L'ADES, le nucléaire, superphénix et la presse

Communiqué de presse du 26 avril 2000
Par les élus de l'ADES

Demande d'une enquête sur le mensonge du lobby nucléaire concernant les conséquences sanitaires des retombées de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl dans notre région

Les élu-e-s écologistes du mouvement Démocratie, écologie et solidarité (ADES) ont participé activement à la dénonciation du mensonge du lobby nucléaire et des autorités de l'Etat lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl du 26 avril 1986.

Un des porte-parole actuels de ce lobby n'est autre que le chef de cabinet de M. CARIGNON à la mairie de Grenoble en 1986 (M. Jacques-Emmanuel SAULNIER, aujourd'hui porte-parole du PDG de la COGEMA).

Il a fallu attendre plus de dix ans pour que le Gouvernement, sur la pression des élus écologistes, demande une étude épidémiologique à l'Institut de sûreté nucléaire (IPSN : www.ipsn.fr).

Les données actuelles démontrent que la contamination est particulièrement élevée dans notre région Rhône-Alpes, là où le nuage de Tchernobyl est censé ne jamais avoir existé, aux dires des autorités irradieuses de l'époque.

Même si les doses reçues par la population ne sont pas très élevées, elles se sont accumulées avec celles des autres retombées radioactives, et sont particulièrement nocives, même à faibles doses, pour la thyroïde des enfants en particulier. Or aucun suivi épidémiologique n'a été sérieusement engagé à ce sujet.

La situation est évidemment bien plus grave en Biélorussie, Russie et Ukraine, où le secret d'Etat a été organisé : absence de suivi des personnes touchées, censure de l'information sur les dizaines de milliers de "liquidateurs" décédés des suites des doses radioactives reçues, absence de déplacement des populations encore présentes par centaines de milliers dans les zones contaminées.

Les plus récentes données démontrent que la catastrophe de Tchernobyl a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, et des centaines de milliers de personnes, particulièrement les enfants, sont touchés par des maladies aggravées par la radioactivité. C'est ainsi que les cancers de la thyroïde des enfants ont été multipliés par 100 dans certaines régions.

Parce que ces risques sont inacceptables, nous avons obtenu l'arrêt de Superphénix, qui, comme le réacteur de Tchernobyl, présentait la particularité de pouvoir être l'objet d'un accident de "criticité prompte" par emballement de la réaction nucléaire.

Parce que, dans la région du sud-est de la France qui est une des régions les plus nucléarisées du monde, ces risques nucléaires nous concernent particulièrement et concernent nos générations futures, nous agissons pour la mise en place d'un programme de sortie du nucléaire en France, comme en Suisse, en Italie, en Suède...

La France est le seul pays au monde qui concentre autant d'usines et de sites nucléaires. Une mobilisation croissante s'oppose à l'enfouissement des déchets radioactifs, "cadeau" irresponsable aux générations futures. Il nous faut empêcher le projet d'incorporation d'une contamination radioactive "diluée" dans les objets métalliques (casseroles, voitures) promue par le lobby nucléaire pour éliminer à faible coût des résidus radioactifs, ceci en complète contradiction avec le principe de précaution.

Après l'arrêt du coûteux, dangereux et inutile surgénérateur Superphénix, les écologistes prônent un autre avenir énergétique, basé sur la maîtrise des consommations et la production décentralisée. Ce modèle, déjà à l'oeuvre dans de nombreux pays, est créateur d'emploi et de développement local.

Pour mettre en place cette alternative au tout nucléaire, les élus écologistes agissent au quotidien, comme les initiatives que nous avons prises à Grenoble qui ont permis de réduire les consommations des équipements municipaux grenoblois ; les économies d'énergie et d'eau atteignent 10 % de la consommation de 1995, soit un gain de 5 M.F. chaque année pour le budget municipal.

Pour sortir de l'emprise du lobby nucléaire C.E.A. - EDF - Suez-Lyonnaise des eaux-Tractebel, nous demandons que le débat parlementaire sur l'énergie ait enfin lieu et nous soutenons les reconversions engagées par le C.E.A. et EDF dans les énergies renouvelables et la cogénération.


Extraits du rapport de l'IPSN, Tchernobyl 14 ans après, avril 2000

Cette contamination, sous forme de taches localisées dans le sud-est de la France (Alpes et Vallée du Rhône), continue à être étudiée activement par l'IPSN afin de mieux connaître les facteurs qui influencent la formation et l'évolution de ces taches.

[....]

Les reliefs de l'Est de la France (les Vosges, le Jura, les Alpes et la Corse), soumis entre le 1er et le 5 mai 1986 à des précipitations importantes supérieures à 30 mm, ont été fortement touchés par les retombées de l'accident de Tchernobyl.

