Face aux violences et à l’insécurité, chaque administration doit faire son travail en bonne coopération

Publié le 24 août 2018

La violence augmente dans notre société à tous les niveaux et dans tous les domaines et en particulier lié aux trafics de stupéfiants en tous genres qui développent des chiffres d’affaires toujours plus importants, que tous les efforts faits actuellement sont incapables d’enrayer. Si on veut réellement s’y attaquer de manière efficace il faudrait que chaque échelon des pouvoirs publics s’interroge sur l’efficacité de ses actions, de ses organisations et agisse conformément à ses compétences sans renvoyer sur les autres les raisons des échecs.

Le pouvoir exécutif détenu par le Président et le gouvernement se doit d’appliquer les lois (qui impose par exemple la police de proximité, ce qui est oublié dans les faits) et les règlements. Voici ses obligations résumées dans la loi (1er article du code de la sécurité intérieure): « La sécurité est un droit fondamental et l’une des conditions de l’exercice des libertés individuelles et collectives.
L’Etat a le devoir d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble du territoire de la République, à la défense des institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l’ordre publics, à la protection des personnes et des biens.

Il associe à la politique de sécurité, dans le cadre de dispositifs locaux dont la structure est définie par voie réglementaire, les collectivités territoriales et les établissements publics de coopération intercommunale ainsi que les représentants des professions, des services et des associations confrontés aux manifestations de la délinquance ou œuvrant dans les domaines de la prévention, de la médiation, de la lutte contre l’exclusion ou de l’aide aux victimes. »

L’Etat est donc clairement le pilote de cette politique, car il a le devoir d’assurer la sécurité et s’il estime que les règles actuelles ne sont pas adaptées, à lui de proposer de nouvelles mesures législatives et règlementaires. Par exemple il devrait s’interroger sur l’organisation même des différents services de police nationale qui s’ignorent étant organisés en silos sans passerelles entre eux : par exemple, localement, les services de la DDSP, de la police de terrain, BAC, stups, police des mineurs, CRS, brigades financières… s’ignorent trop souvent ! Les services se plaignent du manque de moyens mais si une réorganisation permettait une réelle coopération l’efficacité serait démultipliée.

Les parlementaires ont pour fonction de faire la loi et de contrôler l’action du gouvernement. Au lieu de vouloir se mêler de politique politicienne et de préparer les prochaines élections, ils feraient mieux de mettre en œuvre, dans la loi, les promesses du Président de dépénaliser le commerce de stupéfiants et de simplifier les règles devant s’appliquer aux dealers et aux consommateurs afin que la répression soit immédiate, par des amendes, et touche directement les acteurs de cette économie parallèle aux portefeuilles sans avoir à passer par les lourdes procédures judiciaires. Cette dépénalisation ne devrait pas demander de gros efforts à nos parlementaires bien timides sur ces questions.

Le pouvoir judiciaire se dit débordé et incapable de faire appliquer les règles de droit de notre République, voir par exemple les déclarations successives du procureur de la République de Grenoble. Avec la dépénalisation du commerce des stupéfiants ils devraient voir sérieusement alléger leurs activités L’Etat devrait renforcer notablement les moyens de la justice qui est un parent pauvre des services publics.

Les collectivités locales et en premier lieu la commune dont le maire exerce un pouvoir de police limité mais réel et

« concourt par son pouvoir de police à l’exercice des missions de sécurité publique et de prévention de la délinquance » (L132-1 du code de la sécurité intérieur). Il préside le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance.

Les maires ne peuvent pas se transformer en shérifs locaux comme certains aimeraient le faire ou s’imaginent pouvoir le faire surtout en période électorale. A Grenoble les efforts entrepris doivent être poursuivis et amplifiés à condition que les petits jeux politiciens cessent. L’attitude du ministère de l’intérieur ces derniers mois a été négatif. Le ministre avait promis lors du lancement de la police du quotidien de contacter rapidement les maires qui ne l’auraient pas obtenue, ce qui n’a jamais été fait ! Le 8 février 2018, M. Collomb avait déclaré : « Les élus, en particulier les maires, sont ceux qui connaissent le mieux leur territoire, qui savent où se développe la délinquance. Je demande que dans les trois prochains mois on puisse prendre contact avec eux pour définir en partenariat une vraie stratégie de sécurité pour le territoire ». Toujours rien ! Et ce ministre se permet de critiquer les maires alors qu’il n’organise aucune coopération. Plusieurs mois après, lors du voyage dans le Vercors en août, il promet de rencontrer les élus locaux de l’agglomération, souhaitons que cela devienne enfin une réalité.

Le maire de Grenoble a déclaré que les élus de Grenoble sont « prêts à partager de manière lucide le diagnostic de la situation avec le M. Ministre, à présenter précisément tous les moyens actuellement mis en œuvre dans notre commune en matière de tranquillité et de sécurité ainsi que le travail de coordination très resserré mené quotidiennement avec les différentes forces de Police.

Nous sommes également prêts à étudier avec détermination toutes les pistes pour renforcer concrètement et rapidement une présence humaine sur le terrain.

Nous réaffirmons notre volonté que l’agglomération grenobloise soit intégrée dans le plan de déploiement de la Police de Sécurité du Quotidien prévu ces prochains mois« . »

A Grenoble l’équipe municipale préfère développer les moyens humains sur le terrain plutôt que le développement de la vidéosurveillance. Il y a déjà de très nombreuses caméras installées dans l’agglomération, pour le contrôle de la circulation, dans les transports en communs, auprès d’édifices publics ou des zones commerciales ou d’activités… Leur multiplication coûterait très cher et son efficacité n’est pas démontrée (cf par exemple Londres et Nice) et l’atteinte aux libertés excessive. Dans les Conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) il faut que les acteurs locaux pertinents y soient représentés, l’expertise d’usage de ces acteurs peut être essentielle dans une politique de prévention efficace. Pour qu’une coopération entre le gouvernement (en direct ou par le préfet) et les administrations locales soit efficace, il faut que des moyens soient alloués. La limitation des dépenses des collectivités par les lois de finances n’est pas un gage d’efficacité ; actuellement les grandes collectivités doivent continuer à diminuer leurs dépenses puisque l’évolution imposée de moins de 1,2% par an est inférieure à l’inflation. Il faudrait que les parlementaires corrigent cette politique austéritaire.

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