Conseil municipal du 17 Septembre 2001

Extraits de l'intervention de Maryvonne BOILEAU, présidente de l'OPALE, lors de la présentation du bilan 2000 de cet organisme

Avant de vous présenter l'activité 2000 , je rappelle brièvement le statut de l'OPALE - OPAC de Grenoble qui est un Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial, lequel, contrairement aux sociétés d'économie mixte n'a pas de gestion déléguée par le Conseil Municipal. Pour autant, cet organisme est historiquement l'outil privilégié de la politique du logement de la Ville de Grenoble.

C'est ainsi, que depuis plus de 80 ans l'OPALE contribue à loger des ménages en mettant à leur disposition des logements de qualité à des loyers accessibles.

J'insiste sur ce point, car on assimile encore trop souvent habitat social et logement pour les plus démunis. Or, si l'accueil des habitants en grande précarité est une mission noble que nous assumons pleinement avec d'autres bailleurs, notre vocation première consiste avant tout à loger les familles à ressources modestes. Vouloir cantonner, spécialiser, les organismes HLM à l'accueil exclusif des publics en difficulté, c'est aller à l'encontre du principe de mixité social auquel nous sommes tous attachés, et qui forme, j'en suis persuadée, l'une des pierres angulaires de la cohésion sociale.

Je veux rappeler ici que 2 familles françaises sur 3 peuvent aujourd'hui prétendre à un logement social. Je m'autorise à vous donner quelques informations chiffrées pour tordre le cou à certaines idées préconçues : une personne seule ayant 9 450 Francs de revenus mensuels nets peut prétendre à être logée par l'OPALE, 12 600 Francs pour un couple, 15 100 Francs pour un couple avec un enfant et 18 300 Francs pour un couple avec deux enfants.

Ces précisions étant apportées, je me propose de vous présenter en quelques minutes les faits marquants de l'année 2000 [...]

Plus de 10 000 familles, sont logées sur le patrimoine de l'OPALE, essentiellement sur l'agglomération Grenobloise. La production de logements neufs s'établit en moyenne à 200 logements/an. Le budget de fonctionnement de l'entreprise s'élève à plus de 350 millions de francs. Un chiffre qu'il convient de multiplier par deux si vous y ajoutez le budget d'investissement.

J'ai retenu trois points majeurs dans l'activité 2000 de l'Opale.

1 - Le premier concerne l'enquête de satisfaction réalisée auprès des locataires au mois de mars de l'année dernière. Confiée à des professionnels (le cabinet Deloitte et Touche), cette enquête, réalisée avec rigueur, a porté sur un panel représentatif de 5 000 locataires (la moitié des ménages logés par l'Opale). Le taux de réponse s'est établi à 45 % (soit, 2 250 retours. Par ailleurs, des entretiens qualitatifs sont venu compléter cette évaluation, laquelle, je le précise, s'inscrivait dans le cadre d'une démarche d'amélioration de la qualité du service rendu aux habitants du parc.

Que révèle cette enquête ?

4 locataires sur 5 déclarent être bien dans leur logement. 2 locataires sur 3 se disent satisfaits ou très satisfaits des services de l'OPALE (nettoyage, entretien et réparation des parties communes). Pour la plupart, les items indiquent un bon niveau de satisfaction, avec toutefois quelques "coups de canifs", notamment sur les délais d'intervention des entreprises mandatées par l'Organisme. Des critiques que nous avons entendues et intégrées dans la Charte Qualité de l'entreprise.

J'insiste sur ces bons résultats car la représentation négative qu'une partie de nos concitoyens, voire d'un certain nombre d'élus, se font n'est pas fort heureusement, la seule réalité.

Mais, comment pourrait-il en être autrement alors que dans nos permanences, nous recevons des Grenoblois mécontents ou insatisfaits, certain parce qu'ils n'ont pas eu de proposition de logement, ou pas celle qu'ils espéraient, d'autres parce que leur demande de mutation n'a pas été satisfaite ou qu'elle tarde à venir, d'autres encore parce que l'entretien est jugé défaillant, ou encore parce que la tranquillité du voisinage est troublée. Voilà une bonne illustration de la fameuse loi des 80% qui ne viennent jamais nous exprimer leur satisfaction d'où parfois une généralisation hâtive des 20 % de mécontents.

