Une tribune libre du CLUQ

Publié le 18 novembre 2016

cluqNous avions proposé au CLUQ (Comité de Liaison des Unions de Quartier de Grenoble) une réaction suite à la votation citoyenne pour notre édition du 21 octobre, il n’avait pas pu le faire. Il profite de la lettre ouverte qu’il vient d’envoyer au maire pour nous proposer une réaction à notre article du 21 octobre. Nous éditons volontiers ce courrier accompagné de la lettre ouverte au maire du 11 novembre.

Nous proposerons à la majorité municipale d’y répondre si elle le souhaite. Nous souhaitons ainsi que le débat s’instaure et que les bonnes solutions émergent pour l’avenir, sachant que la question du stationnement payant (horodateurs et ticket résident) doit être revue de manière approfondie car des changements législatifs et règlementaires importants s’appliqueront au 1er janvier 2018.


A la rédaction de “Le Rouge et Le Vert”

Nous avons pris connaissance de votre article du 21 octobre titré « Succès du vote sur les budgets participatifs et mitigé sur la votation citoyenne ». Si nous partageons un certain nombre de vos remarques, nous ne pouvons pas vous suivre quand vous concluez que « Quoi qu’il en soit, l’essentiel de l’objectif de cette votation est atteint et les deux parties peuvent trouver satisfaisant ce premier exercice de votation citoyenne (…) » ni quand vous écrivez que « le CLUQ a admis à demi-mot [que croire que seule l’abrogation pouvait conduire à la concertation n’était pas la bonne méthode] puisque n’ayant pas obtenu l’abrogation il demande tout de même la concertation. »

En effet, nous ne trouvons pas satisfaisant ce 1er exercice de votation citoyenne, particulièrement ses conditions matérielles et de publicité, qui, vous le savez bien, sont les éléments essentiels d’une démocratie effective. De même, notre proposition de scinder la délibération de juin 2016 en deux (horodateurs d’un côté et ticket résident de l’autre), n’est pas la reconnaissance d’une quelconque erreur mais plutôt la volonté de préserver l’intérêt, et par conséquent l’existence même, des outils d’interpellation citoyenne en donnant un débouché à un vote majoritaire clair.

Nous nous en sommes ouverts en détails auprès du Maire et du Conseil Municipal au travers de la lettre ouverte ci-dessous : sa lecture permettra ainsi à chacun de se faire son opinion, arguments à l’appui.


Lettre ouverte au Maire de Grenoble
au sujet de la votation citoyenne sur le stationnement

Grenoble, le 11 novembre 2016

Monsieur le Maire,

Notre pétition demandant l’abrogation des décisions du 20 juin 2016 en matière de stationne­ment et la mise en place de la concertation promise pendant la campagne a été largement approuvée par les Grenoblois puis­qu’elle a recueilli 4 515 votes OUI contre 2079 voix pour le NON, soit un score de 66 % contre 31 % [1].

Dans votre communiqué du 15 octobre, vous vous êtes félicité du niveau de participation qui permettait à Gre­no­ble de rentrer dans le « dans le top européen de la participation européenne, au même niveau que la parti­cipation à Paris » pour aussitôt expliquer que la pétition ne serait pas mise en œuvre faute de « 20 000 voix majoritaires ». Comment peut-on à la fois se féliciter du taux de participation et ne pas prendre en compte le résultat de ce vote majoritaire ?

De même, continuer de faire référence au résultat des élections de mars 2014 alors les conditions d’orga­nisa­tion et de publicité de cette première votation ne sont en rien comparables à celles des Municipales de 2014 pose vraiment question. En effet, si en mars 2014, comme pour la votation du 15 octobre 2016,…

1- la campagne n’avait duré que 15 jours

2- aucune profession de foi de candidat n’avait été diffusée à tous les grenoblois [2]

3- certains candidats avaient disposé de 10 fois plus de moyens que d’autres [3]

4- les bureaux avaient été ouverts :

– 3 fois moins de temps que d’habitude

– 70% du temps pendant les heures de travail

– dans 8 bureaux de votes au lieu de 87

… vous n’auriez jamais eu autant de votants [4]et le résultat de l’élection municipale aurait sans aucun doute été invalidé par les autorités compétentes.

