La contestation contre l’élargissement de l’A 480 se développe

Publié le 25 janvier 2019

Le collectif citoyen pour des alternatives à l’élargissement de l’A480, soutenu par de nombreuses associations a pris l’initiative d’organiser samedi 26 janvier de 10 h à 12 h une action non violente pour demander un moratoire sur le démarrage des travaux, rendez-vous devant le parking relais Catane.

Le collectif avec Alternatiba Grenoble, le Collectif Il est encore temps, l’ADTC – se déplacer autrement, l’Union de quartier Eaux-Claires (UDHEC), l’Union de quartier Berriat, le Réseau Citoyen de Grenoble, l’ADES, les Amis de la Terre, Conseil Citoyen Indépendant (secteur 1) ont fait un communiqué mercredi 23 janvier :

« Nous, citoyens et associations de l’agglomération grenobloise, soutenons l’appel des scientifiques locaux et demandons un moratoire sur le projet d’élargissement de l’A480 et l’ouverture d’une concertation citoyenne autour des scénarios alternatifs. Un tel aménagement ruine les efforts entrepris par les collectivités depuis des années, et va clairement à l’encontre des objectifs du Plan de Déplacements Urbains (PDU), en encourageant l’usage de la voiture au détriment des autres modes de transports. Il est également en contradiction flagrante avec la volonté de la métropole grenobloise de maîtriser les émissions de gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques.

Permis par des décisions politiques prises au niveau national en 2015 pour satisfaire les sociétés concessionnaires d’autoroute, ce projet est entaché d’irrégularités (absence de consultation publique adaptée, modélisation des trafics ne prenant pas en compte l’effet incitatif de l’augmentation de la capacité de l’autoroute sur les comportements individuels…), comme l’a signalé l’Autorité environnementale et comme l’ont relevé, dans leur recours contre la Déclaration d’Utilité Publique, quatre citoyens grenoblois.

Nous sommes intimement convaincus que ce projet démesuré et d’un autre siècle n’est pas la solution aux maux que ses partisans prétendent combattre, mais qu’il contribuera à dégrader, et pour longtemps, la situation en augmentant la part de la voiture dans les déplacements, notamment entre les territoires externes à la cuvette grenobloise et le centre de l’agglomération. Les habitants de la cuvette grenobloise, et plus encore les riverains, payeront le prix fort de ce choix, sans parler des enfants de l’école Vallier, qui verront l’autoroute se rapprocher de 20 m…

En s’appuyant sur le bilan de la concertation de 2011 et sur le PDU, des scénarios alternatifs sont pourtant facilement envisageables pour aménager intelligemment les infrastructures routières, par exemple par la mise en place de voies réservées aux transports collectifs et au covoiturage sur les 3 principaux axes du Y grenoblois, ce qui délesterait l’A480, la mise à 2 x 3 voies de l’A480 sans élargissement et en limitant la vitesse à 70 km/h, (alors que le projet actuel est dimensionné pour circuler à 90 km/h, d’où son coût très élevé et le besoin d’élargissement) et la prise en compte de la demande des riverains pour la création d’un mur de protection phonique quel que soit le scénario retenu. »

Pour signer la pétition pour le moratoire et accéder aux réflexions du collectif , cliquez ici.

Cette demande est d’autant plus légitime que depuis fin 2011, il n’y a pas eu de concertation publique sur ce nouveau projet. Or une concertation préalable doit toujours être organisée pour des projets de grande ampleur avant que l’enquête publique ne démarre et que les options esentielles du projet ne soient définies. Contrairement aux affirmations des maîtres d’ouvrage (AREA et Etat), la concertation de 2011 n’a pas porté sur ce projet mais sur une solution différente qui n’élargissait pas l’autoroute et utilisait aux heures de pointe la bande d’arrêt d’urgence pour limiter les embouteillages, en imposant une vitesse limitée à 70 km/h dans la conception de la géométrie des voies et transformait cette autoroute en quasi-boulevard urbain conformément au SCOT.

Tout a changé lorsque l’Etat a renégocié les contrats de concession avec les sociétés concessionnaires d’autoroutes, d’où le fameux accord secret de mars 2015 signé par E. Macron et S. Royal, qui octroyait de nouvelles concessions (dont l’A 480 à AREA) et allongeait la durée de ces concessions. AREA s’engageait à faire 300 M€ de travaux sur l’A480 à condition que ce soit une vraie autoroute qui assure la continuité avec l’A51. Mais cette solution n’a pas donné lieu à une concertation préalable.

C’est notamment sur cette absence de concertation régulière que s’appuient les requérants qui ont déposé un recours contre l’arrêté de DUP du 23 juillet 2018 et s’apprêtent à déposer un référé au tribunal administratif pour suspendre les travaux en attendant que le recours soit jugé.

La FRAPNA rappelle son opposition à cet élargissement dans un communiqué du 18 janvier

« Élargissement de l’A480 : face aux contradictions de l’Etat, la FRAPNA demande de la cohérence

Face au réchauffement climatique et à ses conséquences annoncées, chacun doit maintenant prendre ses responsabilités. La FRAPNA Isère salue la prise de position publique de scientifiques qui en appellent aux décideurs politiques locaux pour reconsidérer l’élargissement de l’A480 et leur demande de faire preuve de cohérence.

Le projet d’élargissement de l’A480 apparaît surtout comme devant justifier une prolongation de la concession AREA dans le cadre de négociations très mal menées. C’est peut-être pour cela que l’on fait construire une autoroute calibrée pour recevoir une circulation à 90 km/h tout en envisageant qu’elle soit utilisée à 70 km/h.

Ce projet ne respecte pas le protocole qui avait été convenu avec les collectivités locales en 2016, il ignore les avis de multiples organismes, dont l’Autorité environnementale, qui redoutent les effets nocifs quasi certains de l’élargissement sur la qualité de l’air et les émissions de gaz à effet de serre.
Les propos climatosceptiques que l’on avait lus avec stupeur dans le rapport de la Commission d’Enquête publique
ont achevé de démontrer que le dossier était indigne d’un État qui prétend engager la transition écologique.

La prise de position publique des scientifiques vient rappeler que ce projet est nocif pour le climat, nocif également pour la santé et qu’il faut donc y renoncer. Cela devrait aller de soi au vu du constat.
En matière de lutte contre le réchauffement climatique, les scientifiques nous rappellent que “Chaque choix compte“.

Dans la continuité de ses avis émis durant les deux enquêtes publiques sur l’élargissement de l’A480, la FRAPNA Isère réaffirme son opposition au projet et demande que :

. les travaux d’élargissement ne soient pas lancés
. les fonds prévus pour l’élargissement soient intégralement affectés à la lutte contre le bruit en bordure de l’A480,
aux cheminements piétons et cycles dans la Métropole et à l’entretien des digues du Drac et de l’Isère en préservant les boisements. »

Pour lire le communiqué de la FRAPNA, voir ici.

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