Je ne nie pas ces critiques qui sont autant de points sur lesquels nous devons encore progresser avec courage et détermination. Mais le "nous" doit être ici appréhendé de façon plus collective, car si l'OPALE est résolu à prendre toute la part qui lui revient, il est des domaines qui nécessitent la mobilisation d'autres acteurs.

Lorsque surviennent des troubles de voisinage, lorsque des incendies volontaires se déclarent dans des locaux conteneurs au pied d'une tour et que sais-je encore, quelle est la part de ce qui revient au bailleur, aux services de police, à la justice ou à la prévention de la délinquance ?

Chacun à sa place doit assumer ses responsabilités en coordination avec tous les autres acteurs de la ville. Mais encore une fois, il convient de replacer à leur juste place ces difficultés partagées et l'expression des critiques plus spécifiques qui sont parfois adressées à l'OPALE. L'enquête de satisfaction de mars 2000, comme les évaluations que nous effectuons régulièrement auprès des nouveaux résidents, montre de façon indiscutable que les logements et les services rendus par l'OPALE sont appréciés par la plupart de nos locataires.

2 - Le deuxième point sur lequel je souhaite attirer votre attention porte sur le bilan social de l'OPALE

L'année dernière, 1 120 familles ont obtenu un logement grâce à l'OPALE, dont près de 1 000 sur la seule agglomération grenobloise.

Sur ces 1 120 ménages, qui ont trouvé une solution à leur problème de logement, 130 ont emménagé dans les logements neufs livrés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2000, et près de 160 ont muté à l'intérieur du parc.

Concernant les attributions, je souligne que notre contribution à l'accueil des ménages en recherche d'un logement se situe bien en deçà des besoins. En effet, selon les données extraites de l'ODLS il faut savoir que près de 7 000 personnes sont actuellement en attente d'un logement sur Grenoble.

Je tiens également à souligner la volonté d'établir un partenariat entre les services de la ville, notamment le service logement, et ceux de l'OPALE, et je les en remercie.

Ce rapport de 1 à 7 doit nous interpeller. Comment ne pas y voir une invitation expresse faite aux élus et aux opérateurs de l'agglomération, dont nous sommes, à se mobiliser pour continuer à produire plus de logements sociaux ? D'après les chiffres en notre possession, le territoire de la Métro n'atteint que péniblement le seuil des 20 %. Avec une répartition très inégale selon les communes. Il y a donc encore de la marge.

3 - Le troisième point concerne le redressement financier de l'Opale. Malmenés dans les années précédant 1990, cet organisme a connu, vous le savez, un plan de redressement drastique qui s'est conclu en 1996. Il a ensuite fait l'objet, devant ce même Conseil Municipal, de nouvelles dispositions destinées à accompagner la sortie du plan de redressement afin d'en consolider les résultats. Ces mesures se sont notamment traduites par des aides financières versées à l'OPALE par la Ville de Grenoble, dont la dernière échéance, qui s'élève à 2 millions de francs, intervient en cette année 2001.

Aujourd'hui l'Opale va mieux : les comptes qui vous seront présentés tout à l'heure et qui ont été audités par le service d'expertise de la Gestion Déléguée font ressortir un auto financement de près de 14 M.F. et un résultat de près de 5 M.F.. Amorcé en 1990, le redressement de l'OPALE s'est accéléré depuis 1995 pour se conclure au 1er janvier 1997, date à laquelle nous avons soldé les difficultés du passé en passant les écritures nécessaires. Le report à nouveau a, en effet, été porté à zéro. Et depuis 1997, chaque année, l'entreprise dégage quelques excédents, que notre Conseil d'Administration affecte, le moment venu, à l'amélioration du service rendu aux locataires, mais également aux programmes neufs, aux opérations de réhabilitation ainsi qu'au renouvellement urbain.