Pour toutes ces raisons, le résultat de la votation ne peut être légitimement comparé à celui des élections Muni­cipales de 2014. Que faire alors ? Le CLUQ s’est toujours montré enthousiaste et volontaire vis-à-vis de cet outil d’interpellation citoyenne, et continue de croire qu’il constitue une véritable avancée démocra­tique… à condition qu’il « redonne [vraiment] du pouvoir d’agir aux habitants ». C’est pourquoi si vous voulez que les Grenoblois continuent de s’en saisir, vous ne pouvez ignorer le résultat de cette première vota­tion et devriez faire preuve d’ouverture sur le sujet du stationnement résident. A cette fin nous vous proposons :

– à court terme, de revoir la délibération de juin 2016 en conservant les tarifs des horodateurs en l’état, mais en vous engageant dès demain pour une remise à plat totale des tarifs du ticket rési­dent, et la mise en place de la concertation demandée sur la politique de station­nement et d’un calendrier [5]. Préci­sons que cette concertation ne peut, en aucun cas, être confondue avec la mise en place d’un Comité de suivi Station­nement limité à « identifier les insuffisances et faire des propositions de correc­tions » des décisions déjà prises (P. Clouaire, DL du 16/10/16).

– à moyen terme, de réellement prendre en compte les propositions que les habitants vous feront pour revoir l’ensemble du dispositif lors des réunions de la Commission de suivi des dispositifs d’interpellation.

Assuré que vous saurez prendre les décisions nécessaires pour que « redonner du pouvoir d’agir aux habitants » soit plus qu’une formule séduisante, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, nos sincères salutations.

Pour le bureau du CLUQ,
Gilles NAMUR, président

Copie à : tous les conseillers municipaux

[1] Il faut noter que sur 6 784 votants, près de 70% habitent les secteurs payants (secteur 1 (1442), 2 (2518) et 4 (1008)) et que sur ces secteurs (1-2-4 payant), la liste Une ville pour tous a recueilli 7 371 voix au 1er tour et 10 667 au 2e tour.

[2] Dès juillet, nous vous demandions de déplacer le scrutin en novembre pour permettre une campagne d’un mois. Ce que vous avez plusieurs fois refusé. Notre demande d’envoi à tous les Greno­blois un document comprenant la profes­sion de foi du CLUQ et celle de la Municipalité a essuyé les mêmes refus. Ainsi, le jour de clôture du scrutin, de nombreux Grenoblois ignoraient encore son existence.

[3] Vous avez refusé de nous octroyer des frais d’impression de campagne (2 000 €) alors que les élus de la Majorité municipale faisaient, pour un montant estimé à 10 000 €, distribuer un tract par la Poste dans les 70 000 boîtes grenobloises pendant la semaine de vote.

[4] Dans ces conditions, ce n’est qu’environ 16 400 Grenoblois qui auraient pu matériellement voter aux Municipales 2014. En effet, en 2014, 87 bureaux ouverts en continu de 8h à 20h le dimanche, soit 1024 h au total, ont permis à 49 161 personnes de voter (2e tour) et le 15 octobre 2016, c’est entre 8 (lundi au vend.) et 11 bureaux (sam.) ouverts au total seulement 370 h, dont 250 h pendant les heures de travail (70%) : soit environ 3 fois moins de temps d’ouverture donc 3 fois moins de votants possibles (49 161/3 = 16 387).

[5] C’est la proposition que nous avons faite à vos adjoints le 15/10 au soir, et pour laquelle nous n’avons reçu, à ce jour, aucune réponse.

Mots-clefs : , , ,

Le commentaires sont fermés.