Tout ne va pas bien à Grenoble, la faute à qui ?

Publié le 19 février 2016

Hotel de ville de GrenobleL’ancien maire prend la tête de l’opposition socialiste à la mairie. Dans une interview au Dauphiné Libéré du 15 février, M. Destot s’insurge contre la majorité municipale qui critique son travail, du temps où il était maire, et conteste ses votes au parlement qui réduisent encore plus les financements des communes.

Il vient en quelque sorte à la rescousse du groupe d’opposition dirigé par J. Safar dont il dit pourtant qu’il intervient de façon très constructive ! Sur ce dernier point, il semble ne pas suivre les conseils municipaux de très près ni les conférences de presse de J. Safar, sinon il s’abstiendrait de trouver son successeur désigné très constructif, lui qui n’est que dans le dénigrement et incapable de proposer des alternatives crédibles à la politique de la majorité. M. Destot ne tolère pas la critique de la politique gouvernementale, évidemment en tant que député PS il la soutient en votant les yeux fermés les lois de finances qui asphyxient les collectivités locales. Sans doute espérait-il encore un poste de ministre qui lui échappe à chaque fois.

Avec les oppositions de droite et socialiste, il reprend le couplet sur « la majorité (qui) n’a pas de vision », alors qu’elle applique le programme sur lequel elle a été élue (ce que n’ont jamais fait ni le gouvernement, ni les municipalités précédentes), notamment la prise en compte de la transition énergétique, la lutte contre les dégâts du changement climatique et de la pollution atmosphérique. Les décisions sur la limitation de vitesse à 30 km/h, le développement accéléré des modes actifs et doux pour les déplacements, notamment la restructuration des déplacements dans la ville pour que les déplacements en vélo se développent au mieux et rapidement, l’extension de zones piétonnes, la végétalisation de la ville, le refus de l’élargissement de l’A480… La majorité grenobloise a porté tout cela au niveau de la Métropole, car ne le faire que dans une seule commune n’aurait eu aucun sens. Dans sa lettre aux seuls Grenoblois, M. Destot parle de la Métropole, mais curieusement pas dans son interview, car il ne voudrait pas apparaitre comme opposant au président socialiste de la Métro et à sa majorité plurielle qui est en accord avec la majorité grenobloise sur ces questions. Attitude très politicienne.

Sur la sécurité, sa seule proposition c’est la vidéosurveillance, comme pour la droite et l’extrême droite. Si c’était efficace, ça se saurait, vu que dans les villes où elle a été développée à outrance, l’insécurité n’a pas diminuée (voir l’exemple de Londres).

Il considère que Grenoble n’est pas en situation financière difficile malgré les très fortes diminutions des dotations de l’Etat (qu’il vote chaque année) et affirme que la situation à Saint-Etienne est bien pire et que les élus stéphanois ne jouent pas avec les peurs. Pour un député c’est grave de raconter de telles énormités, car la situation financière de Grenoble est bien pire que celle de Saint-Etienne. Il suffit d’aller consulter les comptes des communes sur ce site pour s’en persuader. Michel Destot a-t-il un jour ouvert un livre de comptes ? Sa gestion financière publique et privée n’a pas laissé de bons souvenirs.

La ville de Saint-Etienne a une fiscalité exactement dans la moyenne des grandes villes que ce soit pour la taxe d’habitation et pour la taxe foncière, alors que Grenoble est dans la moyenne pour la taxe d’habitation, mais championne de France pour la taxe foncière. Saint-Étienne a donc une possibilité d’utiliser le levier fiscal que n’a plus Grenoble.

Pour juger de la santé financière d’une commune il faut regarder la capacité d’autofinancement (CAF) qu’elle dégage pour payer ses investissements. Alors que St-Étienne entre 2010 et 2014 a stabilisé sa capacité d’autofinancement brute, la municipalité Destot a diminué systématiquement cette capacité en terminant son mandat sur un budget 2014 insincère camouflant en particulier les augmentations très importantes des frais de personnel. Dans les tableaux ci-dessous les chiffres sont donnés en euros par habitant pour pouvoir faire une comparaison correcte entre les deux villes.

