Qui est (vraiment) Charlie ?

Publié le 20 janvier 2017

© Dauphiné Libéré

Trois chercheurs (un de Paris et les deux autres de l’Université de Grenoble) ont publié en août 2016 dans une revue internationale un article sur la question : les manifestations de janvier 2015 suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher étaient-elles anti-musulmanes ? Cette thèse était défendue par E. Todd dans son livre « Qui est Charlie . Les trois chercheurs apportent une démonstration pertinente contredisant l’affirmation de E. Todd en montrant que les villes où le niveau de préjugés implicites envers les Maghrébins est le plus faible ont eu les manifestations les plus importantes comme à Grenoble, Rennes et Rodez.

Voici un extrait du résumé en français de l’article en anglais : « Suite aux attentats de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, plus de 4 millions d’individus se sont rassemblés en France dans un élan d’unité nationale. Rapidement, des critiques ont émergé, soutenant que même si les manifestants ont affiché des attitudes ouvertement antiracistes, ils étaient en fait motivés par des préjugés implicites vis-à-vis de la population musulmane.

Notre étude traite la question de savoir si les préjugés implicites mesurés au niveau d’une ville peuvent prédire les taux de participation aux manifestations dans chacune de ces villes. Pour cela, nous avons utilisé les données issues de l’IAT Français/Maghrébins du Project Implicit collectées en France entre 2007 et 2014 (N = 3365, 35 villes) et calculé un score IAT moyen pour chaque ville. Nous avons ensuite testé si ces scores IAT permettaient de prédire le taux de participation observé dans chaque ville. Contrairement à l’idée que les « manifestants Charlie Hebdo » aient été poussés par des préjugés implicites vis-à-vis des musulmans, nous avons observé que les villes les plus biaisées à l’encontre du groupe « Maghrébins » (en comparaison au groupe « Français ») ont moins, et non pas davantage, participé aux manifestations Charlie Hebdo. Ces résultats montrent également, pour la première fois, que le niveau de préjugés implicites mesuré au niveau de la ville, parfois plusieurs années avant le comportement cible (2007), permet de prédire des comportements de masse. »

Voir sur le site « the Conversation » un article du 10 janvier qui présente le travail des trois chercheurs et comment ils mesurent les préjugés implicites des manifestants :

 

 

Mots-clefs : ,

Le commentaires sont fermés.