Les universités grenobloises dénoncent l'accord Millon/FN


Charte pour les universités de Rhône-Alpes
Lettre aux membres de la communauté scientifique et universitaire de Rhône-Alpes du 15 octobre 1998
* Appel à la communauté universitaire de Grenoble
* Université Joseph Fourier Grenoble 1, le 25 mars 1998
* Université Pierre Mendès-France Grenoble 2, le 14 mai 1998
* Université Stendhal Grenoble 3, le 25 mai 1998
* Déclaration de la Conférence universitaire Rhône-Alpes (CURA), le 4 juin 1998
* Collectif interuniversitaire de Grenoble : contacts

Charte pour les universités de Rhône-Alpes

Face au danger que représente l'intervention du Front National dans la gestion de notre région, le collectif inter-universitaire de Grenoble estime nécessaire de réaffirmer les valeurs fondamentales de l'Université :

L'Université reçoit un financement pour ses actions de formation, de recherche, de documentation et d'échanges entre citoyens de toutes origines. Ces actions sont indispensables à la société.

L'Université définit elle-même ses politiques de formation, de recherche et d'échanges avec ses partenaires librement choisis. Elle combattra toute remise en cause de son autonomie. Son projet est le partenariat, l'ouverture aux activités internationales, ce qui est incompatible avec les idées développées par le Front National.

L'Université est une cible privilégiée des pouvoirs fascisants qui s'attaquent toujours en priorité à la pensée et à la culture. Le racisme, la xénophobie et le culte du chef ont amené et amènent toujours des catastrophes humaines.

L'Université a récemment subi les conséquences du choix de l'exécutif de Rhône-Alpes de gouverner la région avec l'appui d'un parti xénophobe et raciste. Elle condamne toute stratégie visant à porter au pouvoir de telles idées.

Suivant ces convictions de l'action universitaire, nous nous engageons à n'accepter de subventions que si les libertés d'expression, d'enseignement et de recherche sont garanties pour tous et que les principes fondamentaux de l'Université sont respectés.

Le collectif inter-universitaire propose de mettre cette charte en tête de tous les dossiers de demandes de subventions, de rapports de contrats de recherche, déposés par des universitaires au conseil régional.

Grenoble, le 10 décembre 1998.


Lettre aux membres de la communauté scientifique et universitaire de Rhône-Alpes - Tract Intersyndical

Madame, Monsieur,

Vous n'ignorez certainement pas que les Rencontres Régionales Rhône-Alpes de la Recherche doivent se tenir a Lyon le 3 Novembre 1998. Cette manifestation offre une occasion de rencontre entre les différents partenaires de la communauté scientifique régionale et bénéficiait, de ce fait, d'une image très positive chez les chercheurs et les universitaires qui forment cette communauté.

Cependant, ces Rencontres, qui sont organisées par la Région Rhône-Alpes, sont également, pour cette collectivité territoriale, une "vitrine" lui permettant de promouvoir la politique de recherche qu'elle compte soutenir.

Or, des événements graves se sont produits récemment, au niveau régional, qui concernent cette politique et qui affectent l'image de la région. Le Conseil Régional, lors de sa séance du 24 juillet 1998, a refusé de s'engager dans un accord contractuel avec une Université de la Région (Université Louis Lumière- Lyon II), sur des critères qui n'avaient rien de scientifique. Ce refus illustre la situation dans laquelle s'est place l'exécutif de la Région Rhône-Alpes en acceptant les voix du Front "National" et en se plaçant ainsi en situation d'otage vis-à-vis de ce parti.

Cette situation nous parait suffisamment grave pour entraîner une réaction de toute la communauté scientifique de la Région. Il importe de savoir que les présidents des Universités de la Région, ainsi que les directeurs des Ecoles d'Ingénieurs membres de la CURA (Conférence Universitaire Rhône-Alpes), ont décidé de boycotter cette initiative en signe de solidarité avec l'Université de Lyon II.

Nous invitons tous les responsables d'unités de recherche, et en particulier ceux qui dépendent des grands organismes nationaux de recherche présents sur la région (CNRS, INSERM, CEA, INRA, etc.), a s'associer à ce boycott et nous appelons tous les personnels à soutenir cet appel auprès de leurs directions et de leurs représentants régionaux.

