L’austérité financière pèse lourdement sur l’urbanisme

Publié le 27 octobre 2017

A part la Caserne de Bonne, les grandes opérations d’urbanisme seront lourdement déficitaires à Grenoble. L’équipe municipale a hérité de lourds passifs dans les opérations d’aménagements lancées avant 2014 et qui n’ont pas pu être stoppées (les recours n’ont pas abouti) contrairement au projet de l’Esplanade qui a été bloqué par l’annulation de la révision simplifiée du PLU qui autorisait des constructions sur la Grande Esplanade. Fin 2013, l’engagement financier de la ville dans les ZAC atteignait la somme pharamineuse de 190 millions d’euros jusqu’en 2034. La municipalité a repris dans le détail ces dossiers et a limité un peu la facture, mais les coups partis sont lourds et la ville doit prévoir en moyenne 7 millions d’euros par an pour les aménagements durant les années à venir, ce qui pèse très lourdement dans les dépenses d’investissement.

Comme la ZAC Esplanade n’avait quasiment pas démarré, la municipalité a pu tout arrêter et reprendre le projet dans sa totalité et a annulé la ZAC (en indemnisant l’aménageur d’une petite somme).

Le projet de l’Esplanade est en train de prendre forme après une longue concertation et une co-construction qui va se poursuivre. Le 19 octobre le public était invité à discuter des variantes autour du projet proposé par HDZ afin que la ville puisse arrêter le plan-guide d’aménagement en décembre 2017 ; la co-construction se poursuivra ensuite pour affiner le projet. Les concepteurs ont fait un important travail pour construire un projet cohérent malgré l’austérité financière qui limite de nombreuses possibilités.

Il y aura tout de même des investissements publics lourds : végétalisation de la grande Esplanade, 7 ha de parcs en quatre pièces (Grande Esplanade, Porte de France, parc de la Casamaures, parc en long des berges de l’Isère) la reconstruction de l’équipement boulodrome, la passerelle vers le quartier Jean Macé, des restructurations de voiries…

Il y a donc un saut qualitatif important pour le quartier avec une vocation d’espaces publics sportifs et ludiques, de vues sur les grands paysages…

Par rapport aux engagements pris par l’équipe municipale avant les élections, la plupart ont été intégrés ; il y a deux points qui diffèrent : il ne sera pas prévu un grand équipement public métropolitain et le nombre de logements est supérieur à ce qui était prévu (environ 650 logements, dont 150 sur la petite Esplanade et 500 sur la zone comprise entre le boulevard de l’Esplanade et la route de Lyon).

L’équipement public important n’a pas été plébiscité lors de la co-construction et il aurait fallu le financer. Donc ne pas l’envisager permettait de faire des économies d’argent public.

Le chiffre du nombre de logement neufs tourne actuellement autour de 900 logements mais avec une centaine sur des terrains Vicat coté Bastille de la route de Lyon (en dehors du périmètre prévu initialement). Il y a donc à peu près 150 logements supplémentaires par rapport à la prévision sur les deux zones où il était prévu environ 650 logements.

C’est sur la petite Esplanade que la majorité du supplément est actuellement prévu, pour une simple raison, c’est le meilleur moyen pour la ville de diminuer l’impact financier sur le budget de la ville du projet global de l’Esplanade. En effet, avec les ateliers municipaux, la petite Esplanade est le seul grand terrain qui appartient à la ville et donc qui peut lui permettre de récupérer des financements par la vente du foncier et ainsi alléger la facture de l’important aménagement de ce quartier.

Avec la politique d’austérité financière imposée par l’Etat et qui va se poursuivre, la ville a perdu les moyens financiers qui auraient pu lui permettre de mener une politique d’aménagement encore plus ambitieuse.

Il reste qu’implanter 250 logements sur la petite Esplanade est peut-être un peu exagéré, bien que la présence très proche de l’arrêt de tram (Casamaures – Village) justifie une densification plus importante (comme pour l’ilot Peugeot) que dans les autres zones de l’Esplanade.

La puissance publique n’a plus les capacités financières d’impulsion pour développer une politique de préemption dynamique ou d’aménagements coûteux. La ville manque cruellement de moyens pour avoir une liberté d’action significative dans le projet ANRU 2 porté par la Métropole et qui concerne les deux villes Echirolles et Grenoble, principalement les Villeneuves. Et la politique de baisse des loyers imposée brutalement d’en haut aux les bailleurs sociaux va diminuer drastiquement leurs possibilités d’interventions dans ce projet avec le risque de laisser à l’abandon ces quartiers.

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