Nucléaire

Non à l'EPR !

Le lobby pronucléaire fait le forcing pour faire adopter rapidement le principe de construction en France d'un nouveau réacteur nucléaire, appelé EPR (european pressurized water reactor). Pourquoi est-il important de contrer cette offensive ?

Qu'est ce que l'EPR et à quelle logique répond-il ?

En 1974, le gouvernement français adopte, sous la pression d'un important lobby, un programme très ambitieux de production d'électricité à base de réacteurs à eau pressurisée (REP). En 1977, le premier réacteur diverge à Fessenheim. Prévus pour une durée de vie d'environ 25 à 30 ans, il apparaît possible de les faire durer 40 ans, ce qui permet de faire baisser fortement le coût du kWh, et renvoie le remplacement des premiers réacteurs vers 2015.

L'EPR a été conçu par Framatome et Siemens comme devant remplacer les REP. Ses caractéristiques sont : sûreté accrue par la réduction de la probabilité de fusion du coeur, limitation des rejets radioactifs en cas d'accident et limitation des doses aux personnels. La puissance était fixée à 1750 MWe, et la durée de vie prévue de 60 ans. Pour que le coût reste compétitif, la puissance a été augmentée, mais elle sera diminuée vers 1500 MWe pour des raisons de sûreté.

Il n'y a donc pas de saut technologique, mais seulement une amélioration de la filière existante. Adopter l'EPR, c'est figer la politique énergétique pour tout le 21ème siècle : cela mérite d'y réfléchir et de prendre son temps.

Une autre logique à mettre en avant

Il faudrait définir une politique énergétique au niveau européen et mondial pour le long terme, avec comme contraintes : économiser l'énergie, priorité aux énergies renouvelables, lutter contre l'effet de serre... Avec un développement économique permettant à tous les hommes de vivre dignement partout sur la planète. Des études existent, montrant qu'il est économiquement possible d'envisager à long terme des politiques énergétiques pour un développement durable sans recours au nucléaire 1. La difficulté c'est d'imaginer la transition sur un siècle environ, et de s'y préparer.

L'avenir du nucléaire

Conçue comme énergie de transition, le nucléaire n'a aucun intérêt et que des inconvénients. Son acceptabilité sociale suppose résolues des questions pour l'instant sans réponses, notamment :

Dessin

Pas de débat alibi

Jospin a promis un large débat avant de prendre une décision sur l'avenir du nucléaire, c'est bien mais insuffisant. L'accord Verts-PS prévoyait un moratoire sur le nucléaire, on n'entend plus le PS sur ce point. Le moratoire donne la crédibilité au débat : il faut que toutes les options soient examinées à égalité, donc hors des pressions du lobby nucléaire.

De plus, il ne semble pas envisageable de restreindre le débat à la France, car contrairement aux années 70, il n'est plus possible de vouloir mener une politique autarcique contre le reste du monde. Notre politique énergétique doit se débattre à l'échelle européenne. Economiquement, il serait plus prudent de faire appel à des solutions à moyen terme, moins dévoreuses en capitaux que le nucléaire, mieux acceptées socialement ; afin d'avoir la liberté de choix pour préparer le long terme, qui va exiger des investissements dans de nouvelles filières énergétiques et dans les économies d'énergie.

Il est donc urgent de laisser l'EPR dans ses cartons.

De notre correspondant scientifique

Lire aussi nos communiqués de presse à propos du nucléaire et de Superphénix


1 Voir par exemple les études du scénario NOE de B. Dessus