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Les opposants à l'autoroute A51 voyaient arriver l'enquête publique sur le tronçon central col du Fau-La Saulce, dit "massacreur du Trièves", sur le mode du pessimisme actif.
Et puis...
Ils avaient ainsi décidé que la FRAPNA 1 Isère et la COJAM 2 joueraient le jeu de la procédure démocratique que devrait être l'enquête publique, et qu'elle a si rarement été dans le passé (rappelons que pour le tronçon Varces-Col du Fau, 85 % des avis exprimés sur les registres d'enquête étaient opposés au projet. Au vu de la suite, de quoi douter de l'utilité des enquêtes publiques, dont la réforme a été depuis si longtemps promise). Pas d'opérations commandos sur les registres, donc : obstinément ils travaillaient sur les argumentaires, échafaudaient des calendriers de réunions publiques, dans le Trièves, à Grenoble, continuant d'espérer qu'un jour l'information et la conscience citoyenne feraient reculer l'absurdité et l'avancée des intérêts particuliers à court terme.
France Nature Environnement, relayant la demande de la COJAM, avait le 23 mars demandé la saisine de la Commission nationale du débat public (CNDP), instaurée par la loi Barnier. On pouvait donc considérer comme illégale le démarrage de l'enquête publique le 10 juin, qui n'aurait du intervenir qu'après l'avis de cette commission. Une loi mort-née de plus, rejoignant dans les oubliettes de la démocratie l'article 14 de la loi d'organisation des transports intérieurs ? C'était fortement probable.
Et puis ce fut la dissolution, le changement de majorité, les démarches d'associations et d'élus auprès des tout nouveaux ministres de l'aménagement et de l'environnement, des transports et de l'équipement. Et la décision, à peine espérée, qui tombait la veille de l'ouverture de l'enquête publique, ajournant celle-ci.
Au delà du légitime soulagement procuré par cette belle victoire d'étape, on n'a pu noter, de la part des opposants à l'autoroute, aucune réaction triomphaliste du type "ON A GA-GNE !"
Des années de lutte dans l'incertitude ont mûri les coeurs et les analyses. Le pot de terre sait qu'il reste presque tout à faire pour l'emporter durablement -définitivement ?- sur le pot de fer. Tout à faire, pour les associations concernées, c'est :
Tout cela, très vite :
L'annulation récente de la déclaration d'utilité publique de l'autoroute A 400 (la trans-chablaisienne) par le Conseil d'Etat -pour des raisons économiques-, était l'hirondelle annonçant le printemps. Dans le paysage d'après le 1er juin les opposants-proposants ont maintenant à jouer activement leur partition pour que l'été soit fructueux.
Le Pot de Terre