Des indicateurs du bien être soutenable et territorialisé (IBEST) pour la métropole

Publié le 9 juin 2017

Une équipe de chercheurs – économistes, sociologues, urbanistes, politistes, informaticiens… – réunis autour du centre universitaire de recherche en économie de Grenoble (CREG) ont mené un travail de recherche depuis plusieurs années pour proposer aux acteurs de la métropole grenobloise de nouveaux indicateurs, alternatifs à ceux classiquement utilisés, permettant de saisir différentes formes de bien-être. Le rapport final de leurs recherches s’intitule : « Construction et représentation des Indicateurs d’un Bien-Être Soutenable et Territorialisé dans l’agglomération grenobloise »

« L’expérimentation IBEST s’inscrit dans le prolongement d’une réflexion menée localement à partir du rapport Viveret, Reconsidérer la richesse (2001) critiquant les indicateurs classiques de mesure de la richesse (type PIB) et incitant à mieux compter « ce qui compte » …

Cette réflexion a fait largement écho aux observations des intervenants dans le champ de la politique de la ville : les indicateurs sociaux traditionnels sont centrés sur les difficultés des personnes en termes de chômage, précarité, délinquance… Cette posture, qui permet de faire apparaître les disparités socio-spatiales, a des effets pervers bien connus depuis les politiques de zonage : la statistique dresse des rapports stigmatisant certains quartiers, omet une partie -positive- de la réalité, et surenchérit sur une image déjà négative des quartiers…

Le « bien-être » renvoie à la fois à des notions subjectives, difficilement mesurables, mais aussi à la notion plus quantifiable de ressources mobilisables par un individu pour bien vivre : réseaux et liens sociaux, solidarités de proximité, capacité d’agir, de s’engager. Bien-être « soutenable » ou « durable » parce que l’idée est que le bien-être d’un individu est aussi conditionné par sa capacité à se projeter, à s’appuyer sur des ressources stables dans le temps…

L’IBEST fournit une nouvelle vision alternative du territoire en liant les enjeux sociaux aux enjeux environnementaux. Les indicateurs pris pour mesurer le bien-être sont les suivants :

Travail/emploi

  • Pourcentage de satisfaction à l’égard de son travail et de ses conditions d’emploi
  • Pourcentage de personnes exprimant un sentiment de justice salariale 
  • Indice d’inégalité de Gini

Affirmation de soi et engagement

  • Pourcentage de personnes déclarant avoir le sentiment d’avoir le contrôle sur leur vie
  • Pourcentage de personnes déclarant avoir confiance en autrui
  • Pourcentage de personnes ayant plutôt confiance dans le système éducatif 
  • Pourcentage de personnes ayant participé à une association ou à une mobilisation collective 

Démocratie et vivre ensemble 

  • Pourcentage de personnes déclarant avoir plutôt confiance dans les institutions
  • Pourcentage de personnes déclarant pouvoir compter sur quelqu’un en cas de difficultés
  • Pourcentage de personnes ayant au moins été aidées ou ayant aidé au moins une fois au cours des six derniers mois 

Environnement naturel 

  • Pourcentage de personnes triant toujours leurs déchets 
  • Pourcentage de personnes vivant dans un logement très bien isolé
  • Pourcentage de tests positifs concernant la qualité bactériologique de l’eau de consommation courante
  • Pourcentage de personnes utilisant un mode de transport « doux » ou « semidoux » pour se rendre à leur travail 
  • Indice de la qualité de l’air 
  • Taux d’artificialisation des sols 
  • Pourcentage de personnes trouvant leur quartier pollué ou sale 

Santé 

  • Pourcentage de personnes peu ou pas stressées
  • Pourcentage de personnes déclarant une santé mauvaise et non suivies médicalement 

Accès et recours aux services publics 

  • Pourcentage de personnes ayant un accès physique facile à toutes les commodités
  • Pourcentage estimé de non recours aux aides sociales 

Le temps et le rythme de vie

  • Pourcentage de personnes en situation d’équilibre des temps d’activité
  • Pourcentage de personnes mettant moins d’une demi-heure pour se rendre à leur travail 

L’accès durable aux biens de  subsistance 

  • Pourcentage de personnes vivant dans un logement non suroccupé
  • Pourcentage de personnes au•dessus du seuil de pauvreté
  • Pourcentage de personnes déclarant se restreindre sur l’alimentation
  • Pourcentage de personnes déclarant se restreindre sur les soins médicaux
  • Taux d’adéquation entre l’offre et la demande d’hébergement social

Les auteurs évaluent le niveau de bien être pour la métropole à 0,633 et pour Grenoble à 0,631. Si un territoire atteignait l’IBEST de 1, cela signifierait qu’il est soutenable pour tous ses habitants. Le fait que le niveau de l’IBEST soit quasi identique sur les territoires de l’agglomération « permet de montrer que les territoires sont confrontés à des enjeux communs, puisqu’ils sont tous dans une situation intermédiaire en termes de bien être soutenable et évite une mise en concurrence des territoires entre eux via la comparaison.

L’indicateur est donc tourné vers les changements à opérer dans la perspective de la transition écologique et sociale, ce qui constitue un atout d’un point de vue opérationnel et communicationnel. »

Le rapport peut être téléchargé en deux parties : ici et .

Mots-clefs : ,

Le commentaires sont fermés.