Grenoble, le 1er octobre 1998
Lyon, le 15 octobre 1998

Premiers signataires : SNTRS-FERC Sup-CGT - SGEN-CFDT du Rhône - SNCS-FSU - SNESup-FSU- SNIRS-CGC - Collectif ENS contre le FN et coll


Collectif interuniversitaire de Grenoble :
Appel à la communauté universitaire de Grenoble

L'élection de Charles Millon le 20 mars à la présidence de la Région Rhône-Alpes, avec l'appui du Front national, pose de très graves questions aux citoyens de la région, et notamment à la communauté universitaire dont nous faisons partie.

Cette situation s'est aggravée avec l'élection des vice-présidents de commissions et du rapporteur général du budget, Hugues Petit, enseignant à la faculté de droit de l'Université Pierre Mendès France-UPMF, tous membres du Front national.

Le Collectif des personnels des universités de Grenoble, réuni le 9 juin 1998 à l'institut d'études politiques (IEP) a décidé de diffuser largement les motions votées par les Conseils scientifiques et les Conseils d'administration des universités grenobloises et la déclaration de la Conférence universitaire Rhône-Alpes (CURA).

Il propose de poursuivre cette action à la rentrée universitaire en organisant en octobre une journée d'informations, de débats et de témoignages (la date sera fixée en septembre).


Université Joseph Fourier Grenoble 1

Nous, scientifiques Rhône-Alpins, nous élevons avec force contre votre élection comme Président de la Région Rhône-Alpes avec les voix des conseillers régionaux du Front National. Par cette compromission vous acceptez de partagez de fait les thèses inadmissibles du Front National, entre autres inégalité des races, xénophobie, négation du génocide juif pendant la seconde guerre mondiale, ce que nous ne pouvons tolérer, ni à titre de scientifiques, ni à titre de citoyens.

Nous espérons, Monsieur, qu'en ces heures décisives, vous saurez retrouver le chemin de la raison et de la dignité en démissionnant de ce poste. Par notre activité professionnelle, nous sommes des représentants de la Région Rhône-Alpes en France et à l'étranger. Après les accords que vous venez de passer avec le Front National pour vous faire élever à la présidence, nous porterons désormais cette appartenance à la Région Rhône-Alpes comme une honte.

Conseil Scientifique, le 25 mars 1998
Motion adoptée par 13 voix avec 4 abstentions


Université Pierre Mendès-France Grenoble 2

Les choix, jour après jour plus engagés, faits par l'exécutif de Rhône-Alpes de gouverner la Région avec l'appui et la collaboration d'un parti xénophobe et raciste obligent la communauté universitaire à rappeler :

Aussi, appelle-t-elle l'ensemble des universités et grandes écoles de Rhône-Alpes ainsi que l'Ecole Nationale Supérieure de Fontenay- Saint Cloud et les universités des régions confrontées aux mêmes alliances politiques à réaffirmer solennellement les mêmes principes et à :

  1. Tout mettre en oeuvre pour que leurs pratiques d'enseignement et de recherche ruinent ce qui alimente rejets extrémistes et racistes.
  2. Développer une vigilance accrue quant à toute dérive de la politique culturelle d'enseignement et de recherche de leur Région.
  3. Ne s'engager dans aucune collaboration ou projet avec leur Région qui porterait atteinte aux principes fondamentaux de l'Université.
Motion approuvée à I'unanimité par  :
Le Conseil scientifique, le 14 mai 1998 
Le Conseil d'administration, le 16 mai 1998
Le Conseil des études et de la vie universitaire, le 2 juin 1998


Université Stendhal Grenoble 3

A l'attention de Charles Millon, Président du Conseil Régional Rhônes-Alpes

Le Conseil d'Administration de l'Université Stendhal tient à exprimer sa condamnation la plus ferme de la décision que vous avez prise, lors de la séance du Conseil Régional du vendredi 20 mars 1998, d'accepter l'apport des voix des élus d'un parti, le Front National, que son programme raciste et xénophobe, sans parler des provocations régulières de son président, place en dehors du jeu démocratique. En acceptant le soutien du Front National, vous cédez à une facilité politicienne, à laquelle vous avez remarquablement résisté jusqu'à présent, facilité qui vous déshonore et qui suscite des réactions légitimes de colère et de honte dans notre milieu universitaire. En procédant ainsi, vous mettez gravement en danger les rapports de confiance et d'estime réciproques que le Conseil Régional a su susciter sous votre présidence et sous la vice-présidence d'Alain Mérieux, pour ce qui concerne les questions d'enseignement supérieur et de recherche.

