Funeste vendredi à la Métropole, trois discriminations : la Ville de Grenoble, l’Écologie, la Parité femmes/hommes

Publié le 25 juillet 2020

Cette séance publique, regardée sur nos écrans, permettait d’observer quelques réalités indignes d’un pays démocratique, d’une métropole démocratique.

La séance qui devait commencer à 14 h, a commencé un peu plus tard ; il faut du temps pour que 119 personnes s’installent dans un grand espace inhabituel, avec beaucoup de nouveaux élus mais moins de nouvelles élues.

L’ancien président de la Métropole dit un mot d’ouverture et laisse la place au doyen de séance, l’écologiste Georges Oudjaoudi. Tout un symbole durant ces quelques heures à venir. Il était perceptible que la séance ne serait pas de tout repos, mais à ce moment-là, nous spectateurs-trices à distance, étions confiants que la raison l’emporterait sur les passions. La composition du conseil de la métropole issue des nouvelles élections reflétait clairement comme le précédent une majorité de Gauche et Ecologiste, conformément au vote des habitants du territoire.

Le président de séance a introduit la séance en rappelant les évolutions des 6 dernières années et en traçant le chemin qu’il restait à parcourir pour que la protection de l’environnement, de la biodiversité, plus de justice et d’égalité s’installent sans oublier la démocratie qui doit prévaloir pour une collectivité qui ne peut encore pas bénéficier du suffrage universel.

Nous arrivons à la présentation des candidats à la présidence du Conseil métropolitain, et d’un non candidat.

La présentation du candidat sortant a été faite sur un ton particulier. Parcours méritant du fils d’ouvrier né à la Mure, brillantes études pour devenir professeur d’université et chercheur au laboratoire de glaciologie et physique de l’environnement. Puis arrive un candidat de « En Marche », qui fait lui aussi, tout un discours sur son beau parcours de réussite de chef d’entreprise, qui veut redonner la chance à Grenoble de redevenir une capitale de la réussite industrielle ; tout ça pour nous dire qu’il ne se présentera pas, mais se désiste pour Christophe Ferrari. On se dit « tout ça pour ça », mais à quoi a servi ce discours connu de la « réussite économique à tout prix » ? 

Enfin une femme présente un candidat pour la liste « Une Métropole d’Avance », l’Ecologie et la Solidarité. Ensuite arrive un candidat de droite, maire d’une commune de montagne, qui souhaite garder la beauté paisible des paysages de Chartreuse d’abord pour ses habitant-es, mais indique aussi la nécessité du développement du dynamisme économique de Grenoble.

Le décor était planté, TSG (Tout Sauf un Grenoblois). Question d’habitude dans cette métropole, qui n’a vu qu’une seule fois et pour peu de temps, un élu grenoblois prendre sa présidence.

Il n’est donc pas question d’avoir un candidat de gauche et écologiste. Pourtant les électeurs métropolitains ont clairement indiqué qu’ils souhaitaient voir une inflexion forte en direction de ces valeurs de solidarité, de justice sociale et d’écologie se mettre en actes concrets dans la vie quotidienne de tous les habitant-es de la métropole.

Qu’il s’agisse d’un ou d’une grenobloise ou d’un ou d’une élu-e d’une commune de la métropole, pourquoi une interdiction absolue d’être élu-e grenoblois-e pour prétendre à cette responsabilité ? Que ce ou cette président-e ne soit pas systématiquement un candidat-e de la ville centre à chaque mandature est une évidence, mais que ce soit un interdit absolu, n’a pas de sens, sinon celui de discriminer cette ville centre, dont tous les métropolitain-es bénéficient pourtant des services de centralité. Cela indique aussi, surtout qu’il faut préserver ces querelles des habitant-es des villes et des habitant-es des champs. Diviser pour régner, c’est un principe vieux comme les débats politiques depuis la Grèce antique. Pourquoi Grenoble Métropole n’arrive pas « à faire métropole » ? C’est peut-être le sujet le plus important !

Que l’on soit de Grenoble, d’Echirolles, de Vizille, de Champ sur Drac, du Gua, de St Egrève ou de Noyarey, quelle importance ? Cela empêche-t-il de s’inventer une métropole commune tout en préservant nos spécificités ? Et non pas maintenir le vieux Sieparg du siècle dernier, organisation qui servait de « guichet » pour développer son « projet », sans se soucier des préoccupations des communes voisines et de leurs difficultés. Nous devrions en être à revoir comment mieux organiser cette instance et réajuster les transferts pour améliorer la vie des habitan-es au quotidien. Au lieu de cela, nous en sommes encore au stade du chacun « entre ses pancartes » !

