Les morts de la rue : 2700 décès par an !

Publié le 1 décembre 2017

Le « Collectif Les Morts de la Rue » (CLMR) publie une étude « La mortalité des personnes sans domicile entre 2012 et 2016 ». Pour estimer le nombre de décès de personnes vivant dans la rue, l’enquête part du nombre de cas signalés au CLMR, dans une étude de 2013 du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès, de l’Inserm.

L’étude donne de nombreuses informations très inquiétantes : en 5 ans de 2012 à 2016 il y aurait eu 13 371 décès de personnes SDF soit environ 2700 décès par an. L’âge moyen national au décès est autour de 49 ans, mais légèrement plus élevé en Ile-de-France (53 ans) et un peu plus faible en régions (48 ans). Les femmes « SDF » sont 9% des décès et meurent plus jeunes que les hommes (46,3 ans contre 49,9 ans). Il y a 35 enfants de moins de quinze ans décédés entre 2012 et 2016. Les personnes SDF d’origine étrangère décédées sont en augmentation (40% en 2016 contre 20% en 2012). Les personnes décédées ont passé, en moyenne, 10,3 années à la rue, une durée constante depuis 2014. Un tiers des personnes décédées a vécu ses derniers moments dans des lieux non prévus pour l’habitation (voie publique, abri, campement, tente, squat). La proportion de personnes hébergées en lieux de soins a augmenté (moins de 5% en 2012, plus de 20% en 2016). La moitié des causes de décès demeure inconnue ; les causes externes (agression, accident) sont plus fréquentes en régions (32%) qu’en Ile-de-France (22%), où les personnes décèdent davantage de maladie (31%).

L’étude du Collectif propose trois recommandations.

« 1 Prévention : Les facteurs de risque sont connus et les moments de passage à l’acte parfois repérables : il parait possible d’identifier les personnes les plus à risque et d’envisager des préventions. On peut suggérer, pour ces populations très fragiles, notamment lorsqu’elles sont nées hors de France et en errance depuis plus d’un an, de faciliter l’accompagnement lors de moments difficiles et/ou de privilégier la continuité dans la prise en charge à l’issue d’une hospitalisation ou d’une cure (notamment l’été ou lors des périodes de fin d’année). La mise en œuvre de ces mesures nécessiterait une coordination entre les acteurs des soins, du logement et de l’accompagnement social.

2 Analyse rétrospective : La revue systématique des décès, pratique empruntée à la médecine, a été testée à Indianapolis, concernant les suicides de personnes « SDF ». Un panel interdisciplinaire, réunissant police, travailleurs sociaux, médecins et psychiatres revoit systématiquement les décès par suicide de personnes « SDF » survenus dans cette ville et procède à des recommandations à intégrer dans les pratiques des professionnels impliqués dans l’accompagnement de ces personnes. Cette pratique pourrait être expérimentée en France à l’échelle d’une commune (Paris par exemple étant donné la hausse alarmante en 2016), afin que les travailleurs sociaux puissent bénéficier des retours d’expérience dans leur pratique.

3 « Un chez-soi d’abord » : Les projets de « un chez-soi d’abord » à destination des personnes souffrant de troubles psychiatriques, et notamment schizophrènes, ont un réel impact sur les pensées suicidaires des bénéficiaires et donc sur le passage à l’acte. Ce type de projet innovant existe déjà en France, sans que l’impact sur les risques suicidaires n’ait été évalué, ni qu’une phase pilote n’ait été créée pour une population « SDF » ne manifestant pas de troubles psychiatriques. »

Voir le site ici.

Mots-clefs : ,

Le commentaires sont fermés.