Budgets des cultures : gardons le sens de la mesure !

Publié le 13 mai 2016

auditorium-MC2Rappelons d’abord une réalité trop souvent méconnue : en France le budget du Ministère de la Culture est concentré à 70% sur les grandes institutions parisiennes. Dès lors en province l’essentiel de l’effort culturel pour soutenir ce secteur repose sur les collectivités locales… à qui l’Etat a décidé de faire supporter l’essentiel de la cure d’austérité imposée pour respecter les plafonds d’endettement européens ! Voilà la première cause des difficultés du secteur culturel, par ailleurs miné par un recours abusif à la précarité de l’emploi.

Drôle de débat qui s’instaure sur les financements des activités culturelles par la ville de Grenoble. On comprend bien que chaque acteur subventionné défende son niveau de subvention ou voudrait l’augmenter, mais dès que la ville s’interroge sur le niveau de financement qu’elle peut allouer à telle ou telle activité et quelle propose une diminution d’une subvention, des réactions passionnelles crient à la remise en cause des activités culturelles, comme s’il était interdit de s’interroger sur la manière dont est utilisé l’argent public. Rappelons simplement que la Constitution impose que les citoyens puissent contrôler l’utilisation de l’argent public et qu’ils ont le devoir de critiquer les mauvaises gestions. Aucun gestionnaire d’argent public n’est en droit d’exiger de recevoir pour l’avenir la même subvention ! La démocratie impose que l’utilisation de l’argent public se discute et qu’il n’y ait pas de situation acquise pour l’éternité. C’est aussi pour cela que la nouvelle majorité a décidé de mettre en place des comités d’avis pluralistes (mêlant élus, personnes qualifiées et citoyens tirés au sort) statuant sur les subventions aux associations et structures culturelles, en rompant ainsi avec la politique du « fait du prince » antérieure et en veillant à la pluralité et au renouvellement des bénéficiaires.

Prenons l’exemple de la MC2. Personne de bonne foi ne peut affirmer qu’il serait impossible faire quelques économies de gestion sur un budget de 12 M€ en 2015. Toute diminution même minime (106 000 €) mettrait en cause l’activité culturelle elle-même !!! Ceci reviendrait à affirmer que la gestion est parfaite et qu’il n’y a rien à redire ! La gestion passée n’a pas été exempte de tout reproche et les déficits se sont creusés sans que le directeur de MC2 ne cherche à construire un autre modèle, se bornant à compter sur son réseau d’influence pour décrocher des subventions exceptionnelles comme cela a été le cas cette année (150 000 € apportés in extremis par l’Etat qui pourtant jure ne plus avoir d’argent…).

Rappelons que par le passé, l’équipement a dû absorber des baisses bien plus significatives puisqu’entre 2009 et 2014 le budget du Conseil Géneral de l’Isère, alors présidé par André Vallini, a baissé de 450 000 euros. On n’a pas entendu alors des réactions aussi véhémentes.

La réalité est que la ville va poursuivre son fort soutien à la MC2 en versant une subvention en 2016 de 1,65 M€ sans compter les travaux à sa charge et le loyer que la MC2 ne verse pas (1,7 M€).

Globalement dans le budget de la ville, la subvention à la MC2 va augmenter par rapport à l’ensemble des dépenses de fonctionnement, qui diminuent fortement pour éviter la mise sous tutelle, ce qui ne sera pas le cas de nombreuses autres activités tout aussi essentielles.

Par exemple les services culturels de la ville subissent eux une cure d’austérité 6 fois plus drastique que MC2 avec une baisse de 5% de leur budget de fonctionnement contre 0,9% à MC2. Ce qui n’empêchera pas le budget culture de rester le 3e budget de la ville à plus de 30 millions €.

Aujourd’hui, la priorité, pour la MC2 est de bâtir un véritable projet d’établissement, ambitieux sur le plan artistique, coordonné avec d’autres acteurs culturels, ouvert sur la ville et son agglomération et doté d’une stratégie financière viable pour permettre un retour rapide à l’équilibre. Il est même sidérant de découvrir que ce beau navire n’a pas de cap fixé après débat entre les administrateurs, pas de projet d’établissement depuis des années !

D’autres acteurs culturels sont en grandes difficultés comme le Ciel, qui risque d’être liquidé si l’Etat et de Département ne veulent plus le financer. Il sera impossible pour la ville de compenser ces retraits.

Par contre la Chaufferie va changer ses activités et devenir un équipement jeunesse pour le secteur Jouhaux-Teisseire. Cet équipement accueillera des activités culturelles destinées aux jeunes, de l’aide aux devoirs… et continuera d’accueillir le département musiques actuelles du Conservatoire de Grenoble.

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