Une autre lubie : la vente de logements HLM

Publié le 28 novembre 2014

Villeneuve place du marchéR. Cazenave lors du dernier conseil municipal a fait appel à la vieille lubie de la droite : vendre des logements HLM pour que les organismes, notamment ACTIS, puissent avoir de la trésorerie et ainsi pouvoir continuer la rénovation du patrimoine restant ou continuer à construire du logement social. Madame Thatcher dans les années 1980, a en effet vendu beaucoup de logements sociaux, ce qui a entraîné quelques 25 ans plus tard, une dégradation de quartiers entiers des banlieues des grandes villes anglaises, avec une pauvreté à la Dickens. Cependant, il est vrai que dans le même temps, les quartiers londoniens près de la City, ont été préservés, rénovés et surtout réservés à tous les traders ou autres boursicoteurs de haut vol.

Pour en revenir à ACTIS et la situation grenobloise, en effet, en 2007 cet organisme a réalisé la vente de plusieurs centaines de logements sociaux, dans le Nord Isère. Cette vente a été réalisée au moment opportun, juste avant la crise de l’immobilier de 2008. Contrairement à ce que dit M. Cazenave, une majeure partie du patrimoine a été vendue à 2 organismes bailleurs sociaux isérois, qui ont un grand parc de logements sociaux dans le Nord Isère. Quelques maisons ont été proposés à leurs locataires, certains les ont acquises, d’autres ont fait d’autres choix.

Mais aujourd’hui, pourrions-nous reproduire une telle opération ? Oui et non. On peut toujours vendre des logements sociaux, sous certaines conditions légales mais strictes. Pour obtenir un résultat de la vente de 2007, il serait préférable de vendre en bloc à d’autres organismes de logements sociaux, cependant, il n’est pas certain qu’il soit si facile de trouver un ou des acheteurs. Actuellement tous les organismes ont l’ambition de vendre du patrimoine. Plusieurs questions : vendre quels logements sociaux : ceux construits dans les différents quartiers du centre ville, en sachant qu’il faut attendre au moins 10 ans après la construction pour opérer à des ventes ? Ou bien ceux des quartiers des zones urbaines sensibles ? Ou encore les petits immeubles dans le diffus qui contribuent pourtant à la mixité sociale ?

La vente aux locataires en place, qui sont prioritaires pour l’acquisition est souvent une affaire de très longue durée, qui ne permet pas d’obtenir rapidement une recette financière massive. Cependant, cette solution peut être envisagée dans certaines circonstances et à la condition qu’en cas de difficultés financières, les nouveaux propriétaires, puissent redevenir locataire de leur logement par un rachat de l’organisme vendeur, sous peine de précariser un peu plus certaines personnes qui ont le souhait de devenir propriétaire de leur logement.

Il faudra peut être s’y résoudre, par défaut d’aide financière de l’Etat qui ne verse déjà plus beaucoup de subventions, mais aussi par défaut de l’aide des collectivités territoriales qui font tout leur possible, mais leurs capacités financières diminuent fortement.

Rappelons comment s’opère le financement du logement social :

  • L’emprunt pour 65 à 70 %
  • De 15 à 20 % de subventions
  • Et pour le reste, ce sont les fonds propres des organismes qui assurent le bouclage financier d’une opération pour les loyers APL. Aujourd’hui il n’est pas rare d’observer des montants de 15, 20 ou 25 000 euros de fonds propres par logement construit.

Autrement dit, aujourd’hui, ce sont les locataires qui financent une partie des logements sociaux de demain, tout en remboursant les emprunts des logements sociaux construits hier et aujourd’hui.

Donc R. Cazenave qui nous traite régulièrement « d’idéologues » en conseil municipal, reprend une antienne chère à Nicolas Sarkozy et qui fait partie du discours ultralibéral : une France de 80 % de propriétaires ! Comme si c’était possible et aussi simple lorsqu’on émarge à des revenus inférieurs à 3000 euros/mois et que l’on doit rembourser entre 1200 et 1500 euros d’emprunts.

Donc l’idéologue, « c’est celui qui dit qui l’est ! »

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