Traitement des déchets urbains à la Métro

Après l'audit, les analyses et les propositions de l'ADES
7 mesures pour économiser 20 millions de francs par an

Conférence de presse du 23 février 1998

Introduction

Fidèles à notre conception du rôle des élus et de leur contrôle des services publics, nous avons initié la renégociation du contrat sur l'assainissement intercommunal qui a permis de faire économiser aux usagers 189 millions de francs. De même nous avons été à l'initiative de la demande d'audit sur les déchets urbains qui représentent un poste très important du budget intercommunal. Ces dernières années nous avons contesté fortement les investissements démesurés faits dans ce domaine. C'est au total une somme de 770 M.F. T.T.C. qui a été investie depuis 1988, pour l'essentiel sans mise en concurrence et à des coûts très supérieurs à d'autres réalisations semblables faites en France.

La Métro a décidé, suite à notre demande, de faire réaliser un audit. Cette étude a été confiée au BERIM malgré notre opposition, car étant lui même opérateur dans ce domaine le BERIM n'avait pas l'indépendance suffisante. Malgré ce handicap, l'étude est intéressante bien qu'incomplète : notamment elle n'analyse pas les investissements ni ne fait de comparaisons sérieuses avec d'autres installations. Par contre, elle regroupe des données dispersées jusqu'alors qui permettent d'avoir une idée plus précise des défauts du système actuel et indique des scénarios pour l'avenir.

Rappels des coûts d'investissements

En 1991, le cabinet d'étude Studelec affirme que les coûts qu'il propose correspondent à des "économies de 120 à 70 M.F." par rapport à la construction d'une deuxième usine, solution retenue jusqu'alors comme étant la seule valable et présentée comme la plus économe.

1991
propositions
de Studelec

Budget 1991

réalisé 1998
hors 1er centre de tri

réalisé 1998
avec 1er centre de tri

réaménagement du centre de tri

45 M.F.

47 M.F.

105,7 M.F.

144,8 M.F.
(105,7 + 39,1 M.F.)

construction d'un centre de compostage accéléré

20 M.F.

55 M.F.

101,5 M.F.

105,7 M.F.

rénovation, mise en conformité et optimisation de la capacité de l'UIOM1

 270 M.F.

 398 M.F.

 525 M.F.

 101,5 M.F.

Total

335 M.F.

500 M.F.

732,2 M.F.

771 M.F.

La dérive des coûts est très importante, d'autant que les chiffres 1998 ne sont pas définitifs.

Par comparaison, des réalisations globales de chaînes de traitement similaires à Cergy-Pontoise (180.000 tonnes) et Nantes (300.000 tonnes) ont coûté : 480 M.F. et 502 M.F..

Rappels des coûts de fonctionnement

Il existe trois contrats "d'affermage" entre la Métro et des industriels, auxquels il faut ajouter les charges de la Métro pour un peu plus de 2 M.F..

Traitement Concessionnaire

Echéance

Charges annuelles
pour la Métro

Tonnage annuel
Incinération Compagnie de Chauffage

2002

40 M.F.

116 000
Centre de tri RONAVAL (Générale des Eaux)

2014

29 M.F.

16 500 recyclées (papiers, cartons, aciers)
30 000 déchets ultimes (mâchefers et cendres d'épuration des fumées)
3 200 plastiques mélangés "réutilisés
2"
Compostage OTVD (Générale des eaux) -RONAVAL

 2008

 12 M.F.

6 800
Transports Lely

5 M.F.

 

Au total, 162 000 tonnes de déchets sont traitées chaque année .

En 1996 le traitement des ordures coûtait plus de 130 M.F., et la collecte 50 M.F. (hors subventions), soit au total 1.200 F/tonne, ce qui est très élevé.

Les conclusions les plus intéressantes tirées de l'audit

Les propositions de l'ADES

  1. Poursuivre l'expertise des comptes d'investissement et des exploitations
  2. Imposer des clauses de transparence de gestion dans les contrats et des pénalités si nécessaire
  3. Abandonner la fabrication de compost à partir des ordures brutes.
  4. Imposer la collecte sélective des papiers et cartons
  5. Supprimer la ligne de tri des ordures non triées
  6. Se poser sérieusement la question d'arrêter la filière actuelle de "valorisation" des plastiques
  7. Organiser une réflexion autour de la valorisation par méthanisation, des déchets verts, des boues issues de l'assainissement, du compost.

L'ensemble de ces mesures permettrait de faire une économie de 15% (20 M.F. annuels) sur les coûts globaux du traitement des ordures (130 M.F. de coût, collecte non comprise). Une partie de ces économies pourrait être affectée à l'amélioration de la collecte sélective, et à la collecte des déchets ménagers toxiques (ampoules, piles...) qui polluent les fumées et les mâchefers de l'incinération.

La Métro doit décider des choix dans les semaines qui viennent. Il faut que les élus fassent eux-mêmes le tri et que le recyclage soit vraiment celui des déchets .

Rappels

Nous avons initié le collectif d'élus et d'associations "Déchets urbains, appel urgent " qui, en 1988-1991 s'est opposé à l'installation d'une usine de fluff, sans mise en concurrence, à Noyarey, commune dont le maire à l'époque était M. Vincent Rivier. Cette installation a été refusée par le nouveau conseil municipal suite à la démission de M. Rivier. Nous avons proposé à cette époque une chaîne de traitement qui ne comprenne pas un troisième four d'incinération que nous estimions inutile (et c'est confirmé). Nous avons proposé une usine de méthanisation (refusée par MM. Carignon, Magnin, Névache et Cazenave).

Nous avons rendu public le rapport de la Chambre régionale des comptes en 1994 qui mettait en cause l'attribution, sans mise en concurrence, à OTVD du centre de tri en 1988, son mauvais fonctionnement et ses surcoûts.

Nous avons déposé (via Raymond Avrillier) des recours, toujours en instance devant le Conseil d'Etat, contre les décisions attribuant les marchés d'études à Inter-G/Studelec/Ingerop, et de réalisation de cette chaîne de déchets à la Générale des eaux sans mise en concurrence pour l'essentiel .


1 UIOM : Usine d'incinération des ordures ménagères, La Tronche
2 dans une usine privée de OTVD à Domène
3 SIEPARG : Syndicat intercommunal de l'agglomération grenobloise, devenu la Métro-Communauté de communes