1. Les principaux résultats concernant les conséquences radiologiques et dosimétriques de l'accident de Tchernobyl en France

Dépôts et "activités surfaciques rémanentes" en 1986

A l'exception des gaz rares et des radionucléides de période radioactive très courte, les principaux radionucléides qui se sont déposés sur le sol lors du passage du nuage de Tchernobyl étaient les suivants : césium 137 (137Cs), césium 134 (134Cs), ruthénium 103 (103Ru), ruthénium 106 (106Ru) et iode 131 (131I). Entre 65 à 85 % des dépôts ont eu lieu par temps de pluie. L'estimation des dépôts ("Activités Surfaciques Rémanentes" (ASR)) sur les sols agricoles par département a été établie à partir des mesures effectuées dans les sols, le lait et les légumes-feuilles en 1986. Les résultats montrent qu'il existe une diminution des ASR d'Est en Ouest, définissant quatre zones, la plus contaminée s'étendant à l'Est d'une ligne Gard / Moselle.

Activités des productions agricoles, des produits naturels et de l'eau de boisson

Les concentrations de césium et d'iode radioactifs dans les produits agricoles ont atteint des maxima immédiatement après les dépôts, puis ont décru avec des dynamiques variables.

L'administration de fourrages récoltés au printemps 1986 a pu faire remonter légèrement les concentrations pendant l'hiver 86-87. Les activités massiques ont ensuite diminué (quelques Bq/kg dès 1987). La décroissance a été plus lente dans le sud-est que dans le reste du pays. Pour l'iode 131, dans la même zone, les concentrations moyennes ont pu atteindre plusieurs centaines de Bq/kg mais la décroissance a été bien plus rapide, avec une période effective d'environ 5 jours.

Dans les deux cas, la décroissance a été très rapide (quelques Bq/kg en 137Cs et disparition de l '131I dès juillet 1986). Pour les autres végétaux, les concentrations ont été plus faibles, mais la dynamique de décroissance plus lente, notamment pour les fruits, en raison du stockage du césium dans le bois des arbres. Actuellement, toutes les concentrations se trouvent en dessous de celles mesurées avant l'accident.

Ponctuellement, elles peuvent encore dépasser la limite de commercialisation de 600 Bq/ kg, fixée par le règlement du Conseil des Communautés Européennes du 30 mai 1986, pour gérer les Conséquences de l'accident de Tchernobyl.

Communiqué du 28 octobre 1997
signé conjointement par l'ADES et le groupe des élus ADES à la Mairie de Grenoble

L'arrêt définitif de Superphénix, expérience coûteuse, dangereuse
et inutile : une décision responsable pour nos enfants

Nous sommes solidairement responsables des décisions issues du suffrage universel. L'arrêt définitif et la fermeture de Superphénix ainsi que le débat national sur l'énergie sont des engagements qui ont été soumis au suffrage universel en 1997 : les Français ont élu une majorité de gauche et écologiste à l'Assemblée nationale.

Le document vert intitulé "Changer d'avenir" (voir note), distribué à des millions d'exemplaires avant le deuxième tour des législatives de 1997, témoigne de ces engagements préalables :

Nous considérons donc que l'abandon de Superphénix est une décision concertée et responsable. Nous en sommes solidaires. C'est nous qui avons porté le débat public avec la population, à la commission locale d'information et dans les instances où nous sommes représentés, suscité des expertises pluralistes dans les conseils municipaux, au conseil régional, à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. La Cour des comptes a confirmé que Superphénix est une expérience coûteuse et inefficace (60 milliards). La Direction de la sûreté des installations nucléaires a démontré que c'est une installation dangereuse. Les faits (dix mois de fonctionnement équivalent pleine puissance en dix ans, de nombreuses avaries graves) montrent qu'elle est inutile.

Nous avons été les premiers, en 1990, après plusieurs avaries graves de la centrale nucléaire, à demander que la Caisse nationale de l'énergie prenne en charge la reconversion du site et le versement de la taxe professionnelle aux collectivités environnantes.

La période de démantèlement est une procédure longue et complexe qui suppose le maintien de l'emploi. Les travailleurs d'EDF et de l'ENEL mis a disposition de la NERSA, dont le statut est garanti, seront ensuite reconvertis dans des activités d'avenir de ces établissements (cogénération, énergies renouvelables, économies d'énergie). L'installation dénucléarisée peut servir de centrale à gaz naturel. La reconversion du bassin d'emploi vers des activités durables est l'oeuvre de tous. Avec le même argent public il est possible de créer 8 fois plus d'emplois.