Concernant l’écologie, les mots écologie et protection de l’environnement furent beaucoup prononcés dans tous les discours, « des mots, rien que des mots »… La majorité sortante de Grenoble en a non seulement parlé, mais a posé des actes forts et la nouvelle majorité a proposé de poursuivre ce projet avec une détermination renouvelée, sous d’autres formes encore plus ambitieuses.  Il ne suffit pas de mettre le mot écologie et d’indiquer qu’un « projet Mur Mur » doit être fortement développé, pour se voir décerner un brevet de bonne conduite de réalisations concrètes de transition écologique. L’écologie et la protection de l’environnement, c’est une politique globale qui se décline dans toutes les politiques publiques initiées par les élu-es : développement des transports,  de l’alimentation saine et accessible à toutes et tous, en faveur d’une protection de la santé, d’accès à l’eau, aux énergies propres par des services publics, de logements pour tous, d’accès à l’éducation, à la culture, au sport, et dans le cadre d’une politique de la ville initiatrice de projets d’éducation populaire, encore plus fortement initiée dans les quartiers dits « QPV ». Nous n’avons pas entendu l’évocation de ces thèmes essentiels de la Solidarité et de l’Ecologie dans les discours ce vendredi. Avec le principe d’une politique écologique, le débat démocratique et surtout largement participatif, est non seulement indispensable, mais obligatoirement associé. Assurer une formation tout au long de la vie, pour faciliter la compréhension des grandes questions de société, de la vie sociale qui les entourent, ce sont les bases élémentaires de l’Education Populaire, premier élément d’une volonté réelle et sincère de l’émancipation des citoyen-nes.

Enfin, il y a une troisième discrimination, LA PARITE Femmes/Hommes. Comment peut-on en arriver à une telle insuffisance de la représentation femmes/hommes dans toutes les instances représentatives électives ? Bizarrerie de nos institutions qui font des textes, mais oublient toujours le détail, qui permet de contourner la loi électorale au profit des hommes de pouvoir. Nous en sommes à un stade inachevé d’une véritable démocratie locale.

Durant cette séance, nous avons entendu les voix de 2 femmes, et celles de 10 ou 12 hommes ! Ceux-ci pas avares de péroraisons pour exprimer avec un sérieux qui n’a d’égal que leur sentiment de puissance innée, parfois des évidences, quelques aberrations ou pire leur passé « soi-disant glorieux ». Et comme disait un ancien maire socialiste de Grenoble, « il ne suffit pas d’affirmer pour être dans le vrai ».

L’impression donnée par cette assemblée très masculine, était celle d’une cour d’école élémentaire de garçons, en concurrence à qui serait celui qui parlerait le plus longtemps, le plus fort ! Peu ou pas d’intervenants n’ont réellement proposé un réel projet d’avenir de cette Métropole, qui en a pourtant bien besoin. Et au final ce fut un triomphe sans gloire, puisque nous avons assisté à un vote majoritaire composé des voix de la droite conservatrices, En Marche et pire du Rassemblement National. Triste moment !

Durant les interruptions de séance, qui permettaient d’aller respirer, on ne pouvait que se demander, mais pourquoi des femmes de tous bords politiques ne se manifestent-elles pas pour demander aux « garçons » de nous faire connaître des projets politiques d’avenir pour Grenoble Métropole, en les illustrant d’exemples, comme accéder réellement à l’Egalité Femmes/Hommes dans toutes les politiques publiques, mises en œuvre et sur tout le territoire de Grenoble Métropole ?  Les femmes qui manifestent si souvent pour faire cesser ce machisme permanent. Elles encore, qui ont depuis si longtemps, défendu le droit de vote, puis la parité dans les instances électives. Ces femmes engagées au quotidien qui apportent régulièrement des points de vue différents, principalement dans la mise en œuvre des politiques publiques, vendredi soir, elles n’ont rien dit de leur perception sur ce qui se déroulait sous leurs yeux et en leur nom ! Durant cette séance des hommes n’ont cessé de prendre la parole pour enfoncer des portes ouvertes, et surtout se répéter à l’envie. On aurait tellement apprécié qu’une femme au nom de beaucoup d’autres, ait rappelé que nos valeurs socles républicaines, Liberté, Egalité, Fraternité et Sororité puissent s’appliquer. Il est probable que des temps de paroles Femmes/Hommes plus équitables, apporteraient une plus grande sérénité et une plus grande hauteur de vue dans les débats de cette instance et de beaucoup d’autres !

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