Si cette entreprise va mieux, c'est bien évidemment grâce à l'aide de nos partenaires et particulièrement la ville de Grenoble que je tiens à remercier. C'est aussi grâce au travail considérable réalisé en interne par les administrateurs, l'équipe de direction et l'ensemble du personnel. Enfin, cette santé retrouvée est à mettre à l'actif d'un faisceau de mesures gouvernementales favorables au logement social et dont l'OPALE a su tirer le meilleur parti. Je fais ici référence à l'allégement de la Taxe Foncière sur les Propriétés Bâties en Zones Urbaines Sensibles, à la baisse de la TVA et au rallongement de la durée de remboursement des prêts.

Je souhaite conclure en évoquant la construction neuve et le renouvellement urbain. En 2000, l'OPALE aura compté pas moins de 292 logements neufs en chantier. Cette même année, 130 logements neufs auront été livrés. Le renouvellement urbain s'est traduit par la démolition de 66 logements dans la barre Thomas à Mistral. Au total, la réhabilitation aura concerné près de 1 400 logements du parc de l'Opale.

Voilà rapidement esquissé le bilan 2000. [...]

Après ce bilan, permettez moi de vous communiquer quelques mots des perspectives pour l'avenir.

Depuis le mois de juin dernier, le nouveau Conseil d'Administration de l'OPALE s'est mis en place. Avec toute l'équipe nous avons l'ambition d'aboutir, d'ici à la fin de l'année ou au plus tard au début de l'année prochaine, à la définition d'un projet de développement pour éclairer les 6 prochaines années. Ce projet viendra bien sûr décliner la commande politique de la Ville. Il devrait en bonne logique, s'articuler autour de 4 axes majeurs :

Ce sont ces quatre champs d'intervention qui constituent le corps du programme de l'Opale que j'ai proposées au Conseil en juin dernier. Quatre axes qui mobilisent l'ensemble des acteurs de l'entreprise et qui s'inscrivent dans la continuité du travail réalisé depuis 1995. Nous avons la ferme volonté de poursuivre l'action entreprise en poussant plus loin encore l'avantage de l'OPALE pour accroître son efficacité en offrant un parc plus étendu à Grenoble et sur le territoire de l'agglomération, en améliorant la qualité des services offerts aux locataires : qualité environnementale des logements et légitime droit à la sécurité tout en garantissant la pérennité de l'entreprise par une gestion rigoureuse.

Dans le but d'améliorer la qualité des services offerts aux locataires, depuis près de deux ans, l'ensemble des professionnels de l'office et les représentants des locataires se sont engagés dans une "Démarche Qualité" particulièrement ambitieuse. Elle aboutira à la fin de l'année sur la production d'une "Charte Qualité" qui déclinera 8 engagements très concrets :

  1. la propreté des parties communes,
  2. le traitement des demandes et réclamations,
  3. la qualité des logements mis sur le marché,
  4. la concertation,
  5. la communication,
  6. l'accueil,
  7. les mutations
  8. la fidélisation des locataires les plus anciens.

Cette démarche de progrès, sur laquelle j'aurais l'occasion de revenir dans les prochains mois, témoigne de la professionnalisation continue de cet organisme.

Pour ce qui concerne la qualité environnementale de nos programmes immobiliers, vous ne serez pas surpris que je demande à l'activité maîtrise d'ouvrage de l'OPALE de s'inscrire résolument dans le champ du "développement durable" et plus particulièrement de la "Haute Qualité Environnementale". Le Congrès HLM qui s'est tenu récemment à Toulouse en a fait son thème principal. Ce n'est pas un effet de mode, il s'agit bien là d'un écho à un mouvement de fond qui trouve son point d'origine dans l'aspiration grandissante des habitants à vivre dans des logements sains et sobres en consommation d'énergie et d'eau.

Les programmes réalisés récemment à Meylan et à Seyssins, mais aussi à Grenoble avec l'ambitieuse réhabilitation de Châtelet 3, ont ouvert la voie. Je souhaite que nous allions plus loin encore, en engageant une réflexion pour systématiser l'approche HQE dans toutes les opérations neuves sur Grenoble et son agglomération.

En conclusion, en ce début de mandat, je propose la concertation et l'échange avec toutes les composantes du Conseil Municipal, majorité et opposition, afin d'approfondir la réflexion sur le devenir du logement social à Grenoble et dans l'agglomération, au cours de rencontres qu'avec le bureau du Conseil d'Administration, nous solliciterons avant cette fin d'année.