Débat d'orientation budgétaire

Conseil municipal du 16 novembre 1998

Intervention de Pierre Kermen, Président du groupe Démocratie-Écologie-Solidarité (ADES)

Débat d'orientation budgétaire, de quoi parlons-nous ?

Le budget est un instrument au service de la politique municipale. La majorité se doit avant toute chose d'afficher ses orientations politiques et non simplement ses orientations budgétaires. Nous ne devons pas enfermer notre débat dans les chiffres.

En ce sens le document qui nous est présenté ce soir ne met pas assez en perspective notre projet politique.

Nous demandons toujours que la préparation budgétaire se fasse dans de meilleures conditions à l'intérieur de la majorité, en débat avec l'opposition et avec la population. Nous n'avons pas avancé suffisamment sur ce point depuis notre élection.

Le déficit de débat que nous vivons est à notre sens plus difficile à porter par la majorité que le déficit de l'épargne nette annoncée à - 20 M.F. pour 1999.

Pour notre part nous voulons rappeler notre engagement majoritaire

1) Améliorer la vie dans les quartiers

Entretenir, améliorer et développer les services et les équipements de proximité, faire travailler ensemble ces équipements et ses services, leur donner des moyens réels pour bien assurer les services aux habitants.

Reconnaître l'accessibilité comme le devoir d'accorder à chacun le bon usage de notre ville (facile et utile pour tous) dans notre vie de tous les jours (à l'école, comme dans nos centres sociaux, culturels et sportifs, auprès des jeunes et des plus anciens souvent plongés dans la solitude), avec des modes de déplacements sécurisés et non polluants.

2) Développer l'écologie urbaine

En protégeant notre santé contre les pollutions, en maîtrisant nos dépenses d'énergie et d'eau, en engageant notre ville dans le recul drastique de la voiture pour laisser plus de place aux mobilités douces (à pied et en vélo) et aux transports en commun, en maîtrisant l'aménagement et l'urbanisme, et en développant des équipements et des logements.

Selon nous le projet du tunnel sous la Bastille n'est pas cohérent avec notre projet majoritaire et ne respecterait pas la loi sur l'air et favoriserait la dévitalisation.

3) Développer une politique sociale, au profit de tous

Renforcer la politique municipale du logement. Ouvrir les écoles sur la ville, apporter une attention toute particulière à la petite enfance, aux personnes et aux familles touchées par la crise.

Lutter contre les exclusions, associer dans des commissions les résidents étrangers, donner plus de place aux expressions de la jeunesse. Les manifestations des lycéens ont montré les exigences d'une réelle écoute de la jeunesse qui sont les grandes victimes de la crise sociale et économique. Ne nous coupons pas de la jeunesse.

La méthode d'une majorité pluraliste

1) Une majorité pluraliste qui s'engage collectivement dans le débat et non une juxtaposition de positions

Nous regrettons les difficultés que nous connaissons ces derniers mois pour faire bien vivre le pluralisme. L'exigence de la gestion et du travail des présidents des quatre commissions ne doit pas se faire par l'abandon du travail de la coordination et du travail avec les présidents de groupe.

2) Renforcer la concertation, la démocratie dans la vie publique, le débat sur les propositions des élus, des habitants et des associations

Le citoyen est contribuable et réciproquement. L'unité budgétaire, c'est à dire la méthode qui ne distingue pas ses ressources et ne préaffecte pas à telle ou telle action, repose sur la notion de solidarité.

C'est parce qu'il y a aussi dans notre république solidarité du citoyen et du contribuable. Si nous n'associons pas les citoyens à nos démarches et nos projets ce sera demain le contribuable qui tentera de rompre la solidarité. Si le citoyen et le contribuable ne sont plus solidaires c'est la démocratie qui sera en péril.

En ce sens le refus du gouvernement de s'attaquer maintenant à l'application de la révision des valeurs locatives est un recul politique grave.

Nous voulons illustrer notre propos avec la réalité grenobloise. Informations issues du diagnostic fiscal que notre groupe a demandé à la majorité d'étudier.

Les moyens dont nous disposons pour mettre en oeuvre nos priorités communes

1) Renforcer un service public, reconnu de tous

Econome, maîtrisant son mode de vie, ses dépenses, capable d'évoluer et de suivre rigoureusement ses choix, disposant des moyens humains et techniques pour rendre les services à la population, dans une décentralisation de nos actions.

2) Une politique du personnel (création et redéploiement)

3) Un budget transparent qui accompagne notre politique d'aujourd'hui et qui n'handicape pas notre politique pour demain.

4) A notre sens la situation des finances de la ville reste très, très précaire.


Intervention de Claire Kirkyacharian sur la politique du personnel

Sur les orientations du budget primitif 99 concernant les ressources humaines, j'aimerais, au nom du groupe ADES, faire les remarques suivantes.

Avec une augmentation prévue de 2,78% (alors que nous avons discuté sur 2,88% en majorité) par rapport au budget 98 (et non au compte administratif, puisque nous ne pouvons pas encore le connaître), nous sommes obligés de faire des choix clairs :

Vous savez que le point de vue des écologistes et alternatifs est là-dessus spécifique : nous pensons que le développement des services publics, le développement durable et la solidarité -que l'Etat doit soutenir au titre de la solidarité nationale-, c'est à dire du fonctionnement pour parler budget, est une obligation que les collectivités doivent faire leur. Nous sommes pour garder le même effectif, pas seulement la même masse indiciaire.

Tout cela a bien sûr des conséquences sur notre politique du personnel : faire mieux avec les mêmes moyens suppose un redéploiement des compétences et des personnes. Nous manquons pour ce faire de lieu d'arbitrage, et nous avons encore eu cette année l'impression que les choix en matière de recrutement ne correspondaient pas à nos priorités, aux priorités de notre majorité municipale. La direction générale doit donc pouvoir librement travailler à plusieurs scénarios de recrutement en fonction de directives politiques claires et partagées.