Changement climatique… Que faire ?

Publié le 15 décembre 2017

À l’occasion du « One Planet Summit » qui s’est tenu le 12 décembre 2017 à Paris, le site internet « The Conversation » alimenté par des universitaires et journalistes exigeants propose, en téléchargement gratuit, son premier livre numérique. Les contributions de 50 spécialistes du changement climatique et de la transition énergétique y sont réunies, certaines inédites, d’autres déjà publiées précédemment.

Ce travail a été coordonné par deux universitaires grenoblois, Patrick Criqui et Michel Damian.

Voici la fin de leur introduction de cet ouvrage :

« Pour obtenir des trajectoires compatibles avec un réchauffement inférieur à 2 °C, comme le veut l’Accord de Paris, il faudrait en effet ramener à zéro les émissions peu après 2050, puis assurer un développement massif des « émissions négatives ». Ce concept a été introduit dans les scénarios du GIEC, dont un rapport spécial à paraître en 2018 contiendra sans aucun doute des développements sur ce thème.

Comment mettre en œuvre ces émissions négatives ? Différentes pistes sont ouvertes.

On peut d’abord appliquer sur une grande échelle des techniques de capture et stockage du carbone, non plus seulement en les associant aux installations utilisant des énergies fossiles, mais aussi à des centrales énergétiques fonctionnant à la biomasse. On peut également augmenter l’absorption et le stockage du carbone dans les sols. Plus exotique, on peut imaginer pomper du CO2 contenu dans l’atmosphère en le stockant sous forme de carbonates ou en le recyclant.

Ou encore, et cela suscite une inquiétude grandissante, en intervenant volontairement sur les grands cycles géochimiques, par dispersion d’aérosols dans l’atmosphère, ensemencement des océans ou déploiement de satellites « parasols ». C’est ce que l’on nomme la « géo-ingénierie », cet ensemble de manipulations à grande échelle de notre environnement, encore toutes hypothétiques et qui pourraient faire peser des risques directs sur les grands équilibres planétaires.

Aucune de ces technologies n’est pour l’heure prête à l’emploi et toutes posent de redoutables problèmes en termes de connaissances scientifiques, financement, éthique et gouvernance. »

Et la fin de la conclusion de Dominique Bourg, philosophe :

« Sapiens ?

Notons que, contrairement à ce qu’a toujours prétendu notre civilisation occidentale, il n’est pas de solution technique à tous nos problèmes. Tel est bien le cas du climat.

Il est largement trop tard pour résoudre et dissoudre le problème du changement climatique. Nous pouvons l’atténuer, et devons tout entreprendre pour ce faire, mais il conviendra de nous adapter, autant que faire se peut, à un monde changeant, nous qui avons toujours prétendu le maîtriser. Tel est l’un des sens profonds de l’entrée dans l’anthropocène.

Soulignons enfin un autre abîme : celui entre les savoirs que nous avons accumulés et leur inefficience quasi totale à nous mouvoir rapidement et efficacement pour cesser de compromettre l’habitabilité de la Terre. Y at-il une preuve plus claire du fait que nous ne méritons en rien notre qualification de sapiens ? Le savoir et les représentations abstraites n’ont que peu d’influence sur nous et nos comportements. Nous demeurons des animaux réagissant aux réalités et menaces immédiates, aux sensations fortes et évidentes, des animaux dotés cependant d’une puissance de faire ou plutôt de détruire qui semble nous dépasser totalement.

Il est encore temps pour que nous apprenions le bon usage, par définition limité, de nos techniques. »

Pour accéder au document complet, cliquez ici.

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