Diagnostic financier de Grenoble au 31 décembre 2014

Publié le 19 juin 2015

tirelireAvant le 30 juin de chaque année, les collectivités locales doivent présenter leur compte administratif (CA) de l’année précédente, compte qui décrit la réalité des recettes et des dépenses effectuées durant l’année. Le 22 juin, au prochain Conseil municipal, le CA 2014 sera débattu et donnera la photographie exacte de la situation financière de la ville au 31 décembre 2014. Ce CA est le dernier à avoir l’empreinte forte des décisions de l’ancienne majorité qui avait voté le budget primitif 2014 en décembre 2013. Il complète et confirme la rétrospective financière 2004-2013 qui indiquait une dégradation importante de la situation financière de la ville à partir de 2012, amplifiée en 2013 et poursuivie début 2014. Heureusement, la nouvelle majorité a commencé dès mi-2014 à corriger ce qui pouvait l’être et ralentir le rythme beaucoup trop rapide de l’augmentation des dépenses, notamment des frais de personnels qui explosaient et d’opérer des économies dans le fonctionnement quotidien de la ville.

C’est la première fois dans l’histoire financière de la ville que les recettes de gestion sont inférieures à celle de l’année précédente et pratiquement égale à celles de 2012 (à périmètre constant de l’activité municipale). Ceci est dû à la baisse des dotations de l’Etat, de moindres rentrées fiscales et de diminution des autres recettes. Par contre les dépenses ont continué à augmenter ce qui a entrainé une forte baisse de l’épargne qui avait débutée en 2012.

Il faut revenir encore une fois sur la gestion financière depuis 2009. En effet, alors que les baisses des dotations de l’Etat étaient très faibles, l’ancienne équipe a décidé d’augmenter les taux des impôts de 9 % (sans débat et après s’être fait élire en promettant de ne pas les augmenter). Ce n’était pas nécessaire puisque mécaniquement les impôts locaux augmentaient plus vite que les baisses des dotations de l’Etat. Voir dans le graphique suivant l’augmentation violente en 2009 des impôts locaux (+11 M€) ainsi que la compensation des légères baisses des dotations de l’Etat jusqu’en 2014 et la chute importante pour 2015.

Fiscalite GrenobleCette augmentation des impôts en 2009 a donné trop de facilités dans la gestion et dès 2012, au lieu de serrer les budgets, la ville s’est mise à gaspiller l’argent qui devenait plus rare. L’épargne s’est effondrée. Tout l’effort demandé aux contribuables locaux est parti en fumée ou dans des projets inutiles qui n’apportaient pas une meilleure qualité de vie aux habitants. Entre 2009 et 2012, l’épargne nette se situait entre 8 et 11 M€, elle s’effondre ensuite. Tout l’effort fiscal demandé aux contribuables est parti en fumée.

Epargne NetteLa ville de Grenoble est condamnée à la double peine : dégradation des finances opérée par l’équipe précédente et violente diminution des dotations de l’Etat qui la condamne à gérer la ville avec de moins en moins d’argent. A partir de 2015 ce sont 5,6 M€ de moins chaque année dans les dotations de l’Etat.

Tout Grenoblois peut alors comprendre les conséquences immédiates de cette austérité imposée : il faut appuyer très fort sur les freins des dépenses afin de les adapter aux recettes en forte diminution, sinon c’est la préfecture aidée par la Chambre Régionale des Comptes qui gèrera le budget par la mise sous tutelle.

La nouvelle majorité a promis de ne pas augmenter les impôts qui sont très injustes, mais cela a pour conséquence de faire des coupes importantes dans toutes les dépenses en sauvegardant au mieux celles qui touchent au social et à la solidarité pour ne pas amplifier les conséquences de la crise qui touche une grande partie des habitants. A moins qu’une majorité d’habitants soit prête à demander une légère augmentation des impôts pour atténuer cette purge, ce qui serait étonnant.

L’intervention rapide de la nouvelle équipe dès le milieu de l’année 2014

Le CA 2014 indique que par rapport aux prévisions de mi-2014, il y a eu 1 M€ d’économie sur les frais de personnel qui ont explosé entre 2012 et 2014 : + 4 M€ entre 2012 et 2013, +6,6 M€ entre 2013 et 2014. Il n’y a pas eu de diminutions des subventions aux associations puisque tout avait été décidé en décembre 2013 dans le budget primitif, par contre un effort important a été fait sur les dépenses de fonctionnement courantes de la ville : -5 M€ par rapport à 2013 soit moins 8%. Ce qui démontre que l’équipe précédente aurait pu faire des économies substantielles sur le train de vie de la ville.

Ce ralentissement des dépenses a permis de préparer le budget 2015 qui gèle les frais de personnel, diminue certaines subventions et poursuit les économies dans le train de vie de la ville. Mais en 2016 les choses vont être encore beaucoup plus difficiles et les habitants vont pouvoir s’en rendre compte en participant aux réunions publiques de préparation du budget 2016 qui devraient se dérouler début juillet et en septembre.

Comme dans de très nombreuses communes, cette politique d’austérité imposée va faire des dégâts dans les politiques publiques et les subventions aux associations. La Ville va devoir faire les choix les moins mauvais pour le plus grand nombre et qui auront le moins de conséquences sur la vie quotidienne des Grenoblois. Il est souhaitable que les protestations des habitants remontent auprès des parlementaires pour qu’ils fassent pression sur le gouvernement afin que les diminutions des dotations de l’Etat soient remises en cause pour 2016 et 2017.

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