Dossier démocratie locale · Construire la démocratie

Un pouvoir de quartier !

Au plus proche de notre quotidien, le quartier doit pouvoir aider la démocratie locale à s'épanouir.

Définir un quartier ?

Il faut dix années pour se sentir partie prenante de son quartier, pourtant la vie sociale commence à l'entrée d'escalier, dans notre rue. Elle est favorisée par des chemins piétons existants, des commerces, des parcs ou promenades, des parkings agréables ou non, des arrêts de bus, des ascenseurs, terrains de boules, de jeux de foot...

Elle dépend aussi des institutions locales : école primaire, garderies, MJC, centre social, associations, services... C'est dans cet univers, hors celui du travail, que l'on apprend à vivre ensemble, à établir des rapports de connivence ou d'indifférences calculées, à s'approprier ou non les espaces de proximités.

La proximité génère un brassage qui permet la naissance de réseaux d'affinités. Un autre trait est le rapport de distinction qui est en chaque habitant. Confronté à des modes de vie ayant des traits communs comme les logements, les contraintes de transport, l'usage d'équipements collectifs, l'ambiance... le quartier devient une unité de distinction.

Un dernier trait est la capacité de mouvement. C'est la capacité d'évolution du quartier et celle des habitants à l'assumer. En général la curiosité des habitants sur leur quartier est forte, ils veulent connaître ce qui va modifier le brassage et la distinction du quartier.

La limite géographique d'un quartier n'est pas facile. Sur Grenoble : les Géants, le Village Olympique se sont érigés par le brassage ; Malherbe, l'Abbaye par le mouvement ; les Eaux claires, l'Ile Verte par la distinction

Sans une action volontariste le quartier aura tendance à se réduire à sa plus simple expression.

Les trois "traits" décrits peuvent être une méthode de définition d'un quartier, et de sa politique de développement en corrigeant les tendances constatées de ces traits.

Une mobilisation durable ?

Une mobilisation, dans un quartier, est-elle durable ?

Partout des habitants se sont investis de façon importante pour mutualiser l'activité d'enfants, ou un équipement. Aujourd'hui, c'est souvent une catégorie qui met en place une pratique et réclame des moyens pour la développer. Il y a des démarches plus construites autour d'associations mais rarement un support de toutes les caractéristiques de vie d'un quartier. La mobilisation est, souvent, parcellaire, l'élargissement peut être le fait d'associations ou d'institution.

Une activité de jeunes peut être reprise par l'école, la MJC, la bibliothèque ou une association de copropriétaires.

La même demande, dans un autre quartier, fait l'objet d'un conflit, amplifié par les relais locaux. Cela provoque un renforcement de la mobilisation qui, si elle débouche positivement, constitue un point d'identité souvent fort.

Politiquement, il faut "gérer" ces mobilisations. On est tenté en tant qu'élu de provoquer des mobilisations qui se font sur des sujets trop généraux pour révéler des participations actives. Par contre les sujets simples, qui sont en capacité de les créer sont évités : modification d'un tracé de route, d'un parc, d'un parking. Le processus est technique et les habitants doivent affronter un "bouclage" technique et des délais de réalisation.

Quelles institutions dans un quartier ?

Les institutions doivent refléter les contradictions soulevées, aider les habitants à la confrontation des vues parcellaires, sans étouffer les velléités de mobilisation. Le quartier devient un terrain d'exercice de pouvoir local, de facilités d'expression des habitants, un lieu de débat sur les finalités de l'obligatoire vie en commun. Il faut des institutions coopératives à géométrie variable, pour éviter une sous mairie qui n'intéresserait que les "grands électeurs" qui y siégeraient.

Cela pourrait être un comité de pilotage de quartier animant des comités de travail et notamment un comité consultation et participation des habitants (forum, chèque citoyen).

Ces comités facilitent le dépôt des projets et remarques des associations et élus de la commune et organisent une permanence mensuelle pour les habitants.

Ils produisent des règles de participation, et des projets motivés (coûts, réalisation, modalités, priorités).

Le comité de pilotage produit un cadre de développement du quartier soumis à décision du conseil municipal. Il assure le contrôle du programme retenu. Il agit par consensus des élus, associations siégeant et actives dans le quartier pour délibérer des motivations des projets et des modes de consultation de la population du quartier. Il dispose de moyens financiers et de ressources issues des services techniques de la mairie.

Des quartiers ouverts

  1. Avoir une vue claire sur l'évolution des traits du quartier et de la manière dont on souhaite développer certains d'entre eux.
  2. Avoir une politique de management des mobilisations du quartier, en se défiant de toute restriction du brassage entre habitants et générations. Un lieu, réservé aux jeunes, crée un frein au brassage, et fait porter les contradictions de la cohabitation sur l'institution.

Il faut veiller à l'ouverture des quartiers (utilisation réciproque de lieux, parrainages) pour participer à l'édification d'une politique municipale.

C'est en s'appuyant sur les politiques de développement des quartiers et leurs synergies que l'on trouvera les échelons pertinents pour les opérations de régulation sociale et de développement de la cité.