L’impact des rejets radioactifs de l’ILL sur l’environnement

Publié le 29 janvier 2016

IRSNL’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) a publié deux rapports sur la sûreté du parc électronucléaire français et des installations nucléaires de base.

En décembre 2015 : « La sûreté et la radioprotection du parc électronucléaire français en 2014 »

Et en janvier 2016 : « Bilan de l’état radiologique de l’environnement français de juin 2011 à décembre 2014 »

Dans ce dernier rapport il traite de tous les sites qui émettent des rejets radioactifs dans l’environnement et notamment du site de l’ILL sur le polygone scientifique.

Voici l’essentiel de ce qui est indiqué sur le site de Grenoble :

« Les centres de recherche du CEA et de l’institut Laue-Langevin (ILL) sont situés à proximité immédiate l’un de l’autre et insérés dans l’agglomération grenobloise L’institut Laue-Langevin (ILL) est un organisme de recherche international en sciences et techniques neutroniques fondé en 1967 par la France et l’Allemagne (puis rejoint en 1973 par la Grande-Bretagne). L’institut est doté d’une source de neutrons très intense, le réacteur nucléaire à haut Flux qui constitue l’installation Nucléaire de Base n°67. Il dispose également de 40 spectromètres de haute technologie donnant des informations sur la structure et la dynamique de la matière (solides, liquides, gaz…) et couvrant de nombreux champs d’investigation : physique des particules, physique nucléaire, chimie, biosciences, sciences des matériaux… Les travaux de déconstruction des installations du CEA de Grenoble sont aujourd’hui terminés. L’arrêté de déclassement de la dernière installation nucléaire est attendu pour 2017. »

A propos des rejets radioactifs :

« Les rejets gazeux du centre CEA de Grenoble ont cessé en juillet 2013 avec l’arrêt définitif de la ventilation, consécutive à la fin de l’assainissement de l’INB 61-Lama… il n’y a plus d’effluents liquides radioactifs provenant des INB du centre depuis fin 2012. »

« Le contrôle des effluents radioactifs gazeux de l’ILL est assurée au niveau de 2 émissaires, en aval des systèmes de filtration des effluents. Les rejets gazeux sont classés en 5 catégories de radionucléides (gaz rares, tritium, carbone 14, iodes et aérosols). Les rejets en gaz sont quantifiés par la voie de mesure des gaz temps réel et par un prélèvement représentatif hebdomadaire mesuré en laboratoire pour établir le spectre des radioéléments gazeux. Le tritium est le radionucléide le plus abondant dans les rejets gazeux de l’ILL…

L’émissaire par lequel sont effectués et contrôlés les rejets liquides de l’ILL dans l’Isère est situé à 1 km en amont de son confluent avec le Drac. Il s’agit d’une canalisation dont l’extrémité est placée dans le lit de l’Isère. Avant rejet dans la canalisation menant au point de rejet, les effluents liquides sont stockés dans des cuves internes à l’installation. Ils y sont caractérisés sur la base d’un prélèvement représentatif effectué après brassage de la cuve. Le radionucléide le plus abondant dans les rejets liquides est le tritium… »

La surveillance radiologique de l’environnement

« Les INB du site CEA de Grenoble n’ont plus d’impact potentiel sur l’environnement. Il ne reste donc, en activité nucléaire conséquente sur le polygone scientifique, que le réacteur de recherche de l’ILL. Dans cette perspective, la surveillance de l’environnement, commune à ces deux sites, a été placée sous la responsabilité de l’institut Laue Langevin depuis le 4 janvier 2010. Deux types de surveillance sont assurés par l’ILL :

  • Une surveillance en continu, au moyen de stations situées en différents points de l’agglomération. Deux au nord : au pied du pylône météo à la pointe de la presqu’île, et plus loin vers le nord-ouest, à la Rollandière, et deux au sud : sur le toit de la piscine Chorier-Berriat, et au Mûrier, au-dessus de St-Martin-d’Hères.
  • Une surveillance en différé, sur la base des échantillons prélevés régulièrement puis analysés en laboratoire. La fréquence de ces prélèvements est fixée réglementairement. L’ILL réalise environ 2000 prélèvements d’échantillons par an (aérosols, gaz, eaux de pluie, eaux de nappes phréatiques, eaux de rivières (Drac et Isère), denrées et bio-indicateurs terrestres (lait, herbe, productions agricoles) et aquatiques (poissons, roseaux), sols et sédiments. Ces prélèvements donnent lieu à 5500 analyses par an. L’objectif est de s’assurer de l’absence d’impact radiologique sur l’environnement et la chaîne alimentaire dans la cuvette grenobloise. »

