Accessibilité de la ville

Ce qu'il faut maintenant faire

Lorsqu'en Juin 1995, nous avons été élus, nous militants de l'ADES, avec le parti socialiste et GO 1, c'est bien notre mouvement qui portait les principales aspirations concernant les personnes en situation de handicap. Cela ne tenait évidemment pas du hasard. L'ADES, et sa composante alternative dont j'étais, réclamait bon nombre de réformes sociales. De par ma situation de personne handicapée, ma candidature illustrait une volonté politique qui dépassait les bonnes intentions habituelles. Enfin j'apportais avec moi vingt ans de militantisme associatif et un réseau de compétences et de projets.

J'insistais pour que ma délégation politique soit "à l'accessibilité de la ville", et non pas "auprès des personnes handicapées" ; pour bien signifier que d'une part il s'agissait d'abord d'une politique dont l'urbanisme occupait une place centrale dans les futurs projets (voirie, logement, équipements publics) ; et que d'autre part cette action, que nous voulions déterminante et exemplaire, intéressait plus largement, et au delà des personnes handicapées, les enfants, les personnes âgées, toutes les personnes dites à mobilité et perception réduites, dans une démarche d'amélioration de la qualité de vie.

Grenoble avait connu par le passé une période de politique globale en matière d'accessibilité, mais elle avait été abandonnée sous l'ère Carignon. Nous ne partions donc pas de zéro, mais il nous fallait néanmoins tout reprendre. Épaulé par un conseil en urbanisme, en relation étroite avec les associations représentatives, nous jetions toutes nos forces sur 3 axes prioritaires mais non limitatifs: un service, des budgets, des actions sur la voirie et les bâtiments publics.

Avec les modestes budgets alloués, nous avons réalisé beaucoup de projets : à la fin de ce mandat, la voirie municipale sera assez largement transformée. Beaucoup d'équipements publics commencent à améliorer leur accessibilité. La requalification du Cargo aura été jusqu'à présent exemplaire. Il conviendrait de citer bien d'autres réalisations, comme la mise en accessibilité de la ligne 1 de bus, le travail sur le POS 2, l'étude sur le logement public accessible, etc.

Nous aurons aussi agi au-delà de la transformation du cadre de vie puisque nous aurons inauguré en matière de démocratie participative, en organisant une sorte de commission extra-municipale avec les associations, mais aussi la création des Journées pour l'égalité des chances. Je suis particulièrement heureux de notre initiative innovante du lancement du concours d'idées en architecture sur le thème : "ouvrir le patrimoine à tous".

Dès lors, on peut légitimement dire que, sous notre impulsion, notre majorité a su mener une politique active dans le domaine de l'accessibilité de la ville. Néanmoins, agir pour le mieux vivre des personnes en situation de handicap, c'est aussi prendre en compte leurs besoins en matière d'éducation, d'emploi, d'aide à domicile. Et dans ces domaines si fondamentaux, nous avons fait bien peu de choses.

Les blocages et les inerties que nous avons rencontrés au sein de notre majorité ne s'expliquent pas seulement par l'argument-prétexte que ces domaines ne relèvent pas directement de la compétence municipale. Au niveau des grands choix il aura manqué assurément un souffle, une conviction pour aller plus loin. Et là, le malaise s'insinue : comme s'il y avait un élu handicapé, qui se démenait pour la cause, avec ses modestes budgets, alors que la "grande politique" s'occupe d'autre chose....

Mais, si l'on songe que depuis quatre ans que nous dirigeons cette ville, les trois quarts des magasins nouveaux ou rénovés sont encore inaccessibles, le malaise grandit, car ne pas pouvoir agir dans ce domaine crucial du contrôle d'accessibilité, c'est tout simplement renoncer à établir les fondations de notre projet global. Et là encore, malgré des points positifs tout reste à faire.

Sans conteste, nous aurons réussi, au cours de ce mandat, de véritables avancées en matière d'accessibilité de la voirie, des transports et des équipements publics. Ce qui constitue une avancée politique non négligeable. Pour autant, les personnes handicapées ne peuvent chanter victoire. Trop de projets n'ont pu prendre leur essor.

Soyons clairs : je n'assumerai pas davantage les blocages et les atermoiements de notre majorité dans deux domaines : l'emploi municipal des personnes en situation de handicap et le contrôle d'accessibilité des équipements publics. Nous pouvons et devons avancer dans les 18 mois qui viennent sur ces deux registres afin de respecter nos engagements.

Pour le reste, il s'agira de rouvrir ces chantiers dans une étape ultérieure, avec cette fois une volonté et une ardeur davantage partagées.

François Suchod

Lire notre dossier "accessibilité"


1 GO : Grenoble objectif citoyenneté
2 POS : Plan d'occupation des sols