En temps normal il n'est pas dans les habitudes ni dans les prérogatives de notre conseil de nous adresser ainsi à vous. Mais votre décision, en banalisant encore plus un parti qui n'est pas un parti comme un autre, est lourde de conséquences pour les idées que nous considérons comme les fondements mêmes, non seulement de notre institution universitaire, mais de la civilisation et de la culture françaises : elles s'appellent égalité, tolérance, fraternité, respect des autres et de leurs cultures, liberté et démocratie. Notre silence serait complicité.

Nous vous demandons solennellement de revenir sur votre décision, de démissionner de cette présidence obtenue dans la honte et de revenir devant les grands électeurs en récusant tout soutien d'un parti qui s'inscrit en opposition aux principes mêmes de la République Française.

Motion du Conseil d'administration, votée à I'unanimité le 25 mai 1998


Déclaration de la Conférence universitaire Rhône-Alpes (CURA)

Le 20 Mai, la Commission Permanente du Conseil Régional a refusé d'attribuer les bourses régionales de formation. Cette décision nous parait extrêmement inquiétante, à plusieurs titres :

C'est pourquoi, nous demandons le maintien de ce dispositif pour l'avenir, et insistons sur l'urgence d'attribuer ces bourses avant fin juin, selon les propositions du Jury.

Nous rappelons que ce jury a eu à examiner les résultats de l'appel d'offre de la Région auprès des établissements et des étudiants Rhône-Alpins au terme d'un travail de préparation de plusieurs mois qui a mobilisé les étudiants, leur famille et les services des établissements et de la Région. Le blocage des bourses régionales de formation à l'étranger est à nos yeux une première conséquence de la situation politique qui s'est insaturée à la Région.

Nous sommes très inquiets de la persistance d'une situation donnant un rôle clé à un parti dont le programme est une grave menace pour l'action de la Région Rhône-Alpes en matière d'enseignement supérieur et de recherche et d'ouverture internationale.

Nous rappelons que le Président du Conseil Régional s'est engagé, dans un courrier qu'il nous a adressé le 23 avril, à "poursuivre la collaboration existante et à la prolonger, dans le strict respect des princi pes et des valeurs qui ont guidé l'action de l'Exécutif Régional jusqu'à ce jour ".

Nous savons que lors du vote du budget, le groupe Front National du Conseil Régional a proposé un fort désengagement budgétaire de la Région en matière d'enseignement supérieur, de recherche et de culture en particulier. Il s'est ensuite réjoui publiquement de la décision intervenue en matière de bourses. D'autres difficultés sont à craindre sur d'autres dossiers, selon la même logique.

Nous demandons donc instamment au Président de la Région de prendre toutes ses responsabilités politiques pour tenir ses engagements et pour que la situation actuelle avec ses conséquences ne perdure pas.

Lyon, le 4 juin 1998

Les Présidents et Directeurs d'établissements d'enseignement supérieur et de Recherche de la Région Rhône-Alpes, réunis le mercredi 3 juin 1998


Collectif interuniversitaire de Grenoble - Contacts

U 1 : François GRANER, spectrométrie, 04 76 51 47 74, francois.graner @ujf-grenoble.fr

U 2 : Hélène GALLAND, documentation IEP, 04 76 82 60 20, galland@iep.upmf-grenoble.fr

Pierre KUKAWKA, CERAT, IEP, 04 76 82 60 81, pierre.kukawka@upmf-grenoble.fr

U 3 : Bernard FLORIS, Institut de la communication et des médias, 04 76 82 77 85, floris@u-grenoble3.fr

CNRS : Jean Jacques PREJEAN, Polygone, 04 76 88 12 09, prejean@labs.polycnrs-grenoble.fr

CEA : Miguel AUBOUY, 04 76 88 35 77, maubouy@cea.fr