Plan de sauvegarde des services publics grenoblois

Publié le 10 juin 2016

Plan-sauvegardeSix mois après la « journée sans services publics » du 25 novembre 2015 qui faisait suite à l’annonce de la baisse violente des dotations de l’Etat, l’équipe municipale a présenté « le Plan de sauvegarde des services publics locaux (2016-2018) », élaboré par les élus et les services durant 6 mois. Nous reviendrons prochainement sur l’analyse de ce plan qui comporte une multitude de décisions très importantes qui vont dessiner l’avenir de la ville dans les prochaines années.

Nous avons demandé à Vincent Comparat qui a beaucoup travaillé sur la gestion financière de la ville depuis des années, quelles était ses réactions par rapport à ce plan ?

« En préliminaire il faut appeler un chat, un chat et ne pas faire croire à de fausses solutions. La loi impose des règles budgétaires strictes pour les collectivités territoriales et c’est très bien, cela leur interdit de faire n’importe quoi contrairement à l’Etat. Face aux baisses très importantes des dotations de l’Etat, il y avait trois solutions :

Première solution : la mairie laissait faire et la mise sous tutelle arrivait dès 2015 et abandonnait à l’Etat le soin de gérer la ville (augmentation brutale des impôts, baisse des dépenses non obligatoires à l’aveugle, sans se préoccuper des conséquences).

Deuxième solution, viser les économies en fonctionnement justes nécessaires pour avoir une épargne permettant de payer les amortissements (dépense obligatoire) soit 15 à 16 M€ et sacrifier l’investissement. Cela évite les grosses économies en fonctionnement mais sacrifie l’avenir avec une incertitude sur la capacité à rembourser la dette dans les règles légales.

La troisième solution, c’est d’économiser plus en fonctionnement pour dégager une épargne suffisante pour maintenir un niveau d’investissement permettant d’entretenir à minima le patrimoine et préparer l’avenir correctement, plan école, plan pour l’accessibilité… et rembourser les coûts partis (déficits des ZAC par exemple).

C’est la troisième solution qui a été choisie et heureusement, car la politique reste au poste de commande.

Il s’agit d’abord d’un plan de sauvegarde du service public, c’est-à-dire un ensemble de choix politiques visant à permettre dans l’immédiat (les deux ans à venir) de sauver le fonctionnement même de la machine municipale et à terme trouver un fonctionnement équilibré sur le moyen et long terme.

Dès la découverte de la situation très dégradée des finances de la ville en 2014, la majorité municipale a été obligée de prendre des mesures immédiates pour éviter d’arriver dans le mur, mais l’inertie financière d’une grande machine comme la ville de Grenoble est très importante et freiner fortement ses dépenses quand ses recettes diminuent est un travail demandant aux élus et service une mobilisation de tous les instants. La diminution très violente des dotations de l’Etat en 2015 a aggravé considérablement la situation et les baisses continuent en 2016 et 2017. Si la nouvelle majorité avait voulu poursuivre le fonctionnement de la ville comme elle avait été géré entre 2008 et 2014, et ce, jusqu’en 2020, il aurait fallu augmenter les impôts locaux de 20 % !!! Et cela en supposant que les baisses des dotations de l’Etat cessent en 2018.

Chaque Grenoblois qui regarde sa feuille d’impôt pourra mesurer exactement les économies qu’il va faire durant ces années grâce à la décision de la mairie ne pas augmenter les taux des impôts durant ce mandat. C’est un choix courageux qui évite de transférer l’austérité gouvernementale sur les contribuables grenoblois. L’équipe municipale a fait ce choix car les impôts locaux sont déjà très élevés et particulièrement injustes mais oblige à des décisions très rudes pour réorienter les dépenses très rapidement. Mais est ce que la mairie en est capable ?

Le 20 juin au conseil municipal sera voté le compte administratif de l’année 2015 qui, d’après les premières informations données aux conseillers municipaux, retrace de très près les prévisions faites pour 2015. Cette première année de nouvelle gestion montre que l’équipe municipale a repris le contrôle des finances qui avait échappé à l’ancienne équipe dès 2013 et totalement dérapé dans le budget 2014. Donc il y a un pilote aux manettes qui fait ce qui a été décidé, c’est rassurant pour l’avenir.

On peut discuter des propositions de la majorité sur les choix politiques, mais financièrement la voie de la sortie était extrêmement étroite et celle qui est choisie est la moins mauvaise car elle réorganise en profondeur les services pour maintenir au mieux le service rendu aux Grenoblois.

Ce que fait l’équipe municipale est exactement l’inverse de ce qu’avait fait A. Carignon lorsqu’il a été obligé de faire son plan d’austérité après avoir endetté la ville comme jamais. Il avait alors inventé le concept de ville maigre après avoir vendu au privé les services publics pour renflouer les caisses.

Ce plan a été longuement pensé en étroite collaboration entre les élus et les responsables des services, c’est-à-dire en connaissance parfaite du fonctionnement au quotidien de la machine municipale. C’est le contraire d’une politique uniquement financière, ce sont bien des choix politiques qui sont imprimés dans ce plan avec le souci de conserver la volonté de faire de Grenoble une ville pour tous. Il s’agit d’une véritable révolution dans l’organisation du service public local.

Ce qui m’étonne le plus c’est qu’il y a encore des politiques grenoblois qui n’ont pas saisi les conséquences des baisses des dotations de l’Etat et qui pensent qu’on pouvait passer à travers la tempête tant bien que mal. Heureusement qu’ils ne sont pas aux affaires. »

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