Municipales 2014 : Analyse rapide des résultats de l’élection

Publié le 5 avril 2014

Participation

Une évolution impressionnante ente les 2 tours : + 13,3 % de votes exprimés sur la ville. Jusqu’à atteindre 59 % de votants  contre 52,4 % au 1er tour. A comparer avec les élections précédentes où la participation avait diminuée de manière régulière depuis 1983, où plus des deux tiers des électeurs se déplaçaient pour voter. Lorsqu’il y a une offre intéressante, l’électeur se déplace.

ParticipationMunicipales1983-2014

Il  y a eu 5776 exprimés de plus pour le 2ème tour. 5 listes ont disparu entre les 2 tours, il y a donc des reports de voix sur les 4 listes restantes au 2e tour. Piolle augmente de  6918 voix (+54% !!!) ;  Safar n’attire que 2514 voix de plus (+23%) alors qu’il bénéficiait de désistements de listes de droite éliminées dès le 1er tour.

Le supplément de participation a profité largement à la liste d’E. Piolle, qui apparaissait comme l’alternative crédible après le bon résultat du 1er tour.

Il y a 11 bureaux de vote où l’augmentation de la participation a été nettement inférieure à la moyenne (moins de 9 % d’augmentation entre les deux tours). Le bureau qui a le moins augmenté est Houille Blanche 2. Dans ces 11 bureaux les évolutions des votes pour Piolle et pour Safar sont assez proche de la moyenne.

Il y a aussi 11 bureaux qui ont vu la participation fortement augmenter de plus de 19 %. Le record  étant Anatole France 1 (+ 38,7%). Parmi ces bureaux,  7 bureaux voient une très forte augmentation du vote Piolle (plus de 95% d’augmentation !) avec le record à Village olympique 1 (+159%). Pour Safar ce sont 5 bureaux qui augmentent le vote de plus de 48 % avec Anatole France 1 où les voix de Safar augmentent de 77 %.

Les efforts désespérés de la majorité sortante pour essayer d’inverser la tendance du 1er tour se sont soldés par un échec cuisant, puisque dans leurs bastions où ils avaient perdu beaucoup de voix au 1er tour, le vote Piolle augmente fortement.

Les votes

Il y a 11 bureaux de vote où J. Safar perd des voix ou augmente très peu ses voix. Les records sont à Jean Jaurès 1 (-15 voix), Beauvert 2 (-12 voix), Porte de France (-10 voix), Ampère 2 (-9 voix), Berthe de Boissieux 1 (-6 voix). C’est du jamais vu. La sanction est lourde et devrait faire réfléchir les responsables de la débâcle. Il y a des perditions importantes dues à son refus d’accepter de faire alliance et d’être minoritaire dans la nouvelle majorité.

L’UMP perd ou stagne dans quelques bureaux, Vigny Musset 1 (-2 voix), Arlequin 1 (0 voix), Arlequin 3 (+1 voix), ceci démontre que cette liste n’a pas attiré le vote de droite qui s’était exprimé sur d’autres candidats. 24 % est le résultat le plus mauvais pour la droite à Grenoble depuis la nuit des temps. Elle paye ses division, la présence du corrompu et une très mauvaise campagne axée sur des peurs. Il faudrait arrêter de prendre les Grenoblois pour des imbéciles.

Le vote FN diminue fortement (-23% en voix) entre les deux tours, ce recul n’est pas vraiment corrélé avec une moindre participation, les votants du 1er tour ne se sont pas massivement abstenus au 2ème. La droite a dû en récupérer un peu, mais la dynamique entrainée par la liste du Rassemblement a dû convaincre certains électeurs qui avaient choisi de voter FN au 1er tour comme vote protestataire, de voter au second pour l’alternative. Le poids réel du FN n’est donc que de 8,5 % à Grenoble. Il est dommage que des électeurs lui ait permis d’être qualifié pour le 2ème tour et d’avoir 2 élus au conseil municipal.

Le vote pour la liste du Rassemblement a été massif même dans les bastions traditionnels du PS. Il y a seulement 10 bureaux de vote (sur 87)  où Safar dépasse Piolle et souvent de peu.

Pourquoi la liste du Rassemblement a gagné haut la main

Il y a le contexte national (sanction du PS) qui a pesé pour affaiblir la liste Safar, mais c’est grâce à une alchimie grenobloise ancienne que la liste du rassemblement a réussi à démontrer qu’elle était une alternative crédible à gauche. Elle a transformé le 1er tour en une véritable primaire à gauche. La qualité du travail d’élaboration du projet, la qualité de la tête de liste et la qualité de la campagne menée ont entrainé la victoire.

Les autres listes, au lieu de développer leur projet, se sont situées par rapport à la liste du rassemblement et il était surprenant de voir la liste Safar reprendre les propositions du Rassemblement. Erreur stratégique.

Eric Piolle a rapidement démontré qu’il serait un réel animateur d’équipe, il n’est pas un professionnel de la politique, il est dans la vraie vie et a un contact humain de qualité. Bref tout pour faire un bon maire.

La campagne du Rassemblement a été de loin la meilleure, que ce soit pour ses outils de communication (les ronds de couleur), le choix du local de campagne, les innovations pour rendre les conférences de presse intéressantes, la qualité du site internet et enfin et surtout l’implication joyeuse de très nombreux militants dans toutes les actions : réunions d’appartement, porte à porte massif, déambulation dans la ville, distributions aux marchés…

La liste du rassemblement a ciblé sur les faiblesses et les erreurs de la majorité sortante, notamment le déficit criant de démocratie dans la gestion des dossiers importants. Le sentiment de la population de ne pas être écoutée et entendue : Esplanade, Mounier, Chauffage urbain, rythmes scolaires…

La géographie politique et l’alchimie du Rassemblement a aussi été réussie. Une composante citoyenne très forte ancrée dans la vie de la cité et des courants politiques nationaux bien identifiés (EELV et PG). Contrairement aux caricatures, la synthèse de ces sensibilités différentes s’est faite en marchant et depuis de longs mois. L’ADES a bien travaillé à la réussite de ce Rassemblement. Le travail de fond depuis 30 ans à Grenoble a porté ses fruits. L’implication dans les associations, les unions de quartier, les CCS, les collectifs… a permis de coller aux réalités ressenties par les habitants. Le projet a été ancré dans le local, ce qui a évité que les questions nationales l’étouffent.

La fameuse stratégie dite du « RMI » a parfaitement fonctionné : Rassembler son camp, Mobiliser les indécis, Isoler l’adversaire. En face la liste officielle croyait que tout lui revenait de droit comme des propriétaires de l’institution. Ils sont tombés de haut et n’ont toujours pas compris ce qui s’était passé.

Evidemment le refus de l’union après le 1er tour a été la dernière erreur fatale. La responsabilité de M. Destot et de J. Safar est grande, et ont été perçus comme sectaires et diviseurs par de nombreux militants du PS et de gauche qui avaient voté Safar au 1er tour ont changé de vote.

En conclusion il faut remercier infiniment M. Destot et la majorité sortante d’avoir mis dans l’opposition les écologistes en mars 2008, ce qui leur a permis durant 6 ans de développer la critique de la politique suivie et les propositions alternatives pour faire de Grenoble Une ville pour tous.

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