Conférence de presse des élus Démocratie-Écologie-Solidarité
le 20 mars 97

Politique d'immigration, politique d'intégration

Au moment des événements les plus marquants du mouvement des "sans-papiers", les élus Démocratie-Écologie-Solidarité ont manifesté clairement leur soutien à ces personnes ; ils se sont également associés aux protestations contre la loi Debré sur le contrôle des immigrés et de leurs hôtes.

Mais la lutte contre le racisme et les xénophobies est aussi quotidienne, et s'inscrit dans une analyse plus large du débat étranger/citoyen, et des rapports Nord-Sud : c'est pourquoi nous souhaitions rappeler quelques réalités importantes sur ce dossier, ainsi que nos propositions, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 20 mars à la mairie.

Nous avons décidé de faire ce point sur l'immigration et sur l'intégration à un moment où tous les citoyens -partis, syndicats, associations, élus et militants de terrain- doivent retrouver la parole et très vite le chemin de l'action, notamment sur ces sujets où l'on dit que la place a été laissée vide de toutes propositions crédibles.

L'ADES, par sa composition historique de militants de terrain, s'exprime clairement sur ce dossier d'envergure nationale, à partir de sa pratique locale.

Politique d'immigration

L'état des lieux

Nous dénonçons certaines idées qui rassemblent un consensus parce qu'elles sont présentées comme des évidences indiscutables ; nous les trouvons fausses et dangereuses.

La lutte contre l'immigration clandestine est communément présentée comme centrale pour un gouvernement sérieux. Or, l'immigration clandestine est un phénomène secondaire, d'abord par son volume : parmi les salariés illégalement embauchés, 10% seulement sont des étrangers en situation irrégulière (sans titre de travail), et leur effectif diminue d'année en année.

D'autre part, il y a confusion entre effet et cause ; aucune mesure votée ou discutée jusqu'à présent depuis les années 80 n'a résolu le problème de l'immigration clandestine, pour la raison que ses véritables causes n'ont pas été attaquées : ni la misère et les guerres dans les pays d'origine des immigrés, ni les circuits de passage (transfert organisé des étrangers), de logement et d'emploi de ces travailleurs clandestins par des patrons dans notre société. Ces patrons entretiennent d'ailleurs d'autant plus facilement l'impression de leur impunité, que les "tricheries" sont courantes à un haut niveau (sociétés off shore, faux rapports d'étude...)

La deuxième idée reçue que nous battons en brèche prétend qu'"on ne peut pas accueillir toute la misère du monde". Or, c'est bien loin d'être le cas puisque l'immigration vers la France a décru régulièrement depuis 1974 ; le nombre de personnes entrant chaque année est constant, il représente un taux de 0,4% annuel. En 15 ans (depuis 75), on enregistre seulement 275 500 immigrés de plus en France. En ce qui concerne les demandeurs d'asile, la France occupe une place très modeste dans l'ensemble des demandes d'asile adressées à l'Europe : en 1995, nous avons reçu moins de demandeurs que les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, et environ 6 fois moins que l'Allemagne.

Les lois Pasqua de 93 et Debré de 97, renforcées par les accords européens de Schengen durcissent très fortement les conditions d'entrée des étrangers non européens. En mettant en place des mesures telles que la récente loi Debré, la droite au pouvoir se dépêche de chasser sur les terres de l'extrême-droite pour gagner les élections de 1998.

Les autres partis ne semblent pas dépasser jusqu'à présent les stratégies électoralistes et ne font aucune proposition de fond sur cette question.

Les élus de l'ADES rappellent bien-sûr leur opposition à l'ensemble de la loi Debré de 1997. Au niveau local, à Grenoble, au quotidien, ils avancent des propositions.

Les propositions

Nous proposons la mise en place de conseils municipaux associés.

Nous réaffirmons notre choix d'accorder le droit de vote aux résidents étrangers pour les élections locales, nous fondant sur le fait qu'ils sont des contribuables et des usagers comme les autres des services de la collectivité.

Ces propositions sont à l'étude, à l'initiative de Bernard Macret, Conseiller municipal délégué à l'immigration, dans le groupe de travail interassociatif qu'il a créé. Nous veillons à l'amélioration des conditions de délivrance des certificats d'hébergement.

Politique d'intégration

L'état des lieux

Nous sommes passés, depuis 20 ans, d'une immigration de main-d'oeuvre à une immigration de peuplement ; dans le même temps, la mutation du monde ouvrier et le chômage massif ont modifié le paysage social . Les repères traditionnels de l'entreprise servaient de schéma intégrateur ; maintenant, la société "à deux vitesses" se montre particulièrement accablante pour les étrangers et les gens d'origine étrangère.

Parallèlement l'espace public dans la ville s'est organisé selon un schéma qui concentre les populations sans travail, les populations les plus pauvres dans certains quartiers.

Au sein de ces populations, les immigrés et les français d'origine étrangère sont plus nombreux et touchés de plein fouet par la crise de notre société.

Nos propositions

Il nous paraît très important d'agir ici, à notre niveau sur tous les aspects que nous avons évoqués et de rester en alerte, fidèles à nos engagements, pour un travail de fond sur la durée, et non pas conjoncturellement.