CAF brute €/h 2010 2011 2012 2013 2014
Saint-Étienne 207 203 187 235 203
Grenoble 235 229 221 202 141

 

CAF nette €/h 2010 2011 2012 2013 2014
Saint-Étienne 77 66 56 101 69
Grenoble 78 77 40 37 -41

La capacité d’autofinancement nette est la CAF brute diminuée des remboursements d’emprunt, c’est ce qui permet d’investir en empruntant moins. Or Saint Etienne malgré sa dette plus importante a maintenu une CAF nette positive et constante, alors que Grenoble a glissé rapidement vers le négatif. Le graphique ci-dessous en dit plus long que la longue lettre de l’ancien maire silencieuse sur ce point essentiel.

Autofinancement

Voilà l’héritage laissé par M. Destot et J. Safar aux Grenoblois et à la nouvelle équipe municipale. Si tout ne va pas bien à Grenoble on en connait les responsables. Cela aurait valu le coup que l’ancien maire l’écrive aux Grenobloises et aux Grenoblois. Nous lui fournissons les tableaux et les graphiques pour écrire une lettre rectificative.

L’augmentation des recettes fiscales a rapporté plus de 28,7 M€ en 2014 par rapport à 2008, alors que la baisse des dotations de l’état n’ont été que de 6,5 M€. Résultat : M. Destot et son Adjoint aux finances J. Safar ont augmenté les impôts locaux en 2009, après avoir promis dans son programme de 2008 associant la gauche et la droite, de ne pas les augmenter pour se faire réélire. On voit alors quel gaspillage a été organisé durant tout le mandat précédent. Entre 2014 et 2016 les recettes fiscales augmenteront de 5,4 M€ tandis que les dotations de l’Etat diminueront de 11,4 M€ ! Il y a là un vrai appauvrissement de la ville mal gérée par l’équipe précédente contrairement à la moyenne des autres communes et qui est touchée de plein fouet par les décisions gouvernementales. Un député, élu national, qui a le souci comme il le clame de manière un peu grandiloquente, de l’avenir de Grenoble et des métropoles devrait en prendre conscience au lieu de fermer les yeux de manière irresponsable.

La nouvelle majorité se retrouve dans une situation inédite où la ville aurait pu être mise sous tutelle de l’Etat dès 2015 si elle n’avait pas réagi immédiatement et si elle n’avait pas alerté les citoyens. Evidemment cette austérité financière imposée par le gouvernement soutenu activement par le député Destot a des conséquences négatives sur le service public et sur les subventions aux associations. Si fin 2016 les députés continuent de voter les baisses des dotations de l’Etat, la ville de Grenoble devra refonder profondément ses activités pour survivre en 2017 et les années suivantes.

Pour le moment, les oppositions PS et alliés, droite et FN ont été incapables de proposer une quelconque alternative, sauf de penser à augmenter les impôts qui pèsent déjà trop sur les Grenobloises et les Grenoblois pour permettre de continuer, comme avant, à jeter l’argent public par les fenêtres. On ne leur demande pas d’avoir du génie, mais seulement du courage. A l’évidence une denrée rare notamment dans l’opposition PS puisqu’il faut qu’elle fasse appel à l’aide épistolaire d’un ancien maire, qui ne siège plus au conseil municipal.

La nouvelle majorité a promis de ne pas augmenter les taux des impôts municipaux car elle estimait qu’ils étaient trop élevés et injustes. Elle a fait cette promesse avant de connaitre la nouvelle politique d’austérité du gouvernement. Elle espérait que le gouvernement aurait entrepris les réformes fiscales promises en 2012 de ces impôts trop élevés et toujours injustes. Compte tenu des renoncements gouvernementaux, la nouvelle majorité municipale tient bon sur cette position difficile mais qui implique des sacrifices pour toutes les Grenobloises et pour tous les Grenoblois. C’est le seul langage de vérité à tenir et l’ancien maire de Grenoble, toujours député de la nation aurait dû s’en inspirer. On peut douter qu’une majorité d’habitants se mobilise pour demander à l’équipe municipale de Grenoble d’augmenter un peu les taux des impôts pour diminuer les inconvénients de la politique d’austérité gouvernementale imposée. Chiche ! Lors de sa prochaine intervention à l’assemblée nationale le député M. Destot interviendra dans ce sens !

Si on voulait compenser la baisse des dotations de l’Etat par une augmentation des taux il aurait fallu augmenter les taux des impôts de 4,5% chaque année de 2015 à 2018, soit en 2018 de 20% de plus qu’en 2014 !!! Cela montre bien l’ampleur du désastre financier qui touche la ville.

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