Lutte contre l’exclusion, un rapport de Médecins du Monde.

Publié le 30 octobre 2015

medecins-du-mondeÀ l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, la mission France de Médecins du Monde a publié la 15e édition du rapport de son observatoire de l’accès aux droits et aux soins, rapport qu’elle qualifie d’accablant. Pour Médecins du Monde, la complexité du droit et des dispositifs est le premier obstacle à l’accès aux soins.

« Les équipes de Médecins du monde (MdM) se distinguent par un travail aux niveaux international et national. À l’étranger, MdM est présent dans de nombreux endroits du monde d’où les personnes tentent de s’enfuir pour survivre. Au niveau national, les équipes fournissent des soins et un soutien social de première ligne gratuits à tous ceux qui rencontrent des obstacles dans le système de santé de droit commun. Ce rapport s’appuie sur les données collectées en 2014 lors des consultations médicales et sociales individuelles réalisées auprès de 23 040 personnes dans 25 programmes/villes en Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse et Turquie. Il dépeint un tableau bien sombre du « berceau des droits humains…

Cette année encore, notre baromètre de la précarité révèle :

  • 62,9 % des personnes vues par MdM en Europe en 2014 ne bénéficient pas de couverture maladie
  • 42 % des enfants vus dans les consultations de MdM sont vaccinés contre le tétanos 
  • 54,2 % des femmes enceintes n’ont pas bénéficié de consultation prénatale avant leur venue à MdM
  • 81,1 % des femmes enceintes n’ont pas de couverture santé 
  • 84,4 % des patients interrogés sur leur expérience de la violence déclarent avoir subi des violences au moins une fois…

Les données recueillies déconstruisent clairement le mythe de la migration pour raison médicale, si souvent utilisé par les gouvernements pour limiter l’accès aux soins. Les migrants rencontrés en 2014 vivent en moyenne depuis 6,5 ans dans le pays lorsqu’ils consultent à MdM pour la première fois. Seuls 3 % citent la santé comme l’une des raisons de leur migration. Parmi les migrants souffrant de maladies chroniques, seuls 9,5 % savent qu’ils sont malades avant leur arrivée en Europe.

Les politiques européennes et nationales en matière d’immigration insistent fortement sur l’immigration comme « problème de sécurité », oubliant ainsi leur devoir de protection.

Une majorité écrasante de patients (84,4 %) interrogés sur leur expérience de la violence déclarent avoir subi des violences au moins une fois, que ce soit dans le pays d’origine, au cours de la migration ou dans le pays d’accueil. Ils ont besoin de soins supplémentaires et d’un environnement sécurisant, et non, comme c’est trop souvent le cas, de vivre dans des camps ou des taudis, dans la peur d’une expulsion.

Les États membres et les institutions de l’UE doivent garantir des systèmes universels de santé publique, fondés sur la solidarité, l’égalité et l’équité (et non sur une logique de profit), ouverts à toute personne vivant en Europe. MdM appelle les États membres et les institutions de l’UE à garantir immédiatement l’accès sans réserve aux programmes de vaccination nationaux et aux soins pédiatriques pour tous les enfants résidant en Europe. De la même façon, toutes les femmes enceintes devraient avoir accès à l’interruption de grossesse, aux soins prénataux et postnataux et à un accouchement sans risque.

En tant que professionnels de santé, nous continuerons à procurer des soins médicaux appropriés à toutes les personnes quel que soit leur statut administratif ou social et quelles que soient les barrières légales en vigueur. MdM refuse les législations entravant l’éthique médicale et appelle tous les professionnels de santé à fournir des soins à tous les patients. »

Téléchargez le rapport ici.

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