Conseil municipal du 20 novembre 2000
Débat d'orientation budgétaire
2001
Intervention de Pierre Kermen, président
du groupe des élus ADES, Démocratie, écologie, solidarité
Ce débat d'orientation est difficile à
aborder car des incertitudes pèsent sur ce budget
- Ce projet de budget 2001 sera mis en oeuvre par
une nouvelle majorité issue des élections de mars 2001,
- Le compte administratif 2000 sera approuvé
avant fin juin 2001 par cette nouvelle majorité municipale et les
prévisions budgétaires pour l'année 2000 restent incertaines
en l'absence de ce CA qui seul fait état de la réalité.
Et pourtant ce débat d'orientation pour
le budget de l'année 2001 ne doit pas être virtuel. Il devrait
permettre d'évaluer le chemin parcouru dans notre volonté
commune de restaurer les politiques publiques, que les Grenoblois ont souhaité
que l'on mette en place, et les marges de manoeuvre financières de
notre ville que nous avons pu dégager.
Arrêtons-nous également sur des problèmes
de méthode :
- Si les années se suivent, les documents
d'orientation budgétaire qui sont présentés par le
maire et l'adjoint aux finances ne se ressemblent pas ! N'essayez pas de
comparer les évolutions d'année en année, de comparer
les documents de travail présentés devant le conseil municipal,
cela est très difficile et rien n'est fait manifestement pour faciliter
un suivi pratique des évolutions financières de la ville
par les conseillers municipaux, par les assemblées délibérantes
et décisionnelles ! Nous le regrettons vivement et nous y reviendrons.
Ce budget est particulièrement contraint.
Et en ce sens nous n'adoptons pas le même ton que le maire et l'adjoint
sur les questions financières de la ville.
Non la ville de Grenoble n'est pas sortie des contraintes
fortes qui pèsent sur notre action publique, bien au contraire, d'autres
contraintes apparaissent aujourd'hui en particulier du fait de nos relations
avec la Métro.
Les élus de l'ADES identifient quatre contraintes
majeures :
- Tout d'abord un haut niveau d'endettement,
ainsi cette année encore la ville empruntera plus qu'elle ne peut
rembourser en capital (page 18 : si la ville rembourse 127 à 130
M.F. en capital, elle en emprunte 145 à 150). Depuis le budget 2000,
(sur lequel les élus
de l'ADES se sont abstenus en particulier du
fait de l'ajout de 86 M.F. d'endettement supplémentaire au profit
de la SEG, SGEA et la Lyonnaise), la ville s'endette désormais de
15 à 25 M.F. supplémentaires, chaque année. Cette
reprise de l'endettement nous le disons ici n'est pas souhaitable. Nous
verrons même plus loin dans ce conseil qu'il nous est proposé
de rallonger les durées d'emprunts, donc leur coût, pour y
faire face.
En effet la reprise de l'endettement risque à terme de faire peser
de lourdes charges à ceux qui, demain, dans un an ou deux, dans
une nouvelle majorité, voudrons faire d'autres choix avec les citoyens
pour la ville de Grenoble et ses habitants. Nous avons l'obligation commune
de laisser une ville en bonne situation financière.
Ce qui est sûr en tous cas, même si nous avons des divergences
d'appréciation sur la situation financière de notre commune,
c'est qu'il n'y pas de comparaison entre l'ardoise laissée par Carignon
et le travail réalisé par notre majorité !
- Il faut prendre réellement en compte
les besoins en personnel
Les élus de l'ADES ont demandé une prise en compte réelle
des besoins en personnel, ce qui semble être le cas ici . Nous disons
depuis 3 ans que l'augmentation prévue de 3% par an n'est pas une
réalité mais que c'est bien plus, pour assurer le maintien
de l'effectif.
Le bon bilan social des services (j'en profite pour remercier la direction
générale et le personnel du travail engagé) démontre
la nécessité de développer une politique de ressources
humaines plus dynamique, plus prospective et plus sociale. La ville devrait
montrer plus l'exemple dans le partage du travail, la mobilité interne,
la mise en oeuvre avec ses personnels un PDE, plan de déplacement
d'entreprise, de collectivité, pour favoriser des déplacements
alternatifs à la voiture, l'accès aux emplois municipaux
pour les personnes handicapées.
La formation reste un outil indispensable pour répondre aux motivations
d'évolution de carrière du personnel communal. A ce titre
le gouvernement ne considère pas encore le personnel des collectivités
comme il le devrait. Le plan de résorption de la précarité
de Michel Sapin n'intègre pas assez les conditions particulières
de l'emploi communal. Nous devons poursuivre cet effort d'intégration
des personnels qui sont dans des situations contractuelles précaires.
