Isergie : le point
La centrale de cogénération
électricité-chaleur sort de terre Avenue des Martyrs. Tout
est-il clair dans ce dossier ?
Initialement, Isergie était une société
d'économie mixte (SEM) créée sous Carignon. Elle est
devenue une société privée dont les actionnaires sont
les deux SEM GEG 1 et Compagnie de chauffage, et des filiales d'EDF et de
GDF.
Dans ce dossier l'ADES a toujours défendu
des principes clairs.
- Il est important de diversifier les sources d'énergie
et de décentraliser la production d'électricité. La
cogénération est une bonne solution quand il y a possibilité
d'utilisation de la chaleur sur place, ce qui est le cas de Grenoble qui
a le deuxième réseau de chauffage urbain de France.

- La solution adoptée ne doit pas nuire
aux contribuables, d'où l'abandon de la SEM que la Ville n'a pas
à recapitaliser, et qui évite la liquidation d'Isergie qui
aurait coûté environ 10 M.F. à la Ville. Isergie
rapportera de la taxe professionnelle à l'agglomération,
et de la taxe foncière à la Ville. Les chiffres précis
ne sont pas connus.
- La solution doit respecter l'environnement. Donc
Isergie doit se substituer à des moyens de production existants
plus polluants, notamment la chaudière au fuel du CENG 2.
Sur le bilan environnemental, nous condamnons la manière pour le
moins cavalière des décideurs d'Isergie dans les informations
données : elles sont presque toutes inexactes, voire mensongères.
A juste titre, le CLUQ 3 dénonce vigoureusement ce manque de rigueur. Les
estimations de l'ADES montrent que l'impact d'Isergie n'est pas défavorable
à l'environnement, tant que c'est le gaz naturel qui est utilisé
: il y aura plus de CO et de CO2 (gaz carboniques), mais moins de SO2 (souffre) et de NOx (oxydes d'azote).
Il faut donc qu'il y ait un engagement clair que d'autres combustibles
ne soient pas utilisés. Isergie s'est par ailleurs engagée
à ce que le bruit induit soit minime.
- La solution ne doit pas coûter aux usagers
du chauffage urbain et de GEG. Malgré nos demandes et celles du
CLUQ, il n'est pas possible de répondre par l'affirmative à
cette question. En effet, le bilan financier complet de l'opération
n'est pas connu, les estimations que l'on peut faire pour l'instant montrent
que la rentabilité de l'ensemble de l'opération sera très
tendue. La Compagnie de chauffage va moins utiliser certaines de ses anciennes
chaufferies, car Isergie fonctionnera à plein pendant toute la saison
de chauffage (jusqu'à 5.000 h par an, au lieu des 4.700 h prévues
initialement). Il s'ensuivra que le coût global d'exploitation de
la Compagnie de chauffage pourrait augmenter, mais dans quelle proportion ?
Il faudra être vigilant pour que le prix du chauffage urbain n'augmente
pas insidieusement à cause d'Isergie.
Il faut préciser qu'une solution alternative
qui consistait à mettre une chaudière au gaz (qui ne produirait
que de la chaleur, et pas d'électricité), à la place
de la chaudière du CENG au fuel, aurait entraîné une
hausse des coûts du chauffage urbain, car le gaz est un combustible
plus cher que le fuel. Avec Isergie, c'est la production d'électricité
au tarif cogénération qui permet de diminuer le prix de la
chaleur.
Manque de transparence
Le manque d'informations précises et de
transparence dans les coûts réels de cette opération
est inquiétant.
Le CLUQ a démontré ces derniers mois
que :
- l'impact sur l'environnement du rejet de CO2 serait 40 fois
celui annoncé. Même s'il reste faible, ce n'est pas une raison
pour ne pas faire les calculs correctement ;
- le bilan des rejets est faux, puisque calculé
pour une centrale de 25 MWe alors que la puissance est passée
à 32,4 MWe, sans aucune explication ;
- le coût global de l'opération était
minimisé, et donc que la rentabilité annoncée pouvait
être mise en doute.
Le CLUQ a obtenu que la Préfecture relance
la procédure d'autorisation d'exploitation, car il manquait dans
le dossier des éléments importants quant aux rejets autorisés !
L'ADES ne partage pas l'ensemble des critiques
du CLUQ sur cette opération, mais le rejoint sur l'absence d'informations
fiables sur un dossier important. Restons donc vigilants.
Lire nos autres articles sur ce
sujet :
1 GEG : gaz et électricité
de Grenoble
- 2 CENG : Centre d'études
nucléaires de Grenoble
- 3
CLUQ : Comité de liaison des
unions de quartier