Lien de cause à effet entre la pollution de l’air et les admissions aux urgences pour cause respiratoire

Publié le 31 mai 2019

Dans une étude du 27 mai 2019, l’INSEE démontre qu’il existe un lien de cause à effet entre la pollution atmosphérique (due aux émissions des véhicules à moteur) et les admissions aux urgences pour une cause respiratoire. Cela peut avoir des conséquences importantes envers les pouvoirs publics, s’ils ne font pas le nécessaire pour minimiser les conséquences de cette pollution sur la santé des populations. Pour conclure sur ce lien de cause à effet, l’INSEE a profité d’un jour de grève dans les transports en commun qui a entrainé une augmentation de la circulation automobile et donc une augmentation de la pollution induite ; elle a alors corrélé cette augmentation avec l’augmentation des admissions aux urgences pour certaines pathologies respiratoires. Mais l’analyse est beaucoup plus subtile qu’il n’y parait.

« Quand une grève perturbe les transports en commun urbains, une partie de la population se tourne vers le transport automobile, ce qui accroît la pollution de l’air le jour même et les jours suivants. Ce surcroît de pollution peut avoir à très court terme un effet néfaste sur la santé respiratoire. Les épisodes de grève d’une journée dans les transports en commun permettent d’étudier en détail cette chaîne causale. En règle générale, les corrélations entre pollution de l’air et admissions aux urgences sont difficiles à interpréter : elles peuvent être en partie dues au fait que la pollution de l’air et l’état de santé de la population ont des causes communes qui les font varier simultanément, comme les conditions météorologiques ou encore les cycles économiques. S’appuyer sur l’occurrence d’une grève dans les transports en commun permet d’isoler une cause particulière à l’origine d’un surcroît de trafic automobile et de pollution de l’air. En effet, cet événement n’affecte a priori la pollution de l’air qu’à travers son impact sur le trafic automobile. Les variations d’admissions aux urgences qui s’ensuivent peuvent alors s’interpréter comme une conséquence du surcroît de pollution de l’air dû au surcroît de trafic automobile. Cependant, à ce premier phénomène s’ajoute un deuxième effet. Les jours de grève de transports en commun, les contacts entre les personnes seraient moins fréquents et, de ce fait, la contagion diminuerait ce jour-là. Cela n’aurait pas d’effet sur la santé des personnes le jour même de la grève, mais en aurait les jours suivants. Ainsi, les jours suivants la grève, la pollution de l’air et la contagion ont des effets opposés sur la santé respiratoire. Ces deux effets sont mis en évidence sur la période 2010 à 2015 et sur les dix plus grandes aires urbaines françaises (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille, Nice, Nantes, Strasbourg, Rennes). »

En conclusion : « Les effets de la pollution de l’air sur la santé respiratoire à très court terme seraient significatifs

L’impact de la pollution de l’air automobile sur la santé des populations urbaines est significatif, y compris pour de faibles variations de la qualité de l’air urbain. À la suite d’une perturbation des transports en commun et donc d’un trafic automobile accru, les admissions aux urgences pour certaines pathologies respiratoires sont plus fréquentes. L’effet de court terme est ici probablement sous-estimé. En effet, du fait d’une moindre propagation virale, les admissions aux urgences pour pathologies respiratoires sont moins nombreuses que si seul le surcroît de pollution de l’air était en cause. Malgré une probable sous-estimation, constater une hausse de certaines pathologies respiratoires permet de conclure à l’effet néfaste, à court terme, de la pollution automobile sur la santé respiratoire. »

Pour lire l’étude complète, cliquez ici.

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