Nucléaire

Restons vigilants

L'accident du 30 septembre 1999 à Tokaï-Mura au Japon n'est pas le premier dans ce complexe nucléaire. Le 11 mars 1997 une explosion et un incendie avec fuite de produits radioactifs avait contaminé 37 employés. Les responsables de l'usine avaient déjà tenté de dissimuler les conditions exactes de l'accident. Il y a quelques mois, les autorités de sûreté (NSC) avaient autorisé le redémarrage de l'usine, estimant qu'il n'y avait plus de problème de sûreté dans le centre ! Par contre les autorités locales n'étaient pas d'accord pour que l'usine reprenne son activité industrielle, car les enquêtes n'étaient pas terminées et les populations très opposées. Il va sans dire que ce nouvel accident très grave démontre des carences très inquiétantes dans le programme nucléaire japonais. Le manque d'organisation de la sûreté, de vigilance et de transparence est un grand danger pour la sécurité des travailleurs et des populations. Une opinion publique informée et critique est la première condition d'une bonne sûreté dans les risques technologiques majeurs.

Ceci doit maintenir notre vigilance, notamment par rapport à Superphénix, dont le déchargement du coeur ne commencera qu'au début 2000, suite à un incident (un de plus !) sur un matériel permettant le déchargement. Tant que le coeur n'est pas déchargé et le sodium neutralisé, les risques potentiels restent importants.

Lors du conseil municipal de Grenoble du 18 octobre, Vincent Fristot, au nom du groupe ADES, a proposé un voeu à transmettre au Secrétariat d'Etat à la santé pour que la distribution de pastilles d'iode à la population grenobloise soit organisée. Ce voeu, qui n'a pas été adopté, indiquait :

"A Grenoble, le site du polygone scientifique comporte 11 installations nucléaires de base, 10 au CENG (Mélusine INB19, Siloé INB 20, Siloette INB 21, LCAC INB 60, LAMA INB 61, STED INB 36-79, INB S, Stockage d'uranium enrichi INB 62, Labo d'Irradiation INB 76, stockage déchets de très haute activité INB 79), l'Institut Laue Langevin (INB 67) ainsi que des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE).

Le Secrétariat d'Etat à la Santé a annoncé en 1996 que "la distribution d'iode stable auprès des populations situées à proximité immédiate des installations nucléaires s'avère indispensable et sera mise en oeuvre prochainement en France." A ce jour, aucune mesure de ce type n'a été mise en place à Grenoble.

La distribution préventive de pastilles d'iode ne constitue qu'une des actions nécessaires à la protection des habitants. Par exemple, le Plan particulier d'intervention (PPI) relatifs aux installations nucléaires de Grenoble devrait être diffusé aux habitants, actualisé et testé régulièrement en y associant les équipes et les moyens d'intervention.

Etant donnée la géographie particulière de notre agglomération, où en cas d'accident les vents dominants pourraient rabattre vers la ville d'éventuels rejets contaminés, le conseil municipal demande au Secrétariat d'Etat à la Santé et au représentant de l'Etat dans le département, que la distribution des pastilles d'iode stable concerne la totalité des habitants de Grenoble et qu'elle soit menée dans les plus brefs délais."

De notre correspondant scientifique