Le pôle santé, centre de formation public des étudiants médicaux et paramédicaux, a failli ne jamais voir le jour…

Publié le 15 mars 2014

Voici une histoire intéressante, en ce qu’elle démontre comment certaines professions intéressent davantage que d’autres nos hommes politiques locaux.

Depuis le début du 20è siècle, les étudiants paramédicaux, notamment les étudiants en soins infirmiers, sont formés dans ce que l’on appelait les « écoles d’infirmières ». Ces établissements étaient pratiquement toujours très proches des établissements hospitaliers publics ou privés. Grenoble n’échappe pas à la règle, son « école d’infirmières » se situe à l’intérieur de l’enceinte du CHU. Cet établissement, destiné à recevoir 350 étudiants, en reçoit actuellement environ 700, après les fermetures de l’école située à l’Hôpital Sud et de l’augmentation du nombre d’étudiants pour tenter de faire face à la pénurie de ces professionnels. Ce qui entraîne depuis de nombreuses années des conditions de formation très détériorées.

Au moment de la création du Plan Campus en 2007 mais aussi avec le passage des études en soins infirmiers en cursus LMD « licence, master, doctorat »,  il est décidé de créer ce que l’on a appelé le « Pôle Santé ».

Cet équipement regrouperait les 3 premières années de médecine, les 2 premières années d’étude de sages femmes, les étudiants, Kinés, infirmiers soins généraux et spécialisés, ainsi que l’institut de formation des cadres infirmiers. Ainsi, dans ce fameux plan campus on voit que sur le polygone scientifique, on crée des écoles d’ingénieurs, sur campus Est à St Martin d’Hères serait créé, entre autres, le  Pôle Santé.

Mais c’était sans compter avec les lenteurs administratives ou peut être l’oubli de quelques uns. Les écoles d’ingénieurs ont vu le jour sur le Polygone, mais le dossier du Pôle Santé, lui restait coincé dans un tiroir, en raison d’un manque de financement. Ce projet, pourtant très élaboré grâce à l’action d’un directeur du CHU qui fut nommé à d’autres fonctions, n’arrivait pas à en sortir.  Certes la compétence de ce dossier revient à  l’Etat et la Région. Mais étant donné l’importance du sujet, et comme pour les écoles d’ingénieurs, la ville de Grenoble, la Métro, ont fait le choix d’apporter leur contribution à cette construction.

C’est alors que deux conseillers régionaux Europe Ecologie, dont Eric Piolle, se sont mobilisés pour faire sortir ce dossier du tiroir,  où il commençait à prendre la poussière.

Il a fallu beaucoup de persévérance : tout d’abord,  comprendre les raisons de ce blocage auprès des différents acteurs, puis refaire l’historique de ce projet, et enfin rédiger une note très précise qui fut envoyée à tous les protagonistes. En réalité,  une partie des financements étaient assurés, à l’exception du CHU, qui ne pouvait assurer sa partie.  Une note rédigée par les 2 conseillers régionaux, fut remise aux 2 femmes ministres concernées,  Enseignement Supérieur et Recherche et Santé, à l’occasion d’une visite officielle à Grenoble.

A partir de ce jour, le dossier fut ressorti de son tiroir et le financement fut quelque peu revu par l’ensemble des acteurs. La part du CHU a été diminuée et va permettre que ce projet de centre de formation pour 3.000 étudiants voie prochainement le jour. Le conseil général a beaucoup participé aux écoles d’ingénieurs, mais a détourné le regard sur les formations en soins infirmiers, dont il a pourtant le plus grand besoin, pour les personnes âgées, notamment.

L’un des administratifs en charge de ce dossier,  à qui nous demandions les raisons de cet « oubli », nous a répondu en toute franchise : « si vous n’aviez pas ressorti ce dossier, plusieurs des financeurs auraient bien  enterré ce dossier, qui aurait été revu plus tard… » autrement dit, aux calendes grecques.

Cette histoire est intéressante, en ce qu’elle démontre comment certaines professions intéressent davantage que d’autres nos hommes politiques locaux. Pourtant, nous manquons de soignants, de médecins, en passant par les sages femmes,  kinésithérapeutes ou infirmiers.

Comment expliquer, surtout aux hommes politiques,  que les métiers du soin ou du social, du médico-social et de l’éducatif, sont tout aussi importants que ceux du business ou du high tech ? Sans ces métiers, qui s’occuperaient des personnes âgées dépendantes, des très jeunes enfants dans les structures d’accueil, mais aussi des personnes atteintes de pathologies bénignes ou graves, ou bien encore des personnes porteuses de handicaps ? Tous ces professionnels créent aussi de la richesse, ne serait ce qu’en  veillant à la bonne santé de toute la population.

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