Nous savons, après le vote unanime des conseillers généraux de droite, socialistes et communistes du conseil général de l'Isère le 27 octobre 1997 demandant au gouvernement de "réexaminer ce dossier", que seuls les mouvements et les élus écologistes et alternatifs sont à même de garantir les engagements pris pour l'avenir de nos enfants et un développement durable, dans ce domaine comme dans d'autres.


Nous rappelons simplement que Superphénix est dangereux, coûteux et inutile :

Au-delà de ces débats techniques et juridiques, la preuve a en tout cas été faite maintes fois que cet engin ne sert à rien, puisque tout le monde s'en est très bien passé jusqu'à présent.


Par ailleurs, rappelons que l'accord entre le PS et les Verts prévoit : "Réorienter la politique énergétique en instaurant un moratoire sur la construction de réacteurs nucléaires et sur la fabrication du MOX jusu'en 2010, tout en augmentant fortement les crédits pour les économies d'énergie et les énergies renouvelables. Cette politique passe notamment par la fermeture de Superphénix, la réversibilité du stockage des déchets nucléaires en rééquilibrant les crédits de recherche par application réelle de la loi Bataille. Le retraitement à La Hague sera revu, ce qui suppose une surveillance accrue du site et un nouvel effort de recherche. En outre, aucun nouveau contrat de retraitement ne sera souscrit. Le vote d'une loi sur l'énergie aura lieu au plus tard en 2005."

Communiqué du 25 octobre 1997
Du groupe des Verts et apparentés à la Région Rhône-Alpes, auquel appartient Raymond Avrillier

Motion à la Région sur Superphénix :
D'accord pour un débat sur la diversification énergétique !

Les élus écologistes au Conseil régional ont rejeté la motion présentée par l'UDF, le RPR, les Noiristes avec le soutien du FN concernant Superphénix.

Cette motion est un "Non à la fermeture de Superphénix" et les intervenants demandent un débat sur cette question.

Nous avons proposé un sous-amendement (rejeté) à la motion des droites indiquant notre souhait d'un débat concernant les conséquences du démantèlement de Superphénix et l'avenir de la filière nucléaire en France et la diversification énergétique.

La filière nucléaire s'est développée en l'absence de débat politique préalable notamment à l'Assemblée Nationale. Les gouvernements successifs se sont borné à avaliser les décisions des "techniciens" d'EDF.

- Depuis 20 ans les écologistes mènent le débat sur la politique énergétique au sein de toutes les instances : les Commissions Locales d'Information, le Conseil régional à notre arrivée en 1992, l'Office Parlementaires d'Évaluation des Choix scientifiques, et avec la population.

Depuis 3 mois, les partisans de Superphénix demandent un débat sur l'énergie. Ce sont les mêmes qui ont toujours refusé la discussion sur la politique énergétique et qui ont essayer de bloquer les projets d'énergies renouvelables.

Nous avons porté le débat devant les électeurs puisque nous sommes la seule formation politique qui propose un programme en matière d'énergie autre que les simples incantations convenues à l'indépendance de la France.

L'accord de programme gouvernemental, signé entre les Verts et le PS, court et clair (2 pages), indique explicitement le démantèlement de Superphénix. Les citoyens ont porté à l'Assemblée des élus pour appliquer ce programme. Reprocherait-on aujourd'hui au gouvernement d'appliquer la politique pour laquelle il a été élu ?

Dans le cadre d'un programme nécessaire de reconversion, nous demandons qu'une attention particulière soit portée sur les conséquences de cette décision en matière d'emploi. Nous soulignons que le démantèlement d'un équipement comme Superphénix requiert beaucoup de travail durant plusieurs années.

Communiqué du 8 octobre 1997

Pour l'Association Démocratie-Ecologie-Solidarité - ADES, la question du redémarrage de Superphénix ne se pose plus. L'arrêt définitif en a été décidé par le gouvernement en application du programme présenté devant les électeurs lors des élections législatives. L'ADES soutient les dispositions prises par Mme. Dominique VOYNET, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire, pour examiner toutes les conséquences de cet arrêt (sociales, économiques, financières et sur la sécurité des populations) et les alternatives à développer à l'avenir.

La mise à l'arrêt et le démantèlement de cette installation, dans des conditions de sécurité maximum, va induire pendant de longues années des activités favorables à l'emploi.

Le chantage à l'emploi que certains brandissent actuellement n'a pas lieu d'être. Toutes les énergies doivent converger pour aider la région de Creys Malville à réussir ce redéploiement, qui devrait lui permettre de prendre un nouveau départ pour un développement équilibré et durable.