Analyse des besoins sociaux 2018-2019 : quelques conclusions

Publié le 25 octobre 2019

Un certain nombre de caractéristiques issues de l’Analyse des besoins sociaux du CCAS pour les années 2018-2019 donnent à réfléchir pour l’avenir de la ville.

Voici quelques extraits des résumés des différents chapitres du document qui a 104 pages.

Démographie et population : sur les territoires infra-communaux, deux mouvements antagonistes sont à l’œuvre : on observe des quartiers ayant accueilli de nouvelles constructions très dynamiques (Jean Macé, Championnet, Drac-Ampère, Paul Cocat) mais également un fléchissement démographique dans des quartiers anciens (Gabriel Péri, Esplanade, Mistral, Poterne, Village Olympique Sud). Il semble intéressant de considérer les besoins des nouveaux habitants sur le cadre de vie, l’accès aux commerces et services, l’implication dans la vie locale…

Seulement un quart des ménages sont des familles avec enfants, mais leur population représente 45 % des habitants de la commune et elles sont plus nombreuses au sud de la ville. Les enfants de moins de 15 ans sont en augmentation, nécessitant une prise en compte des besoins de la population familiale en termes de cadre de vie, d’éducation, de parentalité…

Logements : le parc apparaît très typé selon les quartiers : une majorité de logements petits et anciens au nord de la ville, principalement occupés par des locataires ; davantage de propriétaires dans les secteurs 3 et 4 ; les logements de grande taille et à loyer modéré concentrés dans les secteurs 5 et 6. Cela implique de s’interroger sur l’adéquation du bâti aux compositions familiales ainsi qu’à l’évolution des besoins des ménages.

Le logement privé est cher à Grenoble, et pèse de plus en plus dans le budget des ménages.

Le logement social demeure sous tension : moins d’une attribution pour quatre demandes actives en 2018, un nombre de demandeurs en augmentation et une moindre prise en compte des inactifs, des personnes seules et des plus âgées dans les attributions, en raison notamment des caractéristiques du parc et des besoins prioritaires des ménages dépourvus de logement.

L’absence de logement personnel persiste voire s’amplifie, un phénomène visible au travers du nombre de demandes d’hébergement d’urgence formulées auprès du 115 (+ 8 % par an entre 2015 et 2017) qui concernent en majorité des personnes seules. Cela incite à poursuivre les réflexions dans le cadre du « logement d’abord » et sur les capacités de réponse à l’urgence en dehors des dispositifs hivernaux.

Economie et emploi : Grenoble concentre une part importante des emplois de la métropole, entraînant davantage de flux entrants que sortants chez les actifs occupés.

D’importants écarts sont néanmoins à souligner entre les territoires, le sud de la ville abritant une population nettement moins diplômée et occupant des emplois peu rémunérateurs. Cet élément doit attirer l’attention sur l’adéquation des emplois existants sur le territoire grenoblois au profil socio-économique des habitants.

Les marqueurs de précarité de l’emploi sont plus prononcés chez les jeunes et les femmes, ainsi que dans les quartiers prioritaires et d’habitat social, impliquant de penser des actions d’accompagnement à l’emploi ciblées et adaptées aux problématiques de ces publics (formation, garde d’enfants, …).

Revenus et précarité : la pauvreté monétaire est plus marquée chez les jeunes, les personnes seules et les familles monoparentales.

De nouveaux indicateurs permettent de compléter l’approche monétaire et d’éclairer les conditions de vie des ménages précaires, en élargissant la définition de la pauvreté pour prendre en compte des aspects plus sensibles de la vie sociale : fréquence des liens sociaux, loisirs, habillement et équipement ménager… Ces trois derniers éléments sont les postes sur lesquels les Grenoblois rognent le plus, pour davantage prioriser les soins médicaux, les frais liés au logement et à la téléphonie.

L’analyse de l’activité des services du CCAS et du profil des usagers souligne enfin que la précarité correspond aussi et avant tout à la privation de biens de première nécessité, comme l’alimentation et le logement.

