Les stations de ski des Alpes du nord face au réchauffement climatique

Publié le 16 février 2018

La Cour des Comptes, dans son rapport annuel 2018, s’intéresse à l’avenir des stations de ski des Alpes du Nord face au réchauffement climatique. Elle s’appuie sur un échantillon de 17 stations dont 3 en Isère : Villard-Corrençon, Autrans-Méaudre et Saint-Pierre-de-Chartreuse.

En introduction du chapitre : les stations de ski des Alpes du nord face au réchauffement climatique : une vulnérabilité croissante, le besoin d’un nouveau modèle de développement, la Cour rappelle que :

« À l’évidence, les recommandations de 2011 ont été peu entendues, notamment celles invitant les stations à privilégier les voies d’un développement durable.

Alors que, face à des opérateurs puissants et intégrés, les collectivités étaient invitées à se regrouper pour peser à bonne échelle sur les enjeux de développement, l’enquête a constaté un statu quo, voire l’aggravation de certains déséquilibres :

  • le réchauffement climatique affecte toutes les stations, mais celles de moyenne et surtout de basse montagne sont davantage fragilisées ;
  • la persistance de l’asymétrie de la relation entre autorités organisatrices et exploitants freine les adaptations nécessaires.

Le modèle de développement fondé sur l’augmentation du débit des remontées mécaniques et la croissance continue de l’offre d’hébergement atteint ses limites alors même que la contrainte financière réduit les capacités d’investissement. Dans un marché aujourd’hui mature et soumis aux évolutions de la demande touristique, les conséquences du réchauffement climatique ne peuvent être ignorées. La concomitance de ces enjeux doit donc conduire les collectivités à faire évoluer rapidement la gouvernance et le fonctionnement des domaines skiables pour s’adapter suffisamment tôt à un futur où le ski et les sports de neige ne seront plus leur unique ressource. Pour les stations de basse montagne, préparer la reconversion est dès à présent nécessaire. Face à des défis croissants les stations nord-alpines doivent s’engager dans un développement plus équilibré. »

La Cour insiste sur la vulnérabilité au changement climatique des stations :

« Entre 1880 et 2012, les températures moyennes dans les Alpes ont augmenté de plus de 2°C. Cette tendance s’accélère et se renforce. Elle annonce, d’ici la seconde moitié du siècle, une modification sensible des conditions d’enneigement et l’élévation concomitante de l’altitude permettant la viabilité de l’exploitation des domaines skiables.

A propos de Saint Pierre de Chartreuse :

« Le SIVU des sites alpins Saint-Pierre-de-Chartreuse-Planolet gère en régie la station éponyme située entre 900 et 1 789 m. Orienté plein sud, ce domaine souffre d’un déficit croissant d’enneigement. L’insuffisance d’enneigement durant sept saisons a placé le SIVU en déséquilibre budgétaire, le contraignant à surseoir à divers investissements et à différer des visites de sécurité. Son besoin de financement a été reporté sur les collectivités adhérentes, les plaçant à leur tour en difficulté, notamment Saint-Pierre-de-Chartreuse, qui a dû mettre en œuvre un plan de redressement assorti d’une forte hausse des impôts locaux. Après la dissolution du SIVU dans le cadre du SDCI, l’activité a été transférée à la communauté de communes, et le passif réparti entre les communes…

Par ailleurs, les stations les plus vulnérables au changement climatique, telle Saint-Pierre-de-Chartreuse, doivent envisager une reconversion plus complète de leur offre touristique. »

La Cour attire l’attention sur l’objectif de vouloir préserver un enneigement suffisant ce qui conduit à recourir à des expédients coûteux qui seront difficilement soutenables : aménagement de nouveaux espaces skiables, déplacement en altitude, remodelage des pistes, apports de neige artificielle.

« En Vercors, pour assurer l’enneigement des 36 ha et 50 pistes de la station de Villars-de-Lans-Corrençon (1 575 m d’altitude moyenne) le délégataire a investi près de 2,9 M€ pour moderniser le réseau d’enneigeurs. Alimentée par le réseau d’eau potable communal, la production de 292 000 m3 de neige en 2014/2015 a consommé 117 000 m3 d’eau potable, pris en charge par le service des eaux, la commune soutenant son exploitant par cette aide en nature. Le domaine de ski nordique d’Autrans (1 066 m d’alt. moyenne), qui s’étend sur 130 km, est le plus vaste des Alpes. L’accès ski aux pieds au principal site de Gève et ses 15 km de pistes n’est cependant pas possible et, en cas de manque de neige, la commune organise des navettes par bus ou transporte de la neige par camions.

Qu’il s’agisse de dispositifs d’enneigement ou de retenues collinaires nécessaires à leur fonctionnement, ces investissements impliquent des financements importants engageant les collectivités sur le long terme alors que l’aléa climatique s’accroît…

Par ailleurs, la dégradation de certains ensembles immobiliers rend indispensable l’engagement d’actions fortes de réhabilitation. Ainsi Autrans, propriétaire de bâtiments construits à l’occasion des jeux olympiques de Grenoble en 1968, a cédé ce parc dans le cadre d’une opération de rénovation, dont le coût est évalué à 3 M€. Le coût de telles opérations appelle des financements conjoints, mettant en œuvre une solidarité territoriale à plus grande échelle. »

Il faut noter la réponse surprenante de la maire de Villard de Lans qui minimise le réchauffement climatique (page 494) et rejoint les climatosceptiques !

« Il est donc projeté que cette perturbation, à tout le moins la disparition de cette circulation méridienne, appelée « Gulf Stream », aurait une influence certaine en termes de refroidissement dans l’Atlantique Nord, et probablement viendra en tout état de cause s’inscrire en faux par rapport à la hausse anthropique des températures…

Aussi, nous entrons aujourd’hui également dans une période de très faible irradiance solaire, qui correspond au flux d’énergie solaire reçue à la surface de la Terre, ce qu’on l’appelle « l’insolation », et les scientifiques ont constaté depuis le début de la prise des mesures que la faible production d’énergie solaire a une correspondance parfaite avec les températures planétaires observées. »

Pour lire le rapport de la Cour des Comptes, cliquez ici.

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