Trous de mémoire, trous dans la caisse

Publié le 21 novembre 2014
© Ville de Grenoble

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Au moment où des professionnels de la politique réapparaissent au conseil municipal en se permettant de donner des leçons, il n’est pas inutile de rappeler leurs pratiques d’antan qui devraient les rendre beaucoup plus modestes dans leurs interventions publiques. Voici un rappel utile d’une partie de l’histoire grenobloise pas si reluisante que cela.

Monsieur Richard Cazenave, conseiller municipal délégué de Monsieur Alain Carignon de 1989 à 1995, colistier de Monsieur Alain Carignon sur la liste UMP aux élections municipales de Grenoble en mars 2014, a été élu conseiller municipal de Grenoble et y siège depuis mars 2014.

Dans ce conseil municipal de Grenoble, Monsieur Richard Cazenave ne cesse de se faire le donneur de leçons dans la lutte contre la délinquance, comme il le faisait déjà lorsqu’il était dirigeant de la fédération de l’Isère du RPR de 1989 à 1991, député RPR puis UMP de l’Isère de 1988 à 2007.

Monsieur Richard Cazenave, lors de la séance du conseil municipal de Grenoble du 17 novembre 2014, a défendu les intérêts de la société Compagnie de Chauffage Intercommunale de l’Agglomération Grenobloise (CCIAG) qu’il a qualifié d’ « entreprise exemplaire » et dénoncé les « tromperies manifestes » des élus écologistes qui avaient confirmé que les tarifs du chauffage urbain fixées par cette société privée filiale du groupe Dalkia Véolia étaient illégaux.

Monsieur Richard Cazenave, rappelé à ses malversations lors de sa présidence de cette Compagnie de chauffage de 1989 à 1995 après en avoir été antérieurement le directeur général, a alors réagi violemment en haussant le ton :

«  J’ai été relaxé des faits pour lesquels j’ai été attaqué. Je vous mets en garde car je vais vous attaquer en diffamation. J’ai assez souffert d’attaques injustes. Je suis fier de ce que j’ai fait. Tous les salariés de la Compagnie de chauffage m’ont soutenu alors que le président après moi ils n’en ont pas voulu. J’ai agi dans l’intérêt exclusif de l’entreprise. Vous vous basez sur des « on dit ». Je vous dis merde. (…) moi (…) c’était à coup de barres de fer contre les jeunes communistes (…) »

Suivant une pratique de retour aux affaires d’élus ayant méconnu l’intérêt général à leurs profits, avec la complicité de ceux qui y ont intérêt et en sont complices, il est donc utile, pour les jeunes élus qui n’ont pas connu cette période de corruption généralisée, de rappeler les faits dissimulés de 1989 à 2003 par Monsieur Richard Cazenave, démontrés tardivement, difficilement et avec des entraves de toutes sortes, dont la prescription.

Il a fallu attendre 1995 pour que soient révélés les faits dissimulés de 1989 à 1994 de détournement des fonds au profit personnel de Monsieur Richard Cazenave, en tant que représentant du conseil municipal de Grenoble et président de la Compagnie de Chauffage, par recel et abus de biens sociauxde la Compagnie de Chauffage et de sa filiale Sinergie.

Son complice, Monsieur Michel Bouteille, directeur général de la CCIAG de 1989 à 1995, détaché de la Compagnie Générale de Chauffe (groupe Compagnie Générale des Eaux), a abusé des biens sociaux de la filiale SINERGIE et a les a recelés, tout en étant assuré par la Compagnie Générale des Eaux pour ses malversations (Cour d’appel d’Aix-en-Provence, chambre criminelle, 28 janvier 2004 ; après renvoi par la Cour de Cassation, chambre criminelle, 27 juin 2001, en cassation de l’arrêt de la Cour d’appel de Grenoble, chambre criminelle, 20 septembre 2000 qui avait confirmé le jugement du Tribunal correctionnel de Grenoble, 23 novembre 1999).

Monsieur Michel Destot et le président de la CCIAG à compter de 2001, avec le directeur détaché du groupe Véolia Dalkia, ont retiré la constitution de partie civile de la CCIAG qui avait été engagée par l’élu écologiste, président de la CCIAG de 1995 à 2001, qui a dû subir l’opposition des autres administrateurs privés et publics, ce qui a privé la société et donc les usagers du service public de chauffage urbain du remboursement par Messieurs Cazenave et Bouteille des sommes qu’ils avaient détournées.

Sous l’incitation de la direction, des représentants du personnel de la CCIAG ont menacé les élus écologistes qui avaient déposé à compter de 2004 des recours en annulation des décisions illégales de la CCIAG et des maires de Grenoble de 1983 à 2013.

Il a fallu attendre 2003 pour que soient révélés les faits dissimulés de 1989 à 2000 de détournement des fonds au profit personnel de Monsieur Richard Cazenave, par recel et complicité d’abus de biens sociaux de sociétés prestataires de la Compagnie de Chauffage, à travers des sociétés liées à la Lyonnaise des Eaux implantées à Londres, en Suisse et au Luxembourg et utilisées par les porteurs de mallettes Monsieur Raymond Roux (par ailleurs administrateur de la société Gaz et Electricité de Grenoble) et Monsieur Jean-Claude Méry (Cour de cassation, chambre criminelle, 16 novembre 2005, rejetant le pourvoi ; Cour d’appel de Lyon, 26 janvier 2005 ; Tribunal correctionnel de Lyon, 22 janvier 2004).

Afin de contribuer, dans le respect des personnes, le respect du droit à la réhabilitation et à la réinsertion, et afin de contribuer à la tranquillité publique, seuls sont cités ici les faits prouvés.

Mais ne peut être passé sous silence complice, la gravité du fait qu’une personne ayant défailli dans sa mission publique et ayant participé activement à un système généralisé de malversations, se permette de revenir, en niant ces faits, défendre les intérêts privés de sociétés privées par lesquelles elle a abusé des redevances des usagers des services publics.

Pour la tranquillité publique, pour la mémoire, pour l’avenir, le conseil municipal de Grenoble ne doit pas devenir une maison de tolérance pour la corruption.

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