Contrôle de l’impact des rejets de tritium :

« Le tritium est le seul radionucléide pour lequel l’influence du site est visible dans l’environnement. Dans le compartiment atmosphérique, les barboteurs implantés au sud-est et à la confluence du Drac et de l’Isère au nord-ouest (station du pylône météo), sous les vents dominants, permettent de détecter des activités maximales de l’ordre de 1 Bq/m3 avec un pic supérieur à 4 Bq/m3 début 2013. Ces résultats, nettement supérieurs au bruit de fond radiologique (environ 0,01 Bq/m3), sont donc imputables aux rejets de l’ILL de Grenoble.

Le tritium est également régulièrement mesuré dans les eaux de pluie collectées à proximité du site de l’ILL où les conditions atmosphériques sont fortement influencées par la cluse de l’Isère. L’activité maximale détectée entre 2011 et 2014 est de 23,19 Bq/L avec des activités moyennes oscillant entre le bruit de fond (1 à 3 Bq/L) et 10 Bq/L…

L’ILL est implanté sur la plaine alluviale de Grenoble et les nappes phréatiques sont situées généralement à faible profondeur. La radioactivité de la nappe est surveillée via plusieurs piézomètres dont le marquage moyen en tritium est de l’ordre de 2,5 Bq/L, avec une valeur maximale mesurée en janvier 2014 de 10,3 Bq/L. Ces valeurs sont à mettre en relation avec celles mesurées dans l’Isère, qui sont du même ordre de grandeur.

Les prélèvements d’herbe effectués mensuellement à proximité du site de Grenoble présentent un net marquage en tritium : les activités mesurées fluctuent entre 5 et 215 Bq/kg sec sur la commune de Grenoble et entre 8 et 110 Bq/kg sec sur la commune de Saint-Martin-d’Hères. Ce marquage est imputable aux rejets atmosphériques des installations de l’institut Laue Langevin. Les mesures réalisées sur les autres matrices environnementales (lait, légumes, céréales) mettent également en évidence, de façon très sporadique, la présence de tritium lié, imputable aux rejets atmosphériques de l’institut Laue-Langevin. Les autres mesures réalisées dans l’environnement de ce site relèvent toutes soit de la radioactivité naturelle (40K, 7 Be…), soit de la rémanence des retombées de l’accident de Tchernobyl ou de celles des essais d’armes nucléaires (137Cs…). »

Estimation de la dose sur les habitants :

« L’étude de l’ensemble des résultats issus de la surveillance radiologique de l’environnement montre que l’influence des rejets du site ILL / CEA de Grenoble n’est liée qu’à la présence de tritium dans l’air. L’exposition correspondante est évaluée pour un adulte séjournant aux alentours du site 100 % de son temps, et la valeur de concentration moyenne dans l’air à la station de prélèvement, est de 0,75 Bq/m3. Avec ces hypothèses, la dose par inhalation et transfert percutané serait de 0,15 µSv/an en considérant que 100 % du tritium rejeté sont sous forme HTO. Cette valeur peut être comparée à celle issue du calcul d’impact des rejets gazeux par modélisation réalisé par l’ILL : 0,14 µSv/an pour un adulte, sur la base des rejets de l’année 2013. L’impact des rejets de l’ILL est donc extrêmement faible, le 10ème de la dose correspondant à une seule journée d’exposition à l’irradiation naturelle provenant des rayonnements cosmiques et telluriques mesurée dans la cuvette grenobloise (soit 60 nSv par heure). »

Pour télécharger le rapport, cliquez ici.

Et pour celui sur la sûreté et la radioprotection du parc électronucléaire français en 2014.

A lire aussi les propos du Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, lors de ses vœux à la presse du 20 janvier 2016 :

« Le contexte en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection est préoccupant. L’ASN reste vigilante »

Mots-clefs : ,

Le commentaires sont fermés.