Les dégâts sur l’urbanisme de l’austérité imposée

Publié le 8 décembre 2017

L’austérité financière imposée aux communes et aux intercommunalités les prive de capacité d’intervention notamment pour les opérations d’aménagement urbain. La ville de Grenoble a été beaucoup plus atteinte que les autres grandes villes par la situation financière très dégradée laissée en 2014 par l’ancienne équipe municipale ce qui l’a fortement handicapée face aux diminutions des dotations de l’Etat entre 2014 et 2017. La nouvelle politique gouvernementale d’encadrement strict des dépenses et de la dette n’allègera pas la situation. Maintenant il se greffe l’attaque violente sur les bailleurs sociaux qui se voient imposer une diminution d’au moins 60 € par mois des loyers des habitants touchant les APL. Les recettes des bailleurs sociaux (en particulier les OPH) dépendent quasi exclusivement des loyers ou des ventes de leur patrimoine. Cette politique va avoir des conséquences très dures à Grenoble et dans les quartiers inscrits dans la politique de la ville de la Métro.

L’ADES n’a jamais été favorable à la destruction de logements notamment sociaux, car comme le disait Jean-François Parent on ne règlera pas des problèmes sociaux par la démolition du bâti. Il vaut toujours mieux réhabiliter plutôt que détruire, quand c’est possible. Rappelons que l’ADES s’était opposée fortement à la destruction du 50 galerie de l’Arlequin qui n’était pas justifiée.

Deux dossiers vont être fortement impactés par ces politiques d’austérité imposées : le renouvellement urbain de la Villeneuve et celui de l’Abbaye.


Le renouvellement urbain à la Villeneuve : ni la Ville, ni la Métro ni ACTIS, ni Grenoble Habitat n’ont les moyens d’avoir une politique autonome face à l’ANRU. Les bâtiments du 10 et 20 galerie de l’Arlequin sont en cours d’abandon par le bailleur social, la SCIC Habitat, après les avoir laissés se dégrader. Il n’y a pas de repreneur possible et d’autres bailleurs comme ACTIS n’en ont pas les moyens. Selon les décideurs, il y aurait deux solutions, la destruction ou l’abandon. Laisser se dégrader un tel patrimoine aura pour conséquence une perte de valeur des autres bâtiments et une dégradation de cette partie du quartier qui n’en a pas besoin. Personne ne peut se résoudre à un tel avenir. Si l’ANRU apporte dans le quartier des crédits supérieurs au coût de la destruction, cette dernière serait une solution, sans laisser croire que cette destruction règlera les questions sociales. A moins que l’ANRU n’accepte de prendre en charge une réhabilitation lourde des deux montées. Le débat reste ouvert : venez en discuter au Patio le 9 décembre au matin (voir agenda).


L’avenir de l’Abbaye : c’est un ancien quartier ouvrier mais dont le bâti est dégradé (béton de mâchefer) et demande une rénovation très lourde. La conservation de ce patrimoine historique est évidemment tout à fait légitime. Mais les bailleurs sociaux n’ont plus les moyens financiers de s’engager dans une rénovation de grande ampleur, c’est pourquoi il était envisagé une destruction-reconstruction en conservant peut être quelques bâtiments témoins de cette architecture, comme cela a été fait et réussi à Jean Macé. Le bailleur ACTIS perd beaucoup d’argent dans cette opération et a débuté une destruction d’une petite partie des bâtiments, mais ne peut pas poursuivre et va se résoudre à céder une grande majorité des bâtiments à des opérateurs privés qui pourront réhabiliter mais seront enclins à louer au prix du marché. Le maintien du patrimoine historique des bâtiments se fera alors au prix de la gentrification du quartier, abandonnant ainsi le patrimoine historique social (HBM : habitation à bon marché). Ce n’est pas non plus la meilleure solution. On voit dans cet exemple les contradictions importantes que doivent essayer de résoudre les pouvoirs publics. A partir du moment où l’Etat n’apporte pas les crédits nécessaires à la conservation du patrimoine, les lois du marché l’emportent puisque les opérateurs locaux n’ont plus de capacité d’action autonome.

Ces exemples montrent qu’il est important de se mobiliser contre les politique d’austérité imposées d’en haut et de retrouver des capacités d’actions en réformant l’ensemble de la fiscalité locale qui permettrait aux collectivités de mener des politiques à la fois sociales et patrimoniales.

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