permettre de délivrer de la chaleur à un prix acceptable pour la CCIAG. Donc il apparait nécessaire de prévoir le remplacement de la centrale du CEA et éventuellement d’Isergie.

Mais y a-t-il urgence à réaliser cette nouvelle centrale pour le maintien du service public du chauffage urbain ? La réponse est non car la puissance nominale des 4 autres centrales (Athanor, Villeneuve, Poterne et Vaucanson) dépasse les 500 MW et le record historique de puissance réellement appelée sur le réseau a été de 406 MW le 7 février 2012. Le mois de février 2012 ayant été le mois le plus froid depuis 50 ans à Grenoble.

Il y a donc encore de la marge, et pas d’urgence à décider un nouvel investissement et surtout pas un investissement trop onéreux comme celui qui est prévu. Souhaitons que les communes remettent en cause le projet NOR tel que proposé par la CCIAG. Les usagers ont manifesté contre ce projet en novembre 2012 lors d’un conseil municipal à Grenoble. Il serait important que la CCIAG publie les différents scénarios (5 familles différentes) qu’elle a étudiés sur les perspectives à 2025 du chauffage urbain dans l’agglomération, afin que les élus prennent des décisions en connaissance de cause.

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