Enfin nous devons respecter notre engagement à pérenniser
les emplois jeunes qui ont permis d'ouvrir d'autres métiers, de
répondre à d'autres besoins. On peut citer ici le travail
des gardes verts qui assurent une réelle mission de service public
dans les parcs et jardins de notre ville. Nous avons une inquiétude
quand à cet objectif de pérennisation des emplois jeunes
dans les associations
- Maintenir le cap de l'investissement réellement
utile
Nous avons donné la priorité à l'effort d'investissement
dans le grand programme de petits travaux. C'est l'un des acquis de notre
majorité. Il faut maintenir le cap ! ne pas céder d'une part
aux sirènes des grands travaux de prestige et tenir ferme face à
des offres anormalement hautes de certaines entreprises dans certains dossiers
d'appel d'offre de la ville de Grenoble. L'absence de rappel à l'ordre
des autorités publiques nous inquiète profondément.
La reprise de l'investissement est une bonne chose pour la ville, ses habitants
et pour l'emploi. Cependant nous sommes aujourd'hui dans des contraintes
financières telles qu'en ouvrant notre exercice budgétaire
nous avons d'ores et déjà au minimum 132 M.F. engagés
pour l'année 2001 au titre des autorisations de programme déjà
décidées, ce qui est une bonne chose, mais on le voit la
ville aura des difficultés pour engager de nouveaux grands projets.
C'est une raison supplémentaire de faire de bons choix utiles socialement
et écologiquement. Donner la priorité au service public de
proximité, faire une pause sur les grands chantiers pour revenir
aux travaux, en particulier l'accessibilité, le gros entretien et
l'amélioration du patrimoine et de l'existant, les économies
d'énergie, les pistes cyclables dont les budgets sont pris par la
Métro, les zones 30 km/h qu'il faut réaliser comme le demandent
les habitants et les
élus de l'ADES. Sur ce point le groupe
des élus de l'ADES a écrit au maire qu'ils souhaitaient une
programmation de réunions pour réaliser des zones 30 km/h.
Nous n'avons toujours pas été entendus.
- L'évolution des ressources fiscales
très incertaine
- La taxe d'habitation
L'impôt sur les ménages n'augmentera pas. En effet la fiscalité
locale de la taxe d'habitation est injuste et inégale socialement.
Si le taux augmente ce sont les ménages les moins fortunés
qui en subissent de plein fouet la charge.
Le nombre d'habitations nouvelles est faible par rapport à l'existant.
Dès lors la ressource de la taxe d'habitation restera limitée
dans son évolution.
Des ressources fiscales en provenance de la Métro incertaines.
- La taxe professionnelle
Désormais perçue par l'agglomération et compensée
aux communes cette TP évolue par un lissage vers le taux unique
de 20,95%. C'est une bonne chose mais il n'y aura pas d'évolution
sur les taux avant la stabilisation du système assez complexe mis
en place. L'évolution de la ressource fiscale est donc dépendante
de la seule évolution des bases de taxe professionnelle à
l'exclusion des salaires.
- La dotation globale de fonctionnement
La dotation pour les communautés d'agglomération s'élève
à 250 F par habitant. Soit 70 M.F. supplémentaires garantis
pendant deux ans. Une situation favorable qui tranche avec les 60 F par
habitant précédemment. Mais favorable pour faire des choix
en particulier, faire plus de politique communautaire.
Hélas, les élus de l'ADES l'avaient indiqué clairement
lors du débat sur le passage en communauté d'agglomération,
ici et à la Métro : il n'y pas assez de volonté politique
pour faire plus de politique communautaire, c'est à dire un transfert
réel des compétences et des personnels vers la Métro.
La droite et le PC préfèrent s'enfermer dans le pré-carré
communal tandis que le PS continue dans la stratégie d'arrangement
des équilibres politiques dans l'agglomération.
Et pourtant l'évolution du coefficient d'intégration fiscale
(CIF) (c'est à dire les charges de la Métro rapportées
à celles de l'ensemble des communes de l'agglomération) fera
que demain il y aura ou non une augmentation de la Dotation globale de
fonctionnement.
Les élus de la Métro sont en panne de projet politique. La
politique de la ville est une politique qui peine à démarrer
vraiment avec un budget de 5 M.F. de fonctionnement et 5 M.F. d'investissement.
Cette situation fait qu'aujourd'hui si la ville de Grenoble peut bénéficier
d'un reversement par la Métro d'une dotation de solidarité
de +11,5 M.F. (19 M.F. moins 3,5 M.F. déchets urbains, moins 4 M.F.
"emprunt Sivom"), elle ne percevra que près de 4 à
5 M.F. par an par la suite, et la Métro n'aura même pas les
moyens de remplir réellement ses compétences.
En conclusion
D'ores et déjà le budget 2001 de
la ville de Grenoble a absorbé en totalité cette participation
exceptionnelle du passage en communauté d'agglomération sans
pour autant développer de politique nouvelle (si ce n'est la proposition
d'une subvention supérieure destinée au CCAS)... et sans réduction
des impôts.
Les élus écologistes sont très
inquiets de cette situation financière où en définitive,
les charges de la ville centre augmentent, les ressources de la fiscalité
stagnent, la dette de la ville de Grenoble augmente à nouveau.
Plus que jamais à Grenoble et dans l'agglomération,
dans les années qui viennent faire de la politique obligera à
faire des choix !
Un principe que les écologiste de l'ADES
défendent ardemment depuis le début de ce mandat.