Santé : l’état de santé, qu’il soit mesuré par la prévalence des maladies ou l’appréciation des individus, reflète les caractéristiques socio-économiques des populations : les Grenoblois les moins aisés, vivant dans des quartiers précarisés, se trouvent en moins bonne santé que les plus riches. L’analyse des relations entre la santé et les conditions d’existence confirme les inégalités sociales de santé : la mauvaise santé se cumule souvent avec une plus grande insécurité matérielle et relationnelle, et affecte l’appréciation que les personnes portent sur leur vie. Ces éléments invitent à considérer les problématiques sanitaires et médico-sociales de manière globale et en lien avec les autres champs : précarité financière, isolement relationnel, insertion professionnelle…

La question de la santé des personnes âgées se pose d’autant plus dans un contexte d’augmentation de l’espérance de vie et doit intégrer les enjeux liés à la capacité effective d’accéder aux soins : offre vieillissante, problématiques de mobilité, coût des traitements notamment optiques et dentaires…

 La question du non-recours aux soins ou aux couvertures complémentaires constitue également un enjeu important, particulièrement pour les populations jeunes et les plus précaires, pour qui le coût, l’organisation du système de soins et les facteurs culturels sont des obstacles avérés.

Petite enfance : la situation démographique est en ralentissement en ce qui concerne la petite enfance, conséquence à la fois d’une baisse du nombre de naissances et du nombre d’arrivées restreint de jeunes familles, sauf dans les nouveaux quartiers de la ville.

 En revanche, la pauvreté infantile ne faiblit pas : la progression du chômage des parents et l’accroissement de la précarité touchent fortement les jeunes enfants grenoblois, entraînant des conséquences néfastes en matière de développement et d’apprentissage.

Outils de socialisation et de conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale, les modes d’accueil formels apparaissent bien développés à Grenoble en comparaison avec la moyenne nationale, particulièrement en ce qui concerne l’accueil collectif.

 Les crèches du CCAS jouent un rôle particulier dans la socialisation des enfants en situation de pauvreté, puisque plus de la moitié des enfants qu’elles accueillent relèvent d’un tarif inférieur à 1 euro de l’heure.

Personnes âgées : le nombre de personnes âgées de 60 à 74 ans augmente de manière marquée à Grenoble (mais moins que dans d’autres grandes villes), en raison de l’avancée en âge des générations du babyboom. Cette population est amenée à vieillir dans les trente prochaines années, laissant présager des besoins importants pour les politiques gérontologiques : santé, logement, accompagnement social, prise en charge à domicile ou en établissement…

Si les personnes âgées sont moins touchées par la pauvreté que les autres tranches d’âge, les facteurs de vulnérabilité demeurent marqués pour certaines populations, notamment les femmes et les anciens travailleurs immigrés, et le contexte plus global de détérioration de l’emploi à partir des années 1970 pourra davantage impacter le niveau de vie des futures générations de séniors. Les besoins en accompagnement social pourront s’en trouver augmentés, impactant la question du repérage des publics.

L’accompagnement du maintien à domicile constitue par ailleurs un enjeu fort pour répondre à l’évolution démographique, aux aspirations des personnes âgées et aux contraintes financières, dans la mesure où l’offre en équipements médicalisés est par ailleurs faible et généralement onéreuse. Néanmoins, certaines problématiques doivent être prises en compte dans le contexte grenoblois : plus de la moitié des personnes âgées de 80 ans et plus vivent seules, souvent dans un logement ancien et de grande taille.

La question de l’isolement relationnel est également à prendre en compte pour les personnes les plus vulnérables. Si la grande majorité des personnes âgées se déclarent confiantes dans leur capacité à pouvoir être aidées en cas de difficultés, toutes ne bénéficient pas de liens amicaux ou familiaux réguliers. Le voisinage semble constituer une ressource particulièrement pertinente à mobiliser pour la lutte contre l’isolement, puisqu’il s’agit du premier cercle de sociabilité de la population âgée dont l’ancrage sur le territoire est important.

Pour télécharger l’ABS 2018/2019, cliquer ici.

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