Crise du commerce en centre-ville, ne pas se tromper d’analyse

Publié le 15 janvier 2016

rue-pietonneUn certain nombre de commerçants du centre-ville de Grenoble (appartenant à l’association « Label Ville ») poursuivent leur campagne contre la mairie en l’accusant de mettre à mort leurs commerces, avec leurs affichettes violettes. De nombreuses études et comparaisons avec les autres grandes villes viennent démontrer que les accusations de ces commerçants tombent à coté de la plaque et que leurs difficultés sont liées à une crise générale du commerce de proximité et que Grenoble est loin d’être dans les plus grandes difficultés. Un dossier du Monde du 12 janvier 2016 apporte de nombreuses informations qui contredisent les positions de « Label ville ». Ainsi, selon la fédération Procos, qui regroupe 260 enseignes du commerce spécialisé, le taux de vacance commerciale à Grenoble était de 6% en 2015, donc nettement inférieur à la moyenne nationale (8,5% en 2014 dans les 300 plus grandes villes de France). C’est à partir de 10% que Procos fixe le seuil d’alerte.

Une étude du GART intitulée « Mobilité et villes moyennes. État des lieux et perspectives » d’octobre 2015 démonte les fausses affirmations et croyances de certains commerçants :

« Associer la vitalité des commerces à la capacité d’y accéder en voiture est une idée reçue dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle a la vie dure. Celle-ci ne résiste pas à l’épreuve des faits. Les consommateurs des commerces de centre-ville viennent majoritairement faire leurs achats à pied ou à vélo et, si l’on ajoute les usagers des transports publics, la proportion atteint 80 %, comme le montre l’étude réalisée par l’ADEME et la Fubicy. Au total, les automobilistes-consommateurs ne représentent donc qu’une petite minorité. De plus, les clients qui recourent à la marche ou au vélo ou aux transports en commun sont des clients plus réguliers. S’ils consomment et achètent moins par visite, ils reviennent plus souvent. L’autre idée reçue consisterait à affirmer le fait qu’un automobiliste dépenserait plus qu’un piéton ou un cycliste. Celui-ci dépense effectivement plus à chaque visite. Mais comme il vient moins souvent, un automobiliste dépenserait en moyenne 27% de moins qu’un piéton, 12 % de moins qu’un cycliste et 3% de moins qu’un usager des transports en commun. L’étude de l’ADEME et de la Fubicy est corroborée par plusieurs recherches internationales sur le sujet. Elles montrent que le « fétichisme automobile » n’est pas l’apanage des commerçants français et que les effets de croyance sont encore très prégnants…

Les aménagements en faveur des mobilités actives (marche à pied et vélo) peuvent également avoir un effet positif sur l’activité économique du secteur concerné. Les mutations commerciales occasionnées sont le résultat de phénomènes bien plus larges que celui des politiques de mobilité. En effet, la concurrence des offres commerciales de périphérie a affaibli les commerces de centre-ville et a entraîné des changements dans les comportements de mobilité liés aux achats. Le développement du e-commerce est un élément en défaveur des commerces de détails en général et donc ceux des centres villes. À quoi il convient évidemment d’ajouter la crise économique que nous traversons. »

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