Évacuation du bidonville Esmonin

Publié le 31 juillet 2015
Photo G.Kuntz

Photo G.Kuntz

Suite à un arrêté du maire, le bidonville Esmonin a été évacué le 29 juillet. Les différentes annonces et interventions de police ayant précédé, la période d’été où des familles peuvent rentrer dans leur pays ont fait que seules 19 familles représentant 147 personnes, dont 70 mineurs se trouvaient encore dans le bidonville. Que deviennent les autres qui ont été près de 400 au printemps à s’entasser dans ce lieu ? Il est sûr que d’autres camps et squats vont grossir dans les mois à venir si toutes les collectivités et l’État ne se donnent pas les moyens de gérer cette question avant d’en arriver à ces extrémités. Mercredi 29 juillet lors de l’évacuation, le constat de l’absence de plusieurs partenaires a pu être fait : le Département n’avait mis à disposition que quelques bus Transisère, les autres communes que Grenoble étaient toutes aussi absentes, trop contentes que la « patate chaude » ne soit pas sur leur territoire, alors que la majorité des occupants venaient d’autres camps démantelés les dernières années chez elles.

Le démantèlement est vécu pour beaucoup comme une violence faite aux personnes. Comment peut-il en être autrement quand on se retrouve cernés par des dizaines de cars de CRS harnachés comme s’il s’agissait de dangereux bandits, même si cette fois des mesures plus humaines ont été mises en œuvre :

  • Possibilité de mettre des affaires de côté dans des sacs au nom des familles à l’exception de tout matériel de construction, de chauffage ou de cuisine ;
  • Accueil temporaire dans l’école Elysée Chatin plus propice à l’action sociale qu’un délaissé de voirie ;
  • Prise en charge de 54 personnes dont 33 mineurs par l’État, la ville mettant 50 personnes à l’abri dans les chalets au Rondeau qu’elle a financés seule le département et sa nouvelle majorité ayant refusé de le faire ;
  • Les autres personnes ont été logées pour quelques nuits en hôtel mais se retrouveront à la rue dans quelques jours sans autre solution que de chercher un autre lieu pour y construire une nouvelle cabane.

A noter que malgré les assurances données par la Préfecture de conduire une opération humanitaire et non de police, six reconduites dans leur pays ont été mises en œuvre à travers un transfert au centre de rétention administrative de Saint-Exupéry.

On ne peut être satisfait de cette opération, mais comment était-il possible d’agir autrement sans le concours de tous les partenaires ? N’oublions pas que celui de l’État a été arraché par le maire au travers d’une lettre ouverte au Président de la République qui a contraint le Préfet à appliquer la circulaire d’août 2012 « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites ».

A l’issue de l’évacuation, le maire de Grenoble, a déclaré :

« L’évacuation du bidonville était inévitable et nécessaire : les personnes étaient exposées à des périls inacceptables. La priorité de la Ville de Grenoble est de ne pas interrompre la scolarité des 200 enfants du bidonville, c’est la raison pour laquelle l’évacuation intervient durant l’été.

Je remercie les services de la Ville de Grenoble, du CCAS et de l’Etat pour avoir veillé à ce que l’évacuation de ce jour se déroule dans le respect de la dignité des personnes et de leurs biens.

Grâce à la mobilisation des services de l’Etat, de la Ville de Grenoble et de son CCAS, personne ne dormira à la rue ce soir et dans les jours à venir. Des solutions de relogement ont été proposées à chacune des personnes évacuées. Il n’y pas de fatalité : quand la mobilisation est là, les solutions sont possibles. »

Mots-clefs : , ,

Le commentaires sont fermés.