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Publié le 5 avril 2019
© Alternatives_A480

Les travaux sur l’A480 vont bon train, notamment la nuit. Le phasage des travaux indiquait que les travaux sur le Rondeau ne démarreraient qu’au 2ème semestre 2020 et que l’urgence imposait de démarrer par les travaux sur l’A480 avant que l’ESRF ne redémarre début 2020.

Des élus des Hautes Alpes ont lancé une pétition vers la ministre des transports pour faire pression pour rouvrir le dossier autoroutier qui était un peu enterré ; la menace d’une relance de l’A51 est toujours là.

Des interrogations s’élèvent contre le retard qui serait pris sur le Rondeau et il n’est pas impossible que certains travaux soient repoussés nettement plus tard car certains dossiers auraient été mal préparés.

En attendant d’en savoir plus sur le réel planning de l’ensemble des travaux, nous éditons une lettre des citoyens qui ont déposé un recours contre la déclaration d’utilité publique de juillet 2018 et qui ont tenté de faire suspendre les travaux sans succès (pour l’instant). Dans cette lettre ils pointent les multiples erreurs commises dans la préparation de ce dossier.

« La rocade de Grenoble (A480 Rondeau), les décideurs et la minorité

« C’est l’histoire de la rocade ouest de Grenoble, des décideurs et élus locaux et d’une minorité de citoyens.

La rocade ouest de Grenoble, qui s’appelle A480, c’est cette portion d’autoroute, qui s’étend sur 7 km depuis la sortie du péage vers Lyon, jusqu’au carrefour du Rondeau d’Echirolles. C’est une voie urbaine datant de l’époque épique des JO grenoblois, bordée d’un côté par les façades grises des quartiers riverains, et de l’autre par un muret de béton qui empêche de voir la rivière Drac, juste en dessous. Les décideurs avaient décidé en 2011, après une consultation du public, que cet entonnoir à voitures du Rondeau serait réaménagé, et que cette rocade deviendrait un boulevard urbain modernisé.

Les décideurs, ce sont ceux que les citoyens ont choisis pour les représenter, et prendre des décisions à leur place. Ici, l’Etat, représenté par le Préfet, les maires des différentes municipalités, l’agglomération avec son président de la Metro, l’AREA, à qui l’Etat a confié la gestion de cette autoroute, et enfin la justice, rendue par le tribunal administratif dans ces questions d’aménagement et de grands projets.

La minorité, c’est 4 personnes, 4 citoyens grenoblois, qui ont porté à la connaissance de tous les autres citoyens le fait que le Projet d’élargissement de cette rocade, pour la transformer en autoroute à six voies, n’a pas été fait après concertation avec le Public comme le prévoit la réglementation avant de faire des choix si importants pour la vie des citoyens et pour l’environnement. En effet, en 2015, les concessionnaires autoroutiers exécutent le contrat secret signé en 2015 avec le ministre de l’économie, Emmanuel Macron. Pa ce contrat, AREA impose à Grenoble un projet prédéfini avec l’Etat, et généreusement financé par AREA. La promesse des décideurs pour un boulevard urbain est abandonnée. AREA est libre de mettre en œuvre un aménagement surdimensionné.

La minorité déplore l’absence de concertation sur ce Projet : et, en particulier, il n’a pas été proposé aux citoyens, d’analyse comparative de plusieurs alternatives pour ce Projet.

Le 15 mars dernier, les quatre requérants reçoivent un courrier du tribunal administratif de Grenoble. Deux semaines avant, ils avaient rencontré le juge, au tribunal administratif de Grenoble. Ils pointaient une défaillance vis-à-vis de ce très important Projet. La concertation avec le public, n’avait pas eu lieu. Les citoyens n’avaient pas pu s’exprimer sur les différentes solutions aux embouteillages quotidiens de cette entrée de Grenoble. Alors voilà que le courrier du 15 mars déclare que « l’ordonnance du tribunal est entachée d’une erreur matérielle », c’est à dire qu’il y a eu une erreur dans les documents du jugement, et que l’un des arguments retenus par les requérants a été attribué à la partie adverse (l’AREA). Qu’importe, on espère que cette confusion n’a pas influencé la décision du juge. Il s’agit probablement de l’erreur du rédacteur, qui a confondu les citoyens avec l’AREA ! Mais l’argument qui a changé de place par erreur n’est pas un détail. Et le rédacteur a commis un joli lapsus : l’argument des requérants, c’était que le prix du Projet était très supérieur (de plus de 150 millions d’euro) par rapport à l’alternative retenue à Grenoble en 2011, et que de plus, il détruisait sérieusement l’Environnement. C’était donc un argument important et on comprend que le rédacteur a été choqué par cette information, au point de se tromper lors de la rédaction. Mettre dans la bouche des avocats de AREA le fait que le chantier coûte beaucoup plus cher et que c’est bon pour les Citoyens c’est drôle non ?

Rassurons-nous, la découverte par AREA de cette erreur n’a pas modifié la décision du Juge.

Mais dans cette histoire du Projet d’élargissement de l’A480, ce n’est pas la seule erreur.  En voici quelques autres. On se souvient fin 2018, de la boulette des Commissaires chargé de rapporter sur l’enquête publique concernant l’autorisation gouvernementale. Ils répondent aux Citoyens qui s’inquiètent des conséquences de ce Projet, en répliquant par des arguments … climatosceptiques. Ces arguments des Commissaires, quelle erreur regrettable !

Et la reconnaissance des erreurs continue : en février dernier, le préfet en décidant finalement de limiter la vitesse sur l’A480 à 70 km/h. Il rectifie le critère le plus important qui justifie la configuration à deux fois trois voies, dimensionnées pour y rouler à 90 km/h ; félicitons-le ! Mais c’est trop tard, le grand chantier à 300 M€ a démarré, et durera trois ans, et AREA a déjà coupé les arbres pour faire une grande autoroute à six voies.

Et l’expression des regrets et des souhaits continue : le PDG d’AREA, exprime dans une interview du Dauphiné Libéré, « je suis pour une autoroute A480 apaisée ». Les citoyens sont rassurés que AREA préfère la Paix plutôt que la Guerre. Drôle d’image, une autoroute, pour un symbole de « paix »…

Et le retour en arrière des décideurs locaux continue. La Metro publie, le 15 mars que non seulement la vitesse sera limitée à 70 km/h mais qu’une voie sera réservée au covoiturage. On se rapproche du Projet retenu en 2011 ; c’est bien l’alternative que préfère la minorité, sauf que là aussi il y a confusion : c’est sur l’A48 (autoroute) que serait expérimenté le covoiturage, pas sur l’A480 (autoroute urbaine). Pas de chance, mais le covoiturage, écarté du Projet AREA revient à l’ordre du jour, et on remercie le Président de la Metro.

Et la liste des erreurs s’allonge. Un des experts français reconnu en matière de « mobilité urbaine » (Frédéric Héran, Université de Lille), publie cette semaine, un article sur le Projet grenoblois. Il conclut que l’élargissement en autoroute 6 voies, va nécessairement augmenter le trafic, et très vite les embouteillages à l’entrée de Grenoble vont se reformer. Dommage que la concertation règlementaire avec le Public n’a pas eu lieu, on aurait pu demander à cet expert d’intervenir. Pas de chance encore, Grenoble n’en aura pas fini avec les embouteillages, même après ce gigantesque projet !

Alors voilà, une minorité de Grenoblois est un peu déçue. Juste contente d’avoir été entendue, avec la tribune publiée par 135 scientifiques locaux critiques sur ce Projet, et avec la signature de 1600 grenoblois d’une pétition pour repenser une alternative au Projet.

Beaucoup d’erreurs et une dépense supplémentaire de 150 millions d’euro, qu’AREA pourrait économiser !  Ça pique un peu, non ? Si la Concertation avec le Public avait eu lieu, avec une réelle comparaison des solutions alternatives au problème des embouteillages, on aurait pu éviter toutes ces erreurs… Il est encore temps de faire mieux. Et maintenant que ces erreurs sont admises, majorité et minorité vont pouvoir discuter ensemble pour un monde meilleur. Un Projet partagé, collectif, un peu moins gris et un peu plus vert.

A bientôt